Masterclass de Charles Gorintin, CTO d’Alan : « Les projets IA : 10 % de technique, 90 % d’humain »
Dans une session en présentiel organisée le 26 juin dans les locaux d’Alan, Charles Gorintin, cofondateur de la société technologique spécialisée dans l’assurance santé, et Maxime Le Bras, Responsable Recrutement, ont témoigné de leur expérience de l’usage de l’IA.

C’était un afterwork rafraîchissant qui a été organisé dans les locaux parisiens d’Alan pour clore une journée plombée par la chaleur.
Le 26 juin, Charles Gorintin, cofondateur & CTO d’Alan (société spécialisée dans l’assurance santé à l’ère du numérique et de l’IA) et Maxime Le Bras, Responsable Recrutement chez Alan, ont animé une masterclass IA sur le thème « Au-delà des mythes : Dépassez les idées reçues ».
En première partie, Charles Gorintin a expliqué comment Alan a fait de l’IA un véritable levier culturel, au-delà de la performance opérationnelle.
Maxime Le Bras a pris le relais pour animer la seconde partie consacrée à un exercice plus interactif avec le public présent dans les locaux d’Alan autour d’un quiz relatif aux contrevérités qui circulent à propos de l’IA.
L’occasion également de mettre en exergue le guide : « Démystifier l’IA, réussir la transformation de votre organisation » coécrit par Charles Gorintin et Maxime Le Bras.
Charles Gorintin, Alan : « L’appétence et l’usage des outils IA sont un critère d’embauche »
Accélération des progrès IA

« Nous entendons parler de l’IA chaque jour mais elle a du mal à entrer dans les organisations. Après les grandes promesses, on arrive la réalité : comment mettre en place dans les organisations des outils d’IA ?
74 % des projets IA sont bloqués à la phase pilote donc ils échouent. En règle générale, les projets sont portés d’un point de vue technique par la DSI mais personne ne se les approprie. La plus importante question est donc l’adoption des usages en entreprise, une fois l’euphorie passée.
- À part quelques organisations à la pointe de l’IA dans la Silicon Valley, la plupart des organisations sont complètement à la traîne.
- L’innovation va trop vite. Si l’on décidait de glacer la recherche en IA aujourd’hui, nous pourrions échelonner l’exploitation de l’innovation développée récemment (LLM, images, voix, vidéo…) et son adoption en entreprise sur les 10 prochaines années. L’innovation s’accélère à certains endroits.
- Le point de vue de Gary Tan, Président et CEO de Y Combinator, le célèbre incubateur de start-up de San Francisco, est intéressant : pour 25 % des start-up récemment intégrées, 95 % du code est généré par l’IA.
- Nous passons du « nice to have » à « must have ». Le plus risque, c’est l’immobilisme. La question est donc de savoir comment repérer les usages IA qui vont marcher et les propulser très vite au sein des entreprises. »
Appétence individuelle et collective vis-à-vis de l’IA
« Dès 2015 chez Alan, nous avons décidé de faire partie de ces pionniers pour l’adoption de l’IA. Cela n’avait rien à voir avec ce qu’il existe maintenant. Nous avons mis l’IA au service de notre mission dans le secteur de l’assurance en retard. C’est une boussole incarnée par des choix concrets au quotidien.
L’appétence et l’usage des outils IA sont un critère d’embauche chez Alan. 100 % de nos collaborateurs l’utilisent chaque semaine. Investissements dédiés, ressources… C’est une attente de notre part : que chacun adopte l’IA. C’est aussi un objectif collectif pour développer les performances des équipes.
Les résultats sont tangibles :
- Nous observons des gains de 30 % de productivité commerciale grâce à l’IA.
- Nous sommes arrivés à 20 % des réponses complètement automatisés pour notre service client. »
3 éléments pour créer une culture IA
« La seule technologie IA ou la dernière génération de GPU ne suffit jamais. Les projets IA, c’est 10 % de technique et 90 % d’humain. Ce qui fait gagner, ce sont les habitudes, les encouragements et la confiance partagée.
Peter Drucker [N.D.L.R. : présenté comme l’inventeur du management moderne] disait : “La culture mange la stratégie au petit-déjeuner”. C’est-à-dire qu’une super stratégie sans culture tombe à plat à la fin.
Il faut donc créer une culture propice à l’IA. Cela repose sur 3 éléments :
- culture de l’écrit et de la transparence,
- focus organisationnel,
- gestion du changement importante pas à pas. »
Le framework IA d’Alan
« Il faut donner une impulsion pour l’usage de l’IA, qui doit être valorisé en entreprise. C’est important de dépasser les idées reçues, de décentraliser pour donner chacun l’envie d’explorer, fournir les outils IA qui magnifient la créativité, aller plus loin et être plus productif.
Tous les processus en entreprise peuvent être ré-inventés sous ce prisme pour améliorer la qualité et la satisfaction client. Enfin, il faut avoir de l’audace pour créer de nouvelles choses avec l’IA.
C’est notre framework avec l’IA que nous avons adopté chez Alan : rendre utile, simple, efficace mais aussi fun. »
« Collapse of the Talent Stack » : faire plus mais avec moins dans un projet IA
Une autre remarque intéressante a été émise sur les transformations liées à l’exploitation de l’IA chez Alan lors de la session de questions-réponses post-intervention de Charles Gorintin :
« • Nous observons un effet que l’on appelle en anglais ‘Collapse of the Talent Stack’ (littéralement « affaissement de la pile de talents »). C’est-à-dire que, sur un projet donné, nous avons besoin de beaucoup moins de personnes avec l’appui de l’IA. On peut passer d’une équipe de 10 à 3 personnes pour un résultat similaire.
• Illustration : j’ai créé le site Web d’un prochain événement en faisant juste appel à un designer alors qu’auparavant, des ingénieurs et des marketers auraient été embarqués dans le projet. »
Un gain de productivité qui permet de réinvestir en qualité ou en quantité le temps et les ressources libérées sur d’autres projets, de réduire les effectifs ou de réduire le temps de travail. Les options sont différentes en fonction des organisations ou elles peuvent être mixées, selon le CTO d’Alan.