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Banquier entrepreneur : un test de statut atypique de la Caisse d'Épargne Bretagne - Pays de Loire

Par Philippe Guerrier | Le | Droit de la formation

Une branche régionale de la Caisse d’Epargne veut lancer un test de prospection commerciale en zones rurales en s’appuyant sur des conseillers extérieurs à la banque. Ce n’est pas passé inaperçu.

Banquier entrepreneur : un test de statut atypique de la Caisse d'Épargne Bretagne - Pays de Loire
Banquier entrepreneur : un test de statut atypique de la Caisse d'Épargne Bretagne - Pays de Loire

Le projet RH de « banquier entrepreneur » fait du bruit dans le secteur de la banque. Même si la Caisse d'Épargne Bretagne - Pays de Loire (CEBPL, propriété du groupe BPCE) veut rester discret en l’état actuel. « Nous ne souhaitons pas développer ce sujet pour le moment dans la mesure où l’expérimentation n’a pas encore démarré et qu’il nous faudra plusieurs mois pour en tirer un premier bilan », évoque la Caisse d’Epargne au niveau local.
Le sujet est vraiment sensible au sein de BPCE. En juin 2020, la CEBPL veut démarrer un test avec des conseillers bancaires au statut de « banquier entrepreneur » indépendant du groupe. Officiellement dénommé Conseiller Indépendant Local (CIL), il doit couvrir les zones rurales de la région Ouest, selon un document de présentation du projet remis en janvier au comité social et économique (CSE) de CEBPL.

Statut atypique du CIL

Présenté comme le « mandataire exclusif de la Caisse d’Épargne », le CIL se voit attribuer cinq missions :

  • conseiller et orienter les clients ;
  • distribuer des produits de la banque ;
  • répondre aux projets des clients ;
  • proposer/préparer le dossier pour la banque en ligne ;
  • démarcher les prospects.

Le CIL est présenté par CEBPL comme un « modèle nouveau, issu de nos réflexions dans le cadre du plan stratégique, pour compléter notre stratégie de distribution ». Il doit permettre de « conserver notre empreinte territoriale lorsque nous ne pourrons plus maintenir une agence, ou d’installer notre enseigne là où nous ne sommes pas présents » et coordonner son travail avec des interlocuteurs internes au sein de la CE : conseillers dédié à la clientèle professionnelle, chargés d’affaires grand public et des « animateurs » dédiés au pilotage de l’activité et à l’information de ses agents extérieurs au statut atypique.
Ce projet, censé aboutir à l’expérimentation sur trois agences de la région Ouest, a été présenté à la direction du groupe BPCE qui en a validé le principe en décembre 2019. Dans le courant du premier trimestre 2020, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), organe français de régulation des secteurs de la banque et de l’assurance, devrait émettre un avis sur ce projet de « banquier entrepreneur ».

Les syndicats sont remontés

Cette initiative CIL, présentée comme une première dans le secteur de la banque, suscite des remous dans les rangs des syndicats. « Nous avons ouvert la boîte de Pandore », considère Frédéric Guyonnet, président national du SNB/CFE-CGC, à notre média partenaire News Tank. « On fait exploser le socle social qui a été construit dans ces entreprises. » Il évoque « une vraie révolution pour le secteur bancaire français très réglementé », tout en s’offusquant de « la création de conseillers clientèles auto-entrepreneurs ».
De son côté, le Syndicat Unifié Unsa Groupe BPCE (première organisation de la branche CE) avait déjà évoqué dans un tract les risques de « l’ubérisation des métiers de la banque » en révélant les grandes lignes de ce projet CIL monté pour le compte de CEBPL.
« C’est un dossier sur lequel nous avons une acuité particulière. Nous craignons que notre cœur de métier soit externalisé », déclare François-Xavier Jolicard, qui cumule les fonctions de secrétaire général de la fédération Unsa Banques Assurances et de secrétaire national Syndicat Unifié Unsa de Caisse d’Épargne. Les syndicats demandent à la direction de BPCE « un comité de groupe exceptionnel » en exigeant des explications sur ce projet détonant.