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Télétravail : comment la vision des cadres a évolué avec le confinement

Par Olivier Morin | Le | Workspace

C’est l’un des enseignements de la crise Covid-19 et de l’organisation du travail : 83 % des cadres ont envie de continuer à télétravailler, selon une étude APEC.

Le télétravail et les cadres en temps de crise - Apec - © D.R.
Le télétravail et les cadres en temps de crise - Apec - © D.R.

L’APEC vient de diffuser une étude sur le télétravail et les cadres en temps de crise. Une pratique encore occasionnelle avant la crise sanitaire qui a été banalisée avec les périodes de confinement. 

« Les cadres sont doublement au cœur de ce changement d'ère. Parce qu’ils y aspirent pour eux-mêmes, mais aussi parce qu’ils sont - en tant que managers - la clé de sa réussite. Ils seront la pierre angulaire de cette révolution en marche vers un nouveau contrat social fondé sur l’autonomie, l’attention bienveillante et la confiance », déclare Gilles Gateau, Directeur général de l’Association pour l’emploi des cadres (APEC).

L’organisation diffuse régulièrement des baromètres sur l'évolution des profils des cadres et dispose de 500 consultants à travers une cinquantaine de centres, en France métropolitaine et en Outre-mer.

Voici les principaux éléments de l'étude dévoilée le 17 décembre : 

Télétravail : un recours massif et intensif

  • 81 % des cadres ont télétravaillé lors du premier confinement (avril-mai 2020). Sachant qu’1 sur 10 a exclusivement travaillé sur site et que 9 % n’ont tout simplement pas travaillé en raison de la suspension de leur activités.
  • 90 % des cadres placés en télétravail sont identifiés dans les secteurs de l’informatique, des télécommunications, de l’ingénierie et de la R&D.  Une proportion moindre de 57 % a été localisée dans les secteurs du transport, de la logistique et du tourisme. Pour d’autres pans d’activité comme la construction, de nombreux cadres ont alterné télétravail et présence sur site ;
  • Le recours au télétravail à plein temps pour les cadres a été massif et intense. Avec le confinement, le taux est passé de 2 % à 61 % au niveau national et plus encore en Île-de-France (70 %).

Les cadres RH sursollicités

  • Certaines fonctions ont été sursollicitées pendant le confinement, à commencer par les métiers du social et de la santé (47 %) ou des ressources humaines (40 %).
  • Un tiers d’entre eux ont connu une période d’arrêt de travail ou d’activité partielle, notamment dans les secteurs les plus impactés par le confinement, comme les transports, la logistique et le tourisme (54 %), la construction (50 %), le commerce (45 %) et l’industrie (40 %) ;
  • Un cadre télétravailleur sur cinq dit avoir connu de ce fait une charge de travail moins importante que d’habitude, notamment dans les fonctions commerciales (50 %), en TPE (40 %) ou dans le secteur du transport, de la logistique et du tourisme (48 %) ;

Un recours plus exposé aux outils collaboratifs

  • Avant la crise sanitaire, les cadres utilisaient principalement le mail (76 %) et le téléphone (65 %) pour communiquer avec leurs managers en télétravail. 43 % avaient déjà recours aux outils collaboratifs et à la visioconférence mais leur usage restait l’apanage des télétravailleurs intensifs (62 %) ;
  • Àvec le confinement, les usages se sont intensifiés. 65 % des cadres en télétravail ont eu recours à ce type d’outils pour communiquer avec leur manager et plus encore pour échanger avec leurs collègues (70 %).

Les cadres veulent poursuivre le télétravail

  • En dépit d’une mise en œuvre précipitée et de conditions difficiles durant le confinement, 83 % des cadres souhaitent poursuivre l’expérience du télétravail :
    • 72 % de façon régulière (au moins un jour par semaine) ;
    • 11 % à titre occasionnel.
  • Les femmes aspirent davantage que les hommes à télétravailler régulièrement (75 % contre 70 %)

Le fait de résider en Île-de-France stimule davantage : en raison des temps de trajet souvent supérieurs à une heure par jour pour la moitié des cadres, le télétravail séduit davantage les cadres prêt à y recourir au moins une fois par semaine.

Prêt pour 2 à 3 jours de télétravail par semaine

  • À l’avenir, les cadres tendent à privilégier, pour près de la moitié d’entre eux (47 %), l’option de deux à trois jours de travail à distance par semaine ;
  • Une majorité de cadres (56 %) considèrent que les équipes doivent pouvoir se retrouver ensemble au moins une fois par semaine dans les locaux de leur entreprise. Ce besoin est exprimé plus fortement par :
    • Les cadres des ressources humaines (63 %) ;
    • Les managers (62 %).

Un facteur d’attractivité encore peu valorisé

  • Pour plus des deux tiers des cadres (69 %), le fait de pouvoir télétravailler constitue aujourd’hui un critère important dans le choix de leur entreprise, et plus encore parmi :
    • Les femmes (72 %) ;
    • Les cadres franciliens (73 %) ;
    • Les cadres de moins de 30 ans (76 %).

Un besoin de formation exprimés, notamment par les cadres RH

  • 62 % des cadres seraient aujourd’hui intéressés par une formation sur les bonnes pratiques et les retours d’expérience en matière de télétravail ;
  • Ce besoin d’accompagnement, logiquement plus fort parmi les cadres souhaitant télétravailler de façon régulière, est également prégnant parmi :
    • Les cadres managers (68 %) ;
    • Les professionnels des ressources humaines (74 %).

Les spécificités du travail à distance nécessitent d’adopter de nouveaux comportements pour aménager son espace et sa journée de travail, mais également pour se prémunir contre les potentiels effets pervers du télétravail :

  • troubles de l’attention ;
  • sentiment d’isolement;
  • porosité entre vie professionnelle et privée.

Méthodologie

Cette étude repose sur plusieurs sources de données :

• 1. Une analyse documentaire des principales études de référence publiées sur le sujet au cours des trois dernières années, sous l’angle de la pratique du télétravail, de son impact sur les conditions de travail ou encore de sa perception par les salariés et les managers.

• 2. Deux enquêtes en ligne réalisées auprès d’échantillons de cadres : la première, en février-mars 2020, avant le premier confinement (3 171 cadres interrogés) et la seconde, en septembre-octobre 2020, entre le premier et le second confinement (2 025 cadres interrogés). Dans les deux cas, l’échantillon a été structuré en s’appuyant sur les données DADS de l’Insee pour être représentatif des cadres du secteur privé en emploi selon les variables suivantes : sexe, âge, secteur d’activité, taille d’entreprise et région.

• 3. L’exhaustivité des offres d’emploi cadre publiées sur apec.fr de janvier 2017 à juin 2020, afin d’identifier la part des offres mentionnant la notion de télétravail ou des expressions analogues (home office, remote work, etc.) dans le descriptif des missions, le profil recherché ou la description de l’entreprise.