Logiciel de gestion de paie : un marché géant et segmenté qui change
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Cet article est référencé dans notre dossier : Dossier logiciel de paie: le virage cloud et IA dans la gestion RH
Les solutions de gestion de paie représentent un des principaux segments de marché des logiciels RH. Entre consolidation et diversification des offres, les acteurs sont confrontés à de nouveaux défis : technos (IA), expérience utilisateur et respect de la conformité.
C’est un volet incontournable dans le management d’entreprise : choisir son logiciel gestion de paie.
C’est un marché gigantesque entre l’édition de logiciels de paie, l’externalisation de la paie (BPO) et les services connexes en lien avec les SIRH ou annexes comme les coffres-forts électroniques pour stocker les bulletins de paie dématérialisés.
Logiciels de paie : le dynamisme du marché global
Vue de France
Il est difficile d’avoir une idée globale du poids du marché de la gestion logicielle de paie en France.
Néanmoins, le cabinet d’études Xerfi fournit des éléments d’introduction dans son rapport : « Le marché de la paie entre révolutions technologiques et consolidation » publié en septembre 2023.
Ainsi, le volet de l’externalisation de la paie pèserait entre 1,2 et 2 milliards d’euros en France.
« Le chiffre d’affaires de notre panel d’éditeurs et d’ESN SIRH progressera de 6 % par an en moyenne d’ici 2026 », rapporte Alexandre Boulègue, directeur du bureau d’études chez Xerfi.
Entre éditeurs leaders, challengers et start-ups à mi-chemin entre la FinTech et la HR Tech, l’effervescence est vive. Afin d’atteindre des masses critiques d’utilisateurs, d’étendre son emprise géographique, de consolider ou de diversifier son offre, des opérations de rapprochement sont régulièrement annoncées.
Ainsi, fin avril 2024, Cegid a ouvert des négociations exclusives pour acquérir EBP, un éditeur de logiciels pionnier dans la comptabilité, la gestion commerciale et la paie pour les TPE-PME, pour renforcer sa position sur le marché français.
Vision à l’internationale
La concurrence s’avère tout aussi rude sous un angle international avec la gestion de la paie multi-pays pour le compte des organisations grands comptes.
(Tableau Peak) source : rapport Multi-Country Payroll (MCP) Solutions PEAK® Matrix d’Everest Group (octobre 2023)
Un marché segmenté en fonction de la taille des entreprises
En matière d’offre de solutions logicielles pour la gestion de la paie, les éditeurs adressent différemment les petites structures des grandes organisations.
Selon Véronique Argentin, directrice des études sociales au Conseil national de l’ordre des experts-comptables (CNOEC), « les TPE et PME recherchent du ‘full service’ puisque leur besoin va au-delà de la paie, à travers des questions autour de la rédaction des contrats, la gestion des congés, la gestion des temps… ».
De l’autre côté, les ETI et grandes entreprises disposent de services de paie plus conséquents avec différents spécialistes : du gestionnaire de paie à l’expert SIRH en passant par le contrôleur de gestion sociale. Ces structures de plus grande échelle se tournent davantage vers des solutions plus paramétrables et plus flexibles.
Dans ce contexte, les acteurs de la paie essaient de proposer des solutions permettant de « diversifier leur clientèle, en termes de taille d’entreprises (TPE-PME, ETI, grands comptes) ou sur le plan sectoriel », souligne Alexandre Boulègue de Xerfi.
Ainsi, des poids lourds du secteur comme ADP, Cegid ou Sage travaillent beaucoup sur la segmentation de leurs offres de gestion de paie en fonction de la taille d’effectifs des entreprises.
Expérience utilisateur : personnalisation et simplification
Tout comme d’autres types de logiciels BtoB, la gestion de paie est portée par la transition vers le cloud, notamment sur le segment des TPE - PME, qui recule par rapport aux versions sur site (« on premise »).
Les éditeurs anticipent aussi sur la nouvelle génération de solutions de paie qui va surfer sur l’exploitation des vagues technologiques comme l’IA générative.
À travers l’adoption de produits, les responsables de paie attendent surtout d’être accompagnés autour de la sécurité des données, de la conformité réglementaire et du contrôle des erreurs.
« Il y a de vraies attentes sur la personnalisation des outils. Les spécialistes de la fonction souhaitent s’appuyer sur des outils qui prennent en compte leurs spécificités (réglementations, conventions collectives…), tout en restant simples à utiliser », commente Stéphane Liziard, consultant paie et administration du personnel chez O2 Consulting.
De plus en plus, les éditeurs cherchent à s’inscrire comme des partenaires des services paie avec une répartition de la charge de l’expertise.
« Notre cellule de veille légale est composée d’une vingtaine de personnes, complétées par nos équipes de modélisation réglementaire. Nous proposons des systèmes évolutifs en continu pour que les responsables de paie puissent être le mieux accompagnés face à chaque nouveauté », évoque Alexandre Renaud, directeur d’activité Major Accounts et Small Business Services chez ADP.
Autre tendance forte : les éditeurs développent également des stratégies de guichet unique ou d’exploitation de marketplaces mis à disposition des entreprises clients qui ont toute latitude pour composer leurs environnements applicatifs RH.
Conformité : un vrai facteur de différenciation
Avec l’inflation réglementaire en lien avec la gestion de la paie, les clients (experts-comptables, TPE ou grands comptes) cherchent un partenaire solide pour l’accompagnement.
« Nous constatons que le logiciel Silae est le plus utilisé par les experts-comptables. Puisque c’est l’éditeur qui intègre le plus de conventions collectives. Cegid et Sage sont également bien positionnés », rapporte Véronique Argentin du CNOEC.
Malgré la performance accrue des outils, les dispositions légales demeurent complexes en France. Ce qui nécessite la maîtrise d’une certaine expérience et expertise du côté des gestionnaires de paie.
« En 2023, avec l’arrivée du montant net social, la prise en compte dans les outils de gestion de paie n’était pas optimale. Les éditeurs ont dû réaliser plusieurs mises à jour pour fiabiliser ce nouveau processus », poursuit-elle.
Il faut garder un œil sur le prochain gros chantier de conformité.
- « Si le bulletin de paie occupe un peu les esprits, j’estime que l’enjeu principal des éditeurs se portera sur le chantier de stabilisation de la DSN par l’Urssaf à horizon 2028.
- Aujourd’hui, trop d’entreprises envoient leur DSN avec des erreurs parce qu’ils ne disposent pas des outils permettant une vision globale de leurs données », explique Stéphane Liziard.
Concepts clés et définitions : #SIRH ou Système d'Information des Ressources Humaines