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Dématérialisation des titres-restaurant : vers une généralisation d’ici 2026

Par Philippe Guerrier | Le | Motivation & engagement

Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des PME, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme, veut accélérer la dématérialisation des titres-restaurant au profit des restaurateurs, des commerçants et du pouvoir d’achat des salariés. Mais il faut d’abord « éclaircir » les pratiques sur ce marché.

Dématérialisation des titres-restaurant : vers une généralisation d’ici 2026 - © D.R.
Dématérialisation des titres-restaurant : vers une généralisation d’ici 2026 - © D.R.

Dématérialisation poussée des titres-restaurant d’ici 2026 : 2 motifs avancés

  • Côté restaurateur, le coût de la prise en charge du titre-restaurant doit être réduit. « Les commissions sont trop élevées et les démarches sont beaucoup trop lourdes pour les restaurateurs », selon Olivia Grégoire.
    • A sa demande, une mission de l’Autorité de la concurrence devrait éclaircir le fonctionnement du marché des titres-restaurant. Les résultats devraient tomber « dans les jours qui viennent ».
    • En cas de preuve d’un « dysfonctionnement de marché », la ministre assure qu’elle prendra les mesures nécessaires « pour plafonner les commissions sur les titres-restaurant » payés par les restaurateurs (entre 3 et 5 % du montant HT de la transaction actuellement).
  • Côté salarié, la ministre déléguée perçoit les titres-restaurant comme « un élément du pouvoir d’achat à simplifier » à travers la dématérialisation. Elle considère que 5 millions de Français salariés utilisent régulièrement des titres-restaurant.
    • Olivia Grégoire se déclare prête à accompagner les entreprises à « faire le virage du numérique » pour faciliter la transition vers la dématérialisation des titres-restaurant. 
    • « C’est un élément du pouvoir d’achat des salariés et ça me semble important de le simplifier », a précisé Olivia Grégoire. De plus, « c’est essentiel que dans la dématérialisation on puisse continuer à donner une partie de ces tickets-resto » aux associations, a-t-elle conclu.

Premières réactions des émetteurs

« 40 % des titres-restaurants encore en papier » (Loïc Soubeyrand, Swile)

  • « Cette annonce gouvernementale va incontestablement donner un coup d’accélérateur supplémentaire à la dématérialisation de notre industrie, au sein de laquelle 40 % des titres-restaurant en circulation dans notre pays le sont encore par voie papier.
  • D’autant plus que Swile a conclu cette année une opération de rapprochement avec Bimpli, filiale de BPCE, afin d’avancer encore plus vite vers ce changement. En effet, sur les 40 % des titres-restaurants encore en papier, Swile réussit à capter la moitié des entreprises qui souhaitent engager cette dématérialisation », déclare Loïc Soubeyrand, fondateur et CEO de Swile.

« Certains émetteurs détournent l’objet social du dispositif » (Benjamin Suchar)

Benjamin Suchar, directeur général et cofondateur de Worklife (qui se rapproche actuellement de Crédit Agricole S.A.), se montre plus incisif pour dénoncer des abus présumés :

  • “Certains émetteurs rémunèrent leurs entreprises clientes à travers des rétro-commissions, en utilisant les sommes prélevées chez les restaurateurs pour rémunérer ces grandes entreprises afin qu’elles les sélectionnent. Ces émetteurs détournent l’objet social du dispositif en pénalisant les restaurateurs pour un service destiné aux salariés ;
  • Le plafonnement des commissions serait une mesure efficace pour assurer l’équité du fonctionnement du marché, un accès plus large pour les salariés aux restaurateurs et un gain de pouvoir d’achat”.

Entente entre émetteurs de titres-restaurant : la vigilance de l’Autorité de la concurrence

• En décembre 2019, l’Autorité de la concurrence a pris des sanctions financières (près de 415 millions d’euros) à l’encontre de 4 émetteurs de titres-restaurant historiques en France (Edenred France, Up, Natixis Intertitres et Sodexo Pass France) et la Centrale de Règlement des Titres (CRT), qui assure, pour leur compte, le traitement et le remboursement des titres-restaurant auprès de leurs clients.
• A l’époque, l’organe de régulation considérait que ces acteurs avaient mis en place des pratiques constitutives d’entente.
• Après la publication officielle de la sanction, au moins 3 des 4 émetteurs ont annoncé leur intention de faire appel : Edenred, Natixis et Up.