Surperformer à titre individuel ou mieux travailler ensemble : le dilemme de l’IA en entreprise ?

« Aujourd’hui, on ne voit pas d’avenir sans IA et personne n’a envie de rater le train. Mais attention : l’IA n’est pas une intelligence, c’est un outil de statistiques ! S’il est très performant, il doit aussi être manié avec précaution », analyse Sébastien Van Dyk, Directeur général de ManpowerGroup Talent Solutions.

Il s’agit en effet de comprendre que cette technologie augmente les salariés et les managers mais peut aussi refléter des biais humains. Dans ce cadre, tout l’enjeu est d’adopter l’IA générative en se posant les bonnes questions, notamment sur ce que cela peut apporter à une organisation.

« L’IA transforme déjà les pratiques individuelles avec des gains clairs de productivité sur les tâches personnelles comme la rédaction d’un email, la traduction d’un document, la synthèse d’une présentation PowerPoint… Mais au niveau collectif, c’est moins évident. Est-ce que ça accélère vraiment le projet ? »

Le défi devient alors celui du partage de la valeur : comment faire en sorte que les performances individuelles nourrissent la dynamique collective ?

La méthode des 3A par ManpowerGroup Talent Solutions

Chez ManpowerGroup Talent Solutions, cette réflexion s’inscrit dans une approche structurée et la méthode dite des 3A :

• Adapter la technologie : est-ce que je mets l’IA à disposition de chaque collaborateur sur son poste de travail ?
• Adopter les usages : est-ce que le collaborateur utilise correctement cette technologie ?
• Adapter l’organisation : comment puis-je faire évoluer mes équipes en prenant en compte les apports de l’IA ?

En adoptant une telle démarche, les entreprises limitent les dérives liées à une mauvaise utilisation et facilitent l’intégration harmonieuse de l’IA dans leurs équipes.

La première étape consiste souvent à établir un diagnostic précis des tâches.

« Chez Talent Solutions, nous identifions les tâches automatisables et nous les évaluons une par une. C’est en réalisant cette photographie globale qu’on peut ensuite décider, adapter le management ou revoir les formations », déclare Sébastien Van Dyk.

Les bénéfices apparaissent rapidement, comme en témoigne cet exemple : lorsqu’un collaborateur doit choisir une formation parmi des milliers de références, l’IA lui permet de gagner un temps précieux.

La personne indique ses objectifs de carrière et l’IA lui propose directement la bonne formation. Ainsi, l’outil l’aide concrètement à construire son parcours.

Au service du collectif ?

Comment partager les gains générés par l’IA au bénéfice du collectif ? La question reste entière.

« On n’en est pas encore à ce stade. Toutes les personnes qui ont gagné une demi-heure sur une tâche ont-elles vraiment créé de la valeur pour l’entreprise ? »

C’est donc l’un des grands défis de cette transformation technologique et culturelle : faire en sorte que les progrès individuels se traduisent en efficacité partagée.

« L’IA peut renforcer l’intelligence collective, à condition de nourrir le débat. Si elle alimente la discussion et si elle aide chacun à se questionner, alors elle crée de la valeur collective », explique Sébastien Van Dyk.

La vigilance est donc de mise pour les dirigeants RH qui souhaitent dessiner les contours de l’organisation de demain.

« Beaucoup de clients nous demandent aujourd’hui de rechallenger leur roadmap. Ils avaient prévu de faire évoluer leurs services RH d’une certaine façon, et désormais, ils veulent tout réévaluer à la lumière de l’IA. »

Pour Sébastien Van Dyk, l’avenir de l’entreprise augmentée par l’IA repose sur un équilibre subtil entre performance individuelle et intelligence collective.

« L’IA doit nous aider à mieux travailler ensemble à travers des rôles qui nous conviennent individuellement mais qui apportent en même temps de la valeur à l’organisation. »