Les tendances RH vues par Talentsoft : l’IA appelle à changer les organisations
Par Philippe Guerrier | Le | Gestion des talents
Alexandre Pachulski, co-fondateur et Chief Product Officer de Talentsoft, s’est plié à l’exercice des tendances RH en ce début 2020. Il fait la part belle à l’intelligence artificielle.
Talentsoft a intégré le classement #Next40, soutenu par le secrétariat d’Etat au Numérique, qui permet de favoriser le visibilité des plus belles pépites de start-up en France. En janvier 2019, l’éditeur de logiciels de formation et de gestion du capital humain accessibles dans le cloud (mode SaaS) a bénéficié d’une levée de fonds de 45 millions d’euros auprès de Francisco Partners, Bpifrance et Goldman Sachs. Depuis sa création en 2007 par un trio d’associés (Jean Stéphane Arcis, Alexandre Pachulski et Joël Bentolila), le fournisseur de solutions RH Tech a cumulé un financement de 96 millions d’euros.
Le 16 janvier dernier, Talensoft a organisé une conférence de presse de rentrée pour souligner les tendances RH en cette nouvelle année. La session a été animée par Alexandre Pachulski, qui occupe les fonctions de Chief Product Officer.
Les enjeux sont multiples de son point de vue : « Beaucoup de contradictions entrent en jeu lorsqu’il s’agit d’analyser les grandes tendances RH cette année : entre challenges psychosociaux et humains, capacité à aligner des profils différents autour de projets communs grâce aux nouvelles technologies, qui peuvent apporter beaucoup au renouvellement du monde du travail et, donc, de la société et la mise en place d’un climat de confiance vis-à-vis de ces mêmes technologies, alors que les actualités des GAFA et la disparition de certains métiers tendent à les diaboliser. »
Formation : prendre en main son parcours, oubliez les plans de carrière
Le co-fondateur de Talentsoft recommande aux employés de se prendre en main. Car, en matière de formation professionnelle, la donne a changé depuis la fin de l’année dernière avec le lancement de l’application officielle Mon compte formation. « Les RH et le manager ne vous apporteront plus les réponses », commente Alexandre Pachulski. « Les enjeux impliquent, plus que jamais, un questionnement sur soi. En effet, habituellement, les questions de ‘qui je veux être’ ou de ‘ce que je veux faire’ ne sont jamais abordées ou ne constituent pas une priorité. Les ‘plans de carrière’, ‘la mobilité’ (verticale, horizontale)…toutes ces notions appartiennent à un champ lexical voué à disparaître. » « L’engagement citoyen » sera davantage pris en considération comme « facteur de motivation dans les organisations. » Ce qui passe par « un manager capable d’écoute et d’empathie », par « une direction RH en mesure de créer les conditions adaptées » et « un nouveau modèle éducatif ».
IA : dépasser la vision Netflix
L’essor de l’intelligence artificiel dans les outils mis à disposition des DRH est trop souvent comme des « Netflix de la formation » à prendre sous l’angle « d’algorithme de recommandation », évoque Alexandre Pachulski. « Il ne faut pas la voir comme un outil de personnalisation uniquement, plus comme un vecteur d’ouverture de chakra ». « L’IA doit pouvoir pousser des contenus vers lesquels nous ne nous orienterions pas naturellement. Il y a donc un chemin technologique, notamment via le machine learning, à parcourir, qui passera par le partage des bases de données », évoque le co-fondateur de Talentsoft.
« Les changements induits pas les technologies, notamment l’IA, demandent des changements au niveau organisationnel pour être exploités à bon escient. L’objectif est d’obtenir un modèle de consentement des collaborateurs à partager leurs données », poursuit-il. Mais il faut développer un climat de « confiance » et de « transparence » et favoriser « l’explicabilité » dans la collectes de données. « Dans le monde de l’entreprise également, les données doivent appartenir aux gens, pas aux RH. Leur laisser le choix est plus pertinent d’un point de vue éthique », évoque le manager dans cette exercice de décryptage des tendances perçues par Talensoft dans son domaine de prédilection.
Favoriser la diversité dans l’équipe
Alexandre Pachulski veut briser le mythe alimenté dans l’univers RH du « 1+1=3 ». « Les entreprises cherchent les experts de chaque domaine et ne se demandent presque jamais dans quelle mesure cette ‘dream team’, qui en est une seulement sur le papier, sera capable de mettre en place un collectif efficace », avance-t-il. « Les entreprises gagneraient donc à chercher à créer des équipes diverses, très pluri-disciplinaires, capables de créer des solutions et apporter un regard plus large sur un problème en particulier. »