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Tribune - Non, les data ne font pas le management !

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Le monde n’a jamais été aussi connecté, c’est vrai, et il ne nous a jamais offert autant de possibilités de contrôles à distance, ni de données disponibles. Mais est-ce une raison pour réduire désormais le management à une question d’outils, objectifs, de processus et d’indicateurs 

Tribune - Non, les data ne font pas le management ! - © D.R.
Tribune - Non, les data ne font pas le management ! - © D.R.

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Oui, le management intègre une dimension nécessaire de contrôle, de reporting, de quantification objective. Non, le management ne s’est jamais limité à mettre en œuvre et à superviser des tableaux de chiffres et les applis pour les produire. Manager une équipe, ce n’est pas seulement s’assurer que les voyants sont au vert, et fouetter les retardataires, ni mettre en place les indicateurs nécessaires pour ne même pas avoir besoin de le faire soi-même. C’est aussi - et toujours - prendre le temps de choisir des individus, de construire avec eux une dynamique collective, de la nourrir sur la durée, en loyauté, en respect, en échanges. Comment s’assurer sinon de la fidélité des équipes ? Comment prétendre à l’engagement de ses collaborateurs ? Comment faire progresser ceux qui en ont besoin ? Aider ceux qui sont en difficulté ? Si c’est toujours de loin, sans se voir, caché derrière des écrans ? Si les livreurs de restaurants on-line sont aujourd’hui dans la rue, c’est sans doute parce que leurs conditions d’exercice ont été durcies de façon unilatérale… mais c’est aussi parce qu’ils n’ont même plus quelqu’un à qui en parler ! Et que le modèle « tout en ligne / tout sur appli / self-care et pas de contact direct ou surtout le moins possible » que prône une certaine modernité n’est qu’un masque technologique, qui cache mal la dureté profonde d’une logique avide surtout d’économies de fonctionnement.

L’emblématique Claude Onesta, l’entraineur des « Experts », la très « successful » équipe de France de Handball - bien connu de nos entreprises où il transmet ses bonnes méthodes - répète à chaque fois qu’il en a l’occasion : « manager, c’est avoir le goût des autres ». On ne devrait pas choisir un manager en effet seulement pour son expertise ou sa loyauté, mais bien toujours aussi pour sa capacité à s’intéresser à l’autre, à le respecter, son envie de progresser avec et par lui. A fortiori aujourd’hui, où justement les équipes sont souvent plus éloignées, moins en prise directe, entre délocalisations et télétravail. Quand un manager à La Défense coordonne les efforts d’une équipe internationale décentralisée entre Londres, Francfort et Madrid, qu’est-ce qui garantit en effet que chacun va se sentir concerné par l’œuvre commune ? Qu’est-ce qui permet encore l’affectio societatis nécessaire pour mener vraiment à bien un travail ensemble, si ce n’est justement l’intérêt qu’il prête à chacun et à tous, et la manière dont il va pouvoir le démontrer ? Sans le goût des autres, le management n’est sinon qu’une tyrannie rationalisée. Et sans harmonie, la performance n’est qu’un objectif abstrait et vain.

Si « science sans conscience n’est que ruine de l’âme », comme le disait déjà Rabelais en son temps, performance sans conscience pourrait bien être en effet celle de l’entreprise, surtout si elle est ainsi désertée au final par tous ceux qui souhaitent réellement y vivre une aventure collective. Si l’entreprise n’est plus qu’une coordination technologique et financière d’individus isolés livrés à eux-mêmes, elle risque fort de n’avoir aucun avenir.

Nadia Nardonnet, Directrice Générale, PerformanSe