Clément Têtu, Pépite : « Les anciens militaires ont envie de se reconvertir rapidement »
Pépite est un cabinet de recrutement spécialisé sur les profils d’ex-militaires. Son fondateur Clément Têtu explique comment ouvrir une passerelle entre le monde militaire et celui de l’entreprise.

Le saviez-vous ? Chaque année, entre 20 000 et 30 000 militaires quittent l’armée à l’âge de 30 ans en moyenne. sachant que l’on recense 200 000 militaires en France et 40 000 réservistes.
Comment se passe la reconversion des anciens militaires dans la société civile ?
Clément Têtu, fondateur de Pépite, nous en donne un aperçu après le traditionnel défilé militaire du 14 juillet.
Ce cabinet RH ouvre une passerelle entre le monde militaire et celui de l’entreprise.
« C’est la force de notre vivier (10 000 ex-militaires) et la finesse de la sélection réalisée par Pépite qui permet de travailler avec une infinité de secteurs : logistique, industrie, grande distribution, BTP, assurances… », déclare Clément Têtu.
Comment Pépite s’engage-t-il dans la reconversion des militaires ?
La raison d’être de Pépite est de valoriser les profils d’ex-militaires et de permettre aux 150 entreprises clientes de capter cette manne de talent.
L’accompagnement en tant que tel des militaires pour leur reconversion est réalisé par une structure dédiée au ministère des Armées : Défense Mobilité.
Pépite se positionne comme un cabinet de recrutement spécialisé sur les profils d’ex-militaires.
Les entreprises font appel à nos services parce qu’elles souhaitent en recruter, qu’ils soient en cours de reconversion ou déjà reconvertis depuis plusieurs années.
Parallèlement, nous alimentons en continu notre vivier d’ex-militaires et d’ouvrir le champ du possible.
- Prenons l’exemple d’un chef de groupe chez les commandos marine (unité au sein de laquelle j’ai eu la chance de servir) qui s’est retrouvé agent de sécurité à la suite de déconvenues professionnelles liées à son départ de l’institution.
- Son potentiel n’est pas exploité.
- Nous l’avons alors placé chez un client sur un poste de manager des opérations dans l’industrie aéronautique avec 50 personnes sous sa responsabilité.
Quels services proposez-vous aux anciens militaires ?
Nous leur apportons le maximum de valeur pour les mettre en réussite lors du processus de recrutement.
Typiquement, nous allons traduire sur un CV leur carrière militaire en un parcours professionnel attractif et compréhensible pour une entreprise ou refaire leur CV. C’est souvent un exercice nouveau pour ces profils. Nous allons ensuite les conseiller avant leurs entretiens chez les entreprises clientes, grâce à des grilles d’entretien à blanc.
Finalement, c’est un travail de posture et d’éléments de langage que l’on réalise avec les différents candidats. Nous conseillons aussi nos candidats sur les enjeux de négociations salariales.
Nous ne faisons pas de sectarisme. Dans notre vivier de 10 000 personnes, nous avons des militaires issus des différentes armées. En termes de grades militaires, on va aussi adresser des militaires du rang, des sous-officiers et des officiers.
Une moyenne de 30 ans observée lorsque l’on quitte l’armée, c’est finalement jeune. Combien de temps dure vraiment une carrière militaire ?
Le parcours militaire s’échelonne en moyenne sur une dizaine d’années après une intégration qui arrive souvent entre 18 et 19 ans.
Au-delà des volumes de départ (entre 20 000 et 30 000 militaires par an), il faut analyser la tendance sous le prisme de l’organisation des armées.
Le métier de militaire étant éprouvant physiquement, il nécessite d’avoir des ressources jeunes. Les armées sont organisées pour renouveler chaque année 10 % des effectifs afin d’avoir continuellement des ressources jeunes à intégrer dans les rangs.
Cela se matérialise par exemple avec la proposition de contrats courts (d’une durée de 3, 4, 5 ans) après lesquels certains militaires ne rempilent pas pour voguer vers d’autres horizons.
Avec le recul, 30 ans (qui est l’âge moyen des militaires quittant l’institution) correspond à la période où des militaires se posent pour construire et fonder leur famille en devenant plus sédentaire. Cela fait partie des raisons qui les amènent à quitter l’institution pour rejoindre le monde civil.
Comment se passe la transition entre vie militaire et intégration dans la société civile ?
Les anciens militaires ont envie de se reconvertir rapidement.
Pendant toute leur carrière, les militaires ont mené une vie avec une certaine adrénaline. Leur objectif en y sortant est de garder une forme d’excitation et de simulation. Ils veulent rebondir vite et montrer leur dynamisme dans leur nouvelle vie professionnelle.
Le point majeur que l’on constate, c’est qu’il y a très souvent une forme de méconnaissance du marché de l’emploi. Souvent, les militaires ne sont pas conscients de l’étendue de ce qu’ils peuvent faire entre les secteurs d’activité, les métiers, et les compétences.
Ils ont aussi du mal à se positionner au bon niveau de la chaîne hiérarchique et ont tendance parfois à se dévaloriser par rapport à ce à quoi ils peuvent prétendre.
De l’autre côté, comment les entreprises accueillent les candidatures d’anciens militaires ?
La perception est excellente et c’est d’ailleurs pour cela que nous avons très vite eu un important nombre de clients. Notre métier n’est pas de faire du prosélytisme par rapport aux profils des anciens militaires.
Lorsque les entreprises font appel à notre service, elles sont déjà convaincues de la pertinence des talents.
Elles nous sollicitent pour trouver les perles rares. Typiquement, elles se montrent intéressées par les valeurs et l’état d’esprit, tels que le sens de la mission, l’engagement, le sens du travail bien fait.
Depuis plusieurs mois, force est de constater que les entreprises naviguent dans un contexte économique incertain. Le fait d’embarquer des anciens militaires qui montrent une certaine résilience, c’est un facteur rassurant au quotidien.
C’est la force de notre vivier et la finesse de la sélection réalisée par Pépite qui permet de travailler avec une infinité de secteurs : logistique, industrie, grande distribution, BTP, assurances…
Les anciens militaires ne sont-ils pas déçus du niveau de rémunération entre leur solde et les salaires pratiqués dans le secteur privé ?
Il y avait une légende urbaine dans ce sens : certains militaires pensaient que, dans le secteur privé, les salaires étaient pharaoniques. Elle a tendance à s’estomper.
Pour une simple et bonne raison : les militaires prennent conscience qu’ils sont plutôt bien payés au sein de l’institution. Les militaires ne vivent pas en vase clos. Ils discutent bien entendu avec leurs amis et conjoints qui travaillent dans le monde de l’entreprise aussi.
Finalement, cette notion de rémunération, ils la connaissent. Ce n’est donc pas forcément une surprise majeure.
(Extrait d’une interview diffusée sur News Tank RH le 15 juillet 2022. Pour bénéficier d’un accès Découverte)