Workplace from Meta, c’est fini : « Elle n’a pas su s’intégrer à l’environnement de travail » (Lecko)

C’est un tournant remarqué dans le business de Meta (ex-Facebook). Le groupe numérique de Mark Zuckerberg a décidé de fermer sa plateforme collaborative Workplace from Meta exploitée en mode BtoB.

La création de l’ex-Facebook at Work remonte à 2015. Elle avait changé de nom rapidement en Workplace from Facebook en 2016. Puis, elle a adopté la marque Workplace from Meta après le changement de dénomination corporate du groupe courant 2021.

En mai 2021, Workplace from Meta affichait une base de 7 millions d’utilisateurs payants dans le monde.

En Europe, en 9 ans d’exploitation, des clients grands comptes comme Virgin Atlantic, Club Med ou Danone ont adopté Workplace from Meta.

Dans cette région, une dizaine d’intégrateurs technologiques étaient devenus des partenaires comme Hardis Group, Keyrus ou Revevol. 

Workplace from Meta : échéancier de fermeture fixé

« Nous avons décidé de cesser l’exploitation de Workplace pour nous concentrer sur le développement des technologies IA et de métaverses. Celles-ci transformeront fondamentalement la manière de travailler », indique un porte-parole de Meta à Reuters le 14 mais 2024.

« Nous comprenons que cette décision engendrera des difficultés pour les entreprises, les organisations et les partenaires qui utilisent Workplace chaque jour. Nous allons tout faire pour que la transition soit aussi fluide que possible », indique un espace de questions-réponses sur Workplace from Meta qui fournit des précisions sur l’échéancier.

• Jusqu’au 31 août 2025 : usage normal de Workplace ;
• Du 1^er septembre 2025 au 31 mais 2026 : accessibilité unique en lecture et possibilité de téléchargement de données existantes.
• Le 1^er juin 2026 : arrêt définitif de Workplace (accès révoqué et espace supprimé).

Pour la migration du service, Workplace from Meta recommande Workvivo by Zoom.

« Nous collaborerons avec Zoom pour fournir des outils et des services supplémentaires afin de faciliter la transition de Workplace vers le produit Workvivo de Zoom », est-il indiqué sur l’espace de questions-réponses sur Workplace from Meta. 

Le point de vue de l’expert : Arnaud Rayrole, CEO de Lecko

Le fondateur du cabinet Lecko de conseil en organisation et fournisseur de solutions pour accompagner la transformation numérique (notamment Greet qui fait partie du programme d’incubation de start-ups HR Tech récemment inauguré à Station F avec Le Lab RH et Deel) commente l’arrêt de la plateforme collaborative de Meta.

• « Meta (ex-Facebook) a abordé le marché avec confiance, pensant que les employés adopteraient facilement leur plateforme d’entreprise, semblable à celle que tout le monde utilise déjà. Cela a bien fonctionné pour les employés sur le terrain grâce à une application mobile sans équivalent chez les concurrents ;
• Cependant, Workplace from Meta n’a pas réussi à persuader les DSI et les directions de la communication interne car la plateforme n'était pas intégrée à l’environnement de travail et faisait compétition avec les intranets », déclare Arnaud Rayrole, CEO de Lecko, en réaction à l’arrêt de Workplace from Meta.

Champ concurrentiel

• « Finalement, Meta a bien plus concurrencé Microsoft et Google avec WhatsApp qu’avec Workplace. Aujourd’hui les collaborateurs jusqu’aux top managers utilisent WhatsApp quotidiennement en dehors de tout contrôle de l’entreprise ;
• Meta a élevé le niveau sur les applications mobiles et l’UX en général. Il a probablement conduit Microsoft à ne pas abandonner Yammer (rebaptisé Viva Engage) alors qu’ils lançaient en parallèle Teams avec un fort chevauchement fonctionnel », déclare Arnaud Rayrole.

La suite pour les clients après l’arrêt de Workplace from Meta

• « Le capital constitué se trouve dans les usages développés, pas dans les contenus partagés. Il ne sert à rien de viser une reprise des échanges des communautés ;
• C’est l’occasion d’évaluer les pratiques existantes pour capitaliser dessus et adapter la gouvernance à l’aune de ces enseignements. 
• Aujourd’hui, les technologies et la maturité des attentes ont beaucoup progressé. Par exemple, l’arrivée de l’IA et des bots conversationnels offrent de nouvelles opportunités pour faciliter l’accès à l’information.
• De même, les enjeux sont moins de connecter et partager l’information que de maîtriser l’hyper-connexion et l’infobésité pour regagner en efficacité et préserver les collaborateurs d’une fatigue cognitive croissante », déclare déclare Arnaud Rayrole.