Formation

LMS-LXP : entre ‘tout intégré’ et best of breed, quelle approche faut-il privilégier ?

Par Philippe Guerrier | Le | Lms

Morgan Naud, CEO de Bealink, et Clément Meslin, CEO d’Edflex, évoquent les différences d’approches entre plateformes d’apprentissage. Une synthèse d’un récent webinar organisé dans le cadre de « La semaine de la formation » de Learn Assembly.

 « LMS, LXP : du rêve à la réalité ? » : synthèse du webinar La semaine de la Formation, Learn Assembly - © D.R.
« LMS, LXP : du rêve à la réalité ? » : synthèse du webinar La semaine de la Formation, Learn Assembly - © D.R.

Deux experts des plateformes numériques de formation professionnelle ont partagé leurs points de vue sur leur domaine de prédilection dans le cadre d’un webinar intitulé « LMS, LXP : du rêve à la réalité ? » organisé le 18 octobre 2023 dans le cadre de « La semaine de la formation » par Learn Assembly :

  • Morgan Naud, CEO de Bealink (société éditrice d’une solution de Learning Experience Platform ou LXP) ;
  • Clément Meslin, CEO d’Edflex (société éditrice d’une plateforme d’agrégation de contenus de formation).

Morgan Naud, Bealink : « Le positionnement intelligent d’un acteur LXP doit se refléter sur le modèle économique et à l’avantage des clients »

Une maturité des entreprises sur le volet technologique du e-learning

Morgan Naud, CEO de Bealink - © D.R.
Morgan Naud, CEO de Bealink - © D.R.

« Entre LMS et LXP, les définitions ne sont pas fixées. Avec ces terminologies, le marché demeure un peu perdu. Pour ma part, je dirais qu’il s’agit de 2 approches différentes et complémentaires de la formation digitale.

  • Un LMS a une approche plutôt descendante et organisée : gestion des catalogues de formation, processus d’inscription, d’administration, reporting…
  • Un LXP dégage davantage une vision ‘bottom up’ centrée sur l’utilisateur avec des capacités collaboratives et de création de contenus avec des fonctionnalités par rôle (formateurs, managers, utilisateurs finaux…).

La grande différence avec un vrai LXP porte sur la possibilité d’intégration avec un LMS tiers. Généralement, à partir de ce critère, on peut mettre à l’écart la plupart des solutions présentées comme tel.

Je citerais 3 grandes caractéristiques avec un LXP :

  • le côté agnostique vis-à-vis des LMS en interconnexion,
  • le skills management ou la pédagogie par la compétence,
  • l’UX », déclare Morgan Naud.

« Sur le marché de l’e-learning, nous observons de la part des entreprises une maturité sur le volet technologique qui s’améliore et une certaine appétence vis-à-vis de nos solutions. Néanmoins, Chez Bealink, nous réalisons encore beaucoup d’évangélisation pour expliquer le positionnement des acteurs et distinguer les technologies.

  • Sur chaque projet déployé par nos soins, nous avons du côté du client deux chefs de projet : l’un au profils métier et l’autre au profil technique.
  • Pour le cas d’un grand compte du CAC 40, nous avons refusé de nous impliquer dans un projet de déploiement d’un projet métier en l’absence d’un responsable IT. En voulant passer sous les radars, la patrouille te rattrape à un moment donné. Ce n’est pas viable à terme.
  • Nous privilégions l’approche de co-construction pour l’urbanisation du SIRH. C’est vraiment un tandem entre le ‘e’ et le ‘learning’. Mais cela nécessite de casser les silos entre les équipes », évoque déclare Morgan Naud.

La stratégie du ‘tout intégré’ ne marche pas

« Par expérience, nous avons toujours observé des cycles - en moyenne tous les 5 ans - entre les approches intégrées et best-of-breed.

  • En moyenne, le marché bascule tous les 5 ans pour aller chercher de l’innovation auprès d’acteurs spécialisés : onboarding, e-learning, mobilité…L’objectif est de créer son propre SIRH qui soit meilleur qu’un ERP intégré.
  • L’exploitation du best-of-breed force les acteurs majeurs à intégrer de l’innovation dans leurs produits. Les clients rebasculent ensuite vers une plateforme plus intégrée puis reviennent vers du best of breed », évoque Morgan Naud.

« Séparer la couche de données d’apprentissage du système SaaS »

« • Dans le cadre du projet Total Learning Architecture par ADL Initiative, des experts expliquent comment séparer la couche de données d’apprentissage indépendamment du système SaaS acquis et comment activer une expérience utilisateur commune.
• En respectant ses principes d’architectures techniques, il est possible de distinguer la couche d’interface utilisateur de la couche des données. Ce qui permet de gagner en flexibilité si un client veut changer de solution », déclare Morgan Naud.

« On pourrait se poser la question du cumul des coûts financiers avec le déploiement de surcouches. Le positionnement intelligent d’un acteur LXP pur est d’avoir une tarification moindre qu’un éditeur LMS car il doit reconnaître qu’il ne peut pas vivre seul dans un écosystème. Cela doit se refléter sur le modèle économique et à l’avantage des clients.

  • Il existe une vision faussée du marché selon laquelle le déploiement d’un LXP reviendrait à lancer un chantier aussi important qu’un LMS (référentiel, catalogue, champs personnalisés, constitution des groupes utilisateurs…). Ce n’est pas du tout le cas.
  • Le temps moyen de déploiement d’un LXP avec un volume moyen de 50 000 utilisateurs est de l’ordre de 2 à 3 mois. Cela va relativement vite car nous nous connectons à des choses qui existent déjà.
  • L’unique volet qui peut prendre davantage de temps dans le déploiement concerne la gestion des compétences (niveaux de maîtrise, recommandations d’offres de formation…) et les référentiels. Généralement, nos clients regardent ce sujet dans un deuxième temps », indique Morgan Naud.

Clément Meslin, Edflex :« Le futur, c’est d’avoir le meilleur dans les 3 univers : contenus, LMS et LXP » 

Clément Meslin, CEO d’Edflex - © D.R.
Clément Meslin, CEO d’Edflex - © D.R.

« Edflex est une solution de contenus de formation qui s’intègrent dans les LMS et les LXP. Les grands groupes disposaient déjà d’un LMS et intègrent désormais un LXP en surcouche dans la perspective d’une expérience utilisateur plus agréable, d’accès à des contenus diversifiés et d’exploitation des données. Le déploiement d’un LXP permet aussi d’avoir un accès centralisé aux ressources de formation.

  • Les organisations, qui deviennent de plus en plus matures, adoptent des LMS avec des LXP en surcouche.
  • Sur le volet des contenus de formation, nous observons une tendance similaire : après l’achat de multiples solutions, nous passons à une stratégie de rationalisation et d’optimisation à travers des solutions d’agrégation de contenus », déclare Clément Meslin.
  • « A travers Edflex, nous exploitons une logique de contenus multi-formats (créés sur mesure ou vendus sur étagère) pour animer les LXP et les LMS des clients. Nous sommes en mesure de proposer jusqu’à 10 formats différents de contenus : texte, podcasts, vidéo…
  • Nous recommandons aux clients ou prospects de bien séparer les appels d’offres entre LMS et LXP. Ce sont 2 produits différents et cette approche permet de séparer la partie des contenus. Le futur, c’est d’avoir le meilleur dans les 3 univers : contenus, LMS et LXP », indique Clément Meslin.

  • « Depuis la création d’Edflex en 2016, nous avons rencontré beaucoup de problématiques IT en lien avec l’exploitation de contenus de formation : intégration, infrastructure, cybersécurité, confidentialité des données…Encore aujourd’hui, c’est parfois impossible d’accéder à YouTube en entreprise pour des raisons de sécurité ;
  • Néanmoins, Les DSI ont compris qu’en intégrant les meilleurs contenus de formation disponibles sur Internet, les entreprises peuvent mieux tracker les requêtes et collecter des données sur les usages. Nous le constatons avec les références clients que nous avons en commun avec Bealink », évoque Clément Meslin.

(Webinar animé par Antoine Amiel, Learn Assembly)

Adaptation d’un article de News Tank RH publié le 02/11/2023. Pour accéder à l’offre Découverte.

Concepts clés et définitions : #SIRH ou Système d'Information des Ressources Humaines, #LMS ou Learning Management System