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Télétravail chez Orange : plus de dix ans d’expérience et de flexibilité

Par Philippe Guerrier | Le | Bien-être au travail

Entretien avec Martine Bordonné, Directrice Télétravail et Nomadisme chez Orange France, qui aborde l'évolution du télétravail au sein du groupe télécoms. Comment la crise Covid-119 a modifié cette pratique ?

Martine Bordonné, directrice Télétravail et Nomadisme chez Orange - © D.R.
Martine Bordonné, directrice Télétravail et Nomadisme chez Orange - © D.R.

Comment les accords de télétravail ont-ils évolué au sein d’Orange depuis dix ans ?

Nous avons innové sur les modalités pratiques et le volume de jours télétravaillés proposés.

Cela fait plus de dix ans que nous disposons d’une expérience en matière de télétravail chez Orange France. Le premier accord avait été signé en 2009 avec une vocation à durée déterminée de trois ans. À l’époque, son contenu était déjà très complet. Dans le préambule, nous mentionnons que tous les salariés sont potentiellement éligibles au télétravail, sauf exceptions, soit une base d’environ 100 000 personnes au sein d’Orange en France à l’époque.

Nous n’avons pas abordé le télétravail sous l’angle d’une liste de métiers ou d’un rattachement à un site déterminé. Il y avait naturellement des critères traditionnels d’éligibilité comme la relation de confiance, l’autonomie ou la disponibilité d’un espace de travail chez soi. Nous avons fait preuve d’innovation sur les modalités pratiques et le volume de jours télétravaillés proposés.

Dans l’accord 2009-2012, nous avions établi un rythme hebdomadaire de télétravail. Dans les grandes lignes, nous avions fixé deux jours de présence sur site par semaine a minima. Il était possible de faire jusqu’à trois jours de télétravail par semaine, à domicile ou en corpoworking. En travaillant par exemple sur un site Orange autre que son site principal de rattachement pour rester à proximité du domicile.

En 2013, Orange a signé avec les partenaires sociaux un nouvel accord à durée indéterminée sur la base du premier accord. Nous avons introduit la notion de « télétravail régulier mais en volume mois ». Pour certains métiers, le fait d’avoir des jours fixes de télétravail ne convenait pas forcément à l’activité. Une souplesse organisationnelle complémentaire a été introduite avec la possibilité de réaliser jusqu’à 12 jours de télétravail par mois, mais toujours dans le respect des deux jours a minima de présence sur site par semaine au nom du collectif de travail et du lien social.

Si les salariés optent pour du télétravail régulier, cette formule ne s’applique pas à l’ensemble de la carrière dans le groupe. Si un salarié change de métier ou de branche chez Orange, il devra peut-être modifier son rythme de télétravail. Il faut d’abord percevoir cette évolution comme une flexibilité opérationnelle. Il existe une commission de suivi annuel avec nos partenaires sociaux sur cette question.

En 2017, nous avons également négocié un avenant au sein du groupe pour favoriser le télétravail dans les zones frontalières de la France.

Quelle proportion de l’effectif a pu bénéficier du télétravail, sachant qu’une partie est exclue en raison de l’implication sur le terrain (conseillers en boutique Orange, techniciens réseaux…) ?

Dans la période 2009-2019, nous sommes passés de 1.000 à 36.000 salariés en situation de télétravail régulier ou occasionnel. Soit 39 % de l’effectif d’Orange en France.

Avec la crise Covid-19 et le premier confinement, nous sommes montés à hauteur de 60.000 salariés connectés à distance en simultané sur le territoire.

Comment la crise Covid-19 a-t-elle transformé les usages de télétravail ?

Avec la crise Covid-19, nous vivons une situation exceptionnelle : nous ne sommes pas dans une pratique du télétravail normale dans l’esprit de l’accord signé. Depuis neuf mois, nous évoluons dans du travail confiné.

En fonction de leur pratique du télétravail, nous avons identifié trois typologies de salariés :

  • « les expérimentés » qui pratiquaient le télétravail de manière régulière ;
  • les télétravailleurs occasionnels avant la crise ;
  • les « primo-accédants » qui ont découvert le télétravail avec le premier confinement qui a démarré le 17/03/2020. Nous avons accompagné plus particulièrement cette dernière catégorie pour qui le télétravail ne va pas de soi. Les fonction RH et le services de communication ont accompagné les primo-accédants pour découvrir le travail à distance.

Nous avions déjà intensifié l’usage du télétravail à partir de décembre 2019 en raison de la grève des transports. Déjà à cette époque, nous étions parvenus à assurer 24.000 connexions simultanées pour les besoins de notre activité.

Le taux d’équipements des salariés en outils de nomadisme (PC portables, smartphones) étant déjà très important, la bascule vers le télétravail a été rapide lorsque le premier confinement a été décrété en mars 2020. Nous sommes passés à une capacité d’absorber 60.000 connexions simultanées.

Les équipes informatiques du groupe étaient sur le pont pour redimensionner les capacités et pour livrer les équipements informatiques et mobiles nécessaires aux salariés confinés.

En période de déconfinement (à partir de mai 2020), des systèmes de « drive » ont été mis en place sur les sites d’Orange pour faciliter la récupération de matériel par les salariés. L’objectif était d’assurer le télétravail à temps plein avec un certain confort (fauteuil ergonomique, double écran…) et d’éviter les Les troubles musculo-squelettiques (TMS). Cette opération de logistique a été mise en place au niveau national mais avec un pilotage local.

Avec les nouvelles instructions du gouvernement, comment la pratique du télétravail évolue-t-elle sur fond de crise persistante de la Covid-19 ?

Depuis le 30 octobre 2020, tous les salariés qui peuvent exercer leur activité à distance doivent continuer à télétravailler à 100 %. Toutefois, depuis le 1er février 2021, les salariés d’Orange qui en expriment le besoin, peuvent revenir travailler sur site un jour par semaine maximum et sur validation managériale préalable.

Nous disposons d’un référent Covid-19 au sein du groupe nommé il y a quelque mois et la cellule de crise établie au niveau du Comex, mise en place depuis le 17/03/2020, se réunit toujours chaque semaine pour faire le point et adapter les consignes opérationnelles en fonction des mesures gouvernementales.

La cellule de crise et le référent Covid-19 travaillent sur plusieurs scénarios en fonction de l’évolution de la situation sanitaire :

  • reconfinement ;
  • déconfinement ;
  • alternance présentielle et distancielle…