Formation

2019, une année d’inertie en matière de formation ?

Le | Droit de la formation

Monétisation du CPF, transformation des OPCA en OPCO, nouveau système de financement… La réforme de la formation challenge tout l’écosystème du secteur. Interrogés par Topformation, les responsables formation et RH s’avouent être dans la plus grande confusion… Quelle perception ont-ils des futures évolutions ? Zoom sur les enseignements du baromètre mené en décembre 2018 et janvier 2019 auprès de 190 salariés issus de grands groupes et d’ETI

2019, une année d’inertie en matière de formation ? - © D.R.
2019, une année d’inertie en matière de formation ? - © D.R.

Les budgets de formation en baisse

« C’est une conséquence directe de la réforme : 52 % des répondants voient leur budget de formation stagner tandis que 29 % le voient diminuer », constate Mathieu Catherine, directeur général de Topformation. Un résultat qui s’explique aussi par le panel interrogé : 83 % des entreprises répondantes dénombrent plus de 50 salariés dans leurs effectifs. Or, avec la réforme, ces entreprises perdent une partie de leur enveloppe formation au profit des entreprises de moins de 50 salariés. A noter que seules 15 % des entreprises consacrent plus de 1000 euros par salarié pour la formation. La moyenne se situant plutôt entre 400 et 500 euros (12 %) ou entre 501 et 600 euros (13 %).

Le R.O.I. des formations difficile à démontrer

A la question « Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez au sein de votre département RH en termes de développement des compétences ? », la moitié des sondés cite celle de démontrer le retour sur investissement de la formation. Viennent ensuite : le budget limité (48 %), la taille de l’équipe RH, jugée trop petite (32 %) ainsi que l’identification des besoins en formation (27 %). « Le premier frein au développement des politiques formation est donc économique : les entreprises doivent défendre des budgets limités tout en démontrant le R.O.I. des actions, le tout avec une équipe RH restreinte et un soutien limité du management », résume Mathieu Catherine. Résultat : « elles vont sans doute chercher à réduire les coûts  », anticipe-t-il. Certainement en condensant les cursus, en privilégiant le distanciel, en multipliant les formations informelles…

Les thématiques de formation les plus recherchées

Sans surprise, ce sont les formations liées à la santé et à la sécurité - obligatoires - que les entreprises plébiscitent le plus pour leurs collaborateurs (45 % des réponses). Elles portent notamment sur la prévention des risques amiante, les habilitations nucléaires, le travail en hauteur… Les formations visant à enrichir les compétences transverses occupent également le haut du classement : le management de projet ou d’équipe (cité par 39 % des sondés), la communication (28 %), le leadership (19 %)… L’informatique est également recherché. Et pour cause : « le socle de connaissances et de compétences professionnelles, dont la maîtrise est sanctionnée par le certificat CLéA, met l’accent sur l’importance du numérique dans l’environnement professionnel  », souligne Mathieu Catherine.

Les priorités dans un contexte de réforme

Face à des budgets prévus en baisse, bâtir une politique CPF est la priorité de 52 % des entreprises sondées. Développer la formation interne (51 %) ainsi que simplifier la gestion administrative de la formation (50 %), notamment pour dégager davantage de temps sur le fond (choix des formations, évaluation de leur efficacité) sont les autres axes de travail prioritaires pour surmonter « les obstacles » induits par la réforme. « Les responsables formation des entreprises sont globalement dans l’expectative, décrypte Mathieu Catherine. En attendant que les décrets soient publiés, ils se concentrent sur leur réorganisation, face à une réforme qu’ils accueillent avec un certain fatalisme. Tous ces indicateurs laissent penser que 2019 sera une année de transition, voire de longue inertie. »

Aurélie Tachot