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IA générative : l’inspiration des fournisseurs de solutions HR Tech

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Cet article est référencé dans notre dossier : Dossier IA générative et RH : l’impulsion donnée par ChatGPT

Les éditeurs de solutions RH intègrent progressivement l’IA générative dans leurs produits. Comment s’approprient-ils cette nouvelle vague de l’IA ? Illustration avec 3 acteurs français.

IA générative : la vague d’inspiration des éditeurs de solutions HR Tech (dossier RH Matin, volet 3) - © D.R.
IA générative : la vague d’inspiration des éditeurs de solutions HR Tech (dossier RH Matin, volet 3) - © D.R.

C’est un signal de marché que tout éditeur logiciel ne peut ignorer : l’investissement cumulé à 13 milliards de dollars de Microsoft dans OpenAI depuis 2019. Dans leurs segments respectifs de prédilection, les fournisseurs de solutions RH ne pouvaient passer à côté du phénomène ChatGPT et plus globalement du potentiel de l’IA générative.

Après avoir développé l’IA, les acteurs influents de portée mondiale comme Workday accélèrent la cadence avec l’IA générative. Pour surfer sur la vague d’innovation, l’éditeur américain explore des dizaines d’exploitations contextuelles dans ces 2 domaines de prédilection (solutions RH et finance).

Sur le volet RH, elle retient l’inévitable génération de descriptifs pour les fiches postes en exploitant la masse de données cumulées déposée sur sa plateforme cloud. L’IA peut aussi optimiser la gestion des talents en analysant les données liées aux feedbacks, à la performance et aux compétences.

Dans l’écosystème français, le mouvement est également lancé. Les éditeurs HR Tech enrichissent progressivement leurs portefeuilles de solutions en intégrant une dose d’IA générative.

Au-delà de l’effet marketing et de l’estampille « GenAI inside », chaque éditeur a pu trouver son intérêt qu’il soit positionné sur le recrutement, la formation ou la gestion des talents. 

Illustration avec 3 éditeurs français de solutions investis dans des segments de services RH différents.

Recrutement

Marko Vujasinovic, CleverConnect - © D.R.
Marko Vujasinovic, CleverConnect - © D.R.

En amont de la chaîne, les acteurs du sourcing ont rapidement identifié un cas d’usage pertinent : l’assistance à la rédaction d’offres d’emploi.

A l’instar de Golden Bees ou de Hyppolyte, CleverConnect a intégré une IA générative, en l’occurrence ChatGPT, à son site de recherche d’emploi Meteojob afin d’assister les recruteurs dans la publication d’annonces attractives et performantes, répondant aux codes du marché du travail.

« La rédaction des offres a toujours été un sujet pour les recruteurs. C’est une tâche clé mais ils ne peuvent y consacrer beaucoup de temps et ne s’appuient généralement que sur des descriptifs internes. Résultat : la qualité des offres d’emploi est assez faible », observe Marko Vujasinovic, CEO et cofondateur de CleverConnect.

En améliorant nettement la qualité rédactionnelle, l’IA générative permet d’attirer 30 % de candidats en plus, tout en réduisant le temps consacré à cette tâche chronophage de 70 %, selon les estimations de Marko Vujasinovic. 

Autre avantage avancé par cet expert RH : « l’IA ne reproduit pas les biais cognitifs du recruteur qui a sa propre vision du marché. Elle se nourrit des offres d’emploi publiées les plus performantes, exploitant ainsi l’intelligence collective », complète Marko Vujasinovic. 

Pour autant, l’IA ne reste qu’une aide à décision. « Le recruteur a toute latitude de sélectionner ou non le contenu proposé et de le modifier à sa convenance. Il conserve la main », indique le dirigeant de CleverConnect. 

Selon le dirigeant, l’IA générative convient aussi bien aux petites entreprises (qui n’ont pas les compétences internes pour bien rédiger leurs annonces) qu’aux grands comptes (qui publient un grand volume d’offres récurrentes). 

Dans le prolongement, CleverConnect explore d’autres cas d’usage comme l’analyse du marché de l’emploi afin définir les compétences requises pour un poste donné au-delà du diplôme et du nombre d’années d’expérience. « Sur les profils pénuriques, quels professionnels issus d’autres métiers pourraient, moyennant formation, faire le job ? », s’interroge Marko Vujasinovic.

Autre piste explorée : l’IA peut mettre en évidence les éléments-clés d’un CV et des différentes pièces d’un dossier de candidature.

Avec l’appui des technologies de conversion de messages audio en texte (« speech to text » en anglais), l’IA générative permet de réaliser la synthèse d’un entretien en visioconférence, que l’exercice soit réalisé en direct ou en différé.

Gestion des compétences

Paul Courtaud, CEO de Neobrain - © D.R.
Paul Courtaud, CEO de Neobrain - © D.R.

Lancée en 2018, Neobrain a instillé de l’IA dans toutes les strates de sa plateforme pour aider de grandes entreprises, comme Danone, LVMH, Natixis ou Safran ou TotalEnergies, à allouer la bonne compétence, au bon endroit, au bon moment.

« Il s’agit d’aider les salariés à se saisir des meilleures opportunités en proposant des parcours carrière et de formation personnalisés pour atteindre le métier visé », explique Paul Courtaud, CEO de Neobrain.  

Pour prolonger le débat, l’entrepreneur a publié en octobre 2023 un ouvrage sur les impacts de l’IA sur le marché du travail et intitulé « Will AI Replace Me ? ».

Les étapes clés du parcours collaborateur à travers 4 solutions 

  • AI Skill Management cartographie les compétences disponibles et émergentes d’une organisation. 
  • A partir de cette photo, Strategic workforce Planning permet d’anticiper les compétences à venir pour mener à bien les grandes transformations.
  • Talent Markeplace se concentre sur l’engagement et la rétention des salariés en favorisant la mobilité interne. 
  • Performance & engagement vise, comme son nom l’indique, à impliquer davantage les collaborateurs par un suivi des objectifs et des bonus, des feedbacks et des entretiens réguliers. 

4 exemples de l’usages de l’IA générative

Paul Courtaud commente une sélection d’applications concrètes : 

  • Pour le DRH : identification des tendances de compétences. « Nous utilisons l’IA générative pour extraire des tendances automatiques des rapports de prospective (McKinsey, BCG, Gartner, etc.) »
  • Pour le DRH : exercice de Strategic Workforce Planning (planification stratégique RH). « Concrètement, je pose des questions à un assistant IA (Neo). Par exemple : Quelle est l’attrition prévue des effectifs d’ici 2025 ? Quelles fonctions sont les plus impactées ? L’IA générative va répondre et expliquer les conclusions de l’exercice pour faciliter la compréhension par le RH. »
  • Pour le manager : l’IA générative pour expliquer le matching réalisé par l’IA de matching de Neobrain. «  Par exemple, je cherche un auditeur spécialisé en carv-out [ndlr : séparation d’activité dans un groupe], le système me fournit une short list et va m’expliquer les points communs entre le candidat et l’offre. »
  • Pour le salarié : une aide pour affiner son projet professionnel. « Quels sont les métiers qui me correspondent ? Quels sont les avantages et inconvénients de chaque option ? »

« L’IA générative vient entièrement remplacer certains bouts de notre solution, la majorité des fonctionnalités sont complétées par un agent conversationnel », indique Paul Courtaud.

« Nous avons testé plusieurs solutions du marché mais elles rencontraient régulièrement des limites. Nous avons décidé de construire notre propre modèle afin de maîtriser les données d’entraînement utilisées. Ceci augmente l’explicabilité », déclare Paul Courtaud.

Formation et référentiel de compétences

Nick Hernandez, 360Learning - © D.R.
Nick Hernandez, 360Learning - © D.R.

Editeur d’une plateforme d’apprentissage collaboratif en entreprise, 360Learning a démarré ses investissements dans l’IA en 2021. Son assistant virtuel (Roby) aide les experts métiers à créer des contenus de formation à partir de leurs propres supports et ressources. 10 000 cours ont été ainsi générés par l’IA. 

  • « En acquérant l’éditeur français eLamp en octobre 2023, 360Learning associe à sa plateforme de collaborative learning et d’apprentissage axée sur les compétences la capacité de créer automatiquement des ontologies de compétences et à identifier les écarts critiques (‘skills gaps’).
  • Désormais, 360Learning joue à la fois le rôle de médecin (dans le sens ‘j’identifie les écarts de compétences’) et de pharmacien (‘je délivre le médicament pour résoudre ces écarts’) », se réjouit Nick Hernandez, président et cofondateur de 360Learning. Une combinaison qui, selon le dirigeant, n’a pas d’équivalent sur le marché.

360Learning utilise l’IA générative pour :

  • La création de cours plus rapide et simplifiée ;
  • Le contrôle des contenus générés grâce aux prompts (assure la conformité et cohérence en fonction des standards prédéfini de l’entreprise) ;
  • La curation de contenu ultra personnalisé ;
  • Les données en temps réel sur les compétences.

« Il s’agit ici de nouvelles fonctions développées grâce à l’IA générative. Il y a quelques semaines, le nombre de sessions de cours créés par l’IA a franchi la barre des 10 000 et continue de croître.  Pourtant, cette fonctionnalité ne se substitue pas aux solutions préexistantes : les utilisateurs n’utilisent pas l’IA au lieu de créer eux-mêmes des cours. Ils créent toujours autant de cours eux-mêmes, et aussi près de 10 % de plus grâce à l’IA générative », déclare Nick Hernandez.

« Nous utilisons OpenAI via Microsoft Azure et nous étudions actuellement la possibilité d’utiliser d’autres LLM », précise notre interlocuteur.

(Dossier réalisé par Xavier Biseul et Philippe Guerrier)