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Loïc Soubeyrand, Swile : « Le DRH décisionnaire et prescripteur de nos offres d’avantages salariés »


Avec les indicateurs financiers qui tournent au vert, Swile repart à l’assaut du marché des avantages salariés. Il dépasse ce cadre en cherchant « à unifier l’expérience de paiement des collaborateurs à travers sa carte et son application », selon le CEO Loïc Soubeyrand.

Loïc Soubeyrand, CEO de Swile : les nouveaux projets en 2025 après avoir intégré Bimpli - © SEB_DHALLOY
Loïc Soubeyrand, CEO de Swile : les nouveaux projets en 2025 après avoir intégré Bimpli - © SEB_DHALLOY

Dans l’effervescence du marché des avantages salariés, Swile sort la tête de l’eau après avoir digéré le rachat de son concurrent Bimpli annoncé dès juillet 2022.

En 2024, Swile, qui se range dans la catégorie « WorkTech », a réalisé un chiffre d’affaires de 204 millions d’euros, un Ebitda de 36 millions d’euros, et un premier résultat net positif (+ 2 millions d’euros), selon les résultats financiers 2024 publiés le 29 avril 2025.

Avec les indicateurs financiers qui tournent au vert, il est temps de repartir à l’offensive avec de belles prises confirmées ou acquises parmi ses références clients : Carrefour, France Travail, ministère de l’Économie et SNCF.

Elle dispose désormais de 85 000 entreprises clientes et 6 millions d’utilisateurs finals, s’ouvre au marché des voyages d’affaires et de la gestion des frais professionnels.

Le point avec Loïc Soubeyrand, CEO et cofondateur de Swile.

Vous évoquez une intégration « quasi finalisée » de Bimpli au sein de Swile. Que reste-t-il à achever ?

  • Sur le volume d’affaires, nous aurons migré 80 % du volume d’affaires de Bimpli vers la plateforme Swile d’ici fin 2025. Nous parlons de plusieurs milliards d’euros puisque l’activité de Bimpli était plus importante que celle de Swile (4,2 milliards d’euros au total à la fin de l’exercice 2 024). Le résidu est lié à des marchés publics que nous devons continuer à honorer sur la plateforme Bimpli jusqu’au terme de chacun des contrats jusqu’à fin 2027.
  • D’un point de vue technologique, la plateforme Bimpli est maintenue mais elle n’est pas développée. L’objectif est de faire migrer les clients sur celle de Swile pour bénéficier de toutes nos nouvelles fonctionnalités.
  • En matière de gestion RH, nous sommes passés de 1 000 personnes au moment du rapprochement à 850 personnes aujourd’hui. Pendant deux ans, nous avons été en phase de stabilisation pour digérer le deal. Il n’y a pas eu de PSE, nous avons juste procédé à des départs individuels non remplacés et des rôles en doublon ont été supprimés. Nous repartons désormais de l’avant. Si nous voulons tenir notre plan ambitieux, à la fois technologique et commercial, nous allons recruter à nouveau assez fort avec une centaine de postes ouverts.
  • Pour le périmètre géographique de Swile, nous nous concentrons sur deux marchés : la France et le Brésil (un million d’utilisateurs au niveau local).

Comment évolue la configuration des offres d’avantages salariés de Swile ? Sur quelles nouveautés travaillez-vous ?

Swile a vocation à unifier l’expérience de paiement des collaborateurs à travers notre carte et notre application, tout en diversifiant les produits. Avec la gestion des frais professionnels, nous dépassons l’approche de gestion des avantages salariés.

En l’état actuel, nous gérons sept offres à travers Swile (titres-restaurant, loisirs, cadeaux, vacances, mobilité durable, gestion des voyages d’affaires et des frais professionnels).

Nous avons lancé plusieurs nouveaux produits :

  • le forfait mobilités durables, sorti en mars, qui permet à l’employeur de participer au financement des trajets domicile-travail réalisés avec des mobilités alternatives ou douces (vélo et trottinette) ;
  • l’offre Avantage Vacances, destinée à un usage dans le cadre des vacances (hébergement, transport, culture et sport, loisirs…) à destination des CSE ;
  • l’offre dédiée aux voyages d’affaires et à la gestion des frais professionnels, liée au rachat d’Okarito en mai 2022. Nous avons déjà 2 000 clients.

Sur l’ensemble des profils de décisionnaires que vous touchez à travers Swile, comment considérez-vous la place du DRH ?

Tout ce qui concerne les titres-restaurant, c’est vraiment l’apanage des DRH qui se retrouvent à la fois dans un rôle de décisionnaire mais aussi de prescripteur auprès des autres fonctions pour adopter l’offre Swile.

À côté, les titres cadeaux et les avantages vacances concernent surtout les CSE.

Avec la gestion des voyages d’affaires et des frais professionnels, ce sont plutôt les DAF et directeurs achats qui prennent la main.

Au regard du contexte économique actuel tendu, parvenez-vous à maintenir votre dynamique commerciale ou observez-vous un ralentissement dans l’acquisition de nouveaux clients ?

Swile continue d’avoir une superbe dynamique pour plusieurs raisons :

  • Le marché est hyper-résilient, quel que soit le contexte et notamment en période d’inflation, avec des employeurs qui distribuent de plus en plus d’avantages salariés pour compenser la perte de pouvoir d’achat ;
  • 20 % du marché des titres-restaurant restent du papier. Ce qui correspond à un volume d’affaires de 2 milliards d’euros en circulation pour simplifier. Nous suivons l’évolution des usages avec attention car Swile est le leader de la dématérialisation (39 % de parts de marché). Nous voulons être prêts quand les entreprises décideront de passer du papier à la carte.
  • Le marché est conduit par des organisations primo-accédantes aux avantages salariés, avec les titres-restaurant et les cartes cadeaux en produits d’appel. Les avantages salariés sont un super mécanisme pour la fidélisation des collaborateurs à moindre coût, compte tenu du dispositif d’exonération de charges sociales.

Pouvez-vous apporter des précisions sur les quatre accords signés avec des clients grands comptes entre le secteur public et privé ?

  • Nous venons de renouveler le contrat pour quatre ans avec le groupe Carrefour remporté en 2021. Nous considérions ce contrat comme une vraie prise de guerre audacieuse à l’époque. Avec l’appui de Bimpli, leader sur le secteur public, nous avons pu marquer des points significatifs.
  • Le ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, qui avait initialement souscrit à l’offre Bimpli, s’est engagé sous la bannière Swile pour quatre ans. Nous avons remporté ce marché par appel d’offres ;
  • Un scénario similaire est survenu pour gagner le contrat avec France Travail, sur un engagement de quatre ans là aussi ;
  • Pour le groupe SNCF, qui était aussi chez Bimpli auparavant, cela va plus loin puisque nous avons signé un contrat sur huit ans. Sur ces quatre références en cumul, nous touchons environ 200 000 utilisateurs.

Dans quelle mesure exploitez-vous l’intelligence artificielle ?

Nous exploitons du machine learning et de l’IA générative en interne. Elle ne révolutionnera pas notre secteur. En revanche, elle permettra d’optimiser nos process. Nous travaillons avec Mistral AI et Open AI dans ce sens.

De votre point de vue, quand la dématérialisation à 100 % des titres-restaurant sera-t-elle effective ?

L’échéance a été repoussée plusieurs fois, faute de stabilité politique et parlementaire… Il existe un vrai consensus, partagé par toutes les parties prenantes sur le sujet, pour acter la fin des titres-restaurant en papier.

Le Gouvernement pourrait communiquer sur le sujet d’ici mi-juin. Nous pourrions ensuite aboutir à une réforme mise en vigueur entre fin 2025 et début 2026.

Concepts clés et définitions : #DRH ou directeur des ressources humaines