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Quand la cybersécurité se met à identifier les soft skills pour les RSSI

Par Philippe Guerrier | Le | Motivation & engagement

C’est une première pour les Assises de la sécurité 2022 : une table ronde spécial « soft skills & responsables de la sécurité des systèmes d’information » pour dépasser l’angle purement technologique. Le point avec un panel d’experts ayant une affinité RH.

« Comment le RSSI doit-il se former aux soft skills » : table ronde des Assises de la sécurité 2022 - © D.R.
« Comment le RSSI doit-il se former aux soft skills » : table ronde des Assises de la sécurité 2022 - © D.R.

Pour sa 26ème édition, Les Assises de la Sécurité, qui se sont déroulées la semaine dernière à Monaco, se sont ouvertes aux problématiques de gestion RH dans le domaine de la cybersécurité sur fond de :

  • dynamique sectorielle (un marché mondial à 150 milliards de dollars en 2021 selon le cabinet d’études Gartner),
  • de pénurie de compétences,
  • d’émergence de nouveaux métiers.

Lors d’une table ronde organisée le 12 octobre et intitulée « Comment le RSSI doit-il se former aux soft skills ? », un panel d’experts français, issus de cercles de professionnels de la cyber (CESIN et/ou CLUSIF), a apporté des éléments de réflexion sur les qualités transversales essentielles à un responsable de la sécurité des systèmes d’information (RSSI). 

« Les soft skills en cybersécurité à traiter de manière collective » (Sabrine Guiheneuf)

« Nous devons rester dans la négociation constructive pour répondre aux besoins métiers », déclare Sabrine Guiheneuf, RSSI Unibail-Rodamco-Westfield et administratrice du CESIN.

« Il est difficile de parler de la même manière à un expert cyber opérationnel et à un membre d’un Comex. Les soft skills sont importantes dans ce cas-là et cela ne s’apprend pas dans les filières d’ingénieurs. C’est une question qui n’a pas encore été vraiment traitée de manière collective dans le secteur cyber. Il y a aussi des dimensions interculturelles et de leadership à prendre en compte. »

Adapter notre langage à nos interlocuteurs

« Nous devons rester dans la négociation constructive pour répondre aux besoins du métier et adapter notre langage à nos interlocuteurs qui ne sont pas tous des experts cyber. Cela va de pair avec la capacité de réaliser du networking en interne. »

« Je dispose d’un accompagnement important de mon management pour améliorer mes soft skills sous forme de coaching. J’ai la possibilité de demander des formations mais il reste à déterminer leur intérêt. C’est important de savoir sur quels points on veut progresser. »

« L’acquisition de soft skills dans ma vie professionnelle a été bénéfique pour gagner du temps dans ma vie personnelle. Même si cela demande un petit investissement en termes de temps consacré (une heure ou deux). Mais, après, on se montre plus percutant pour demander un recrutement ou un budget au sein de son organisation. »

Comment le RSSI doit se former aux soft skills ? - © D.R.
Comment le RSSI doit se former aux soft skills ? - © D.R.

« Savoir influencer les autres et avoir du leadership »(Gérard Le Comte)

« Nous devons faire oublier notre image de RSSI policier et accompagner les métiers dans la création de valeur », indique Gérard Le Comte, directeur de Programmes Cyber sécurité de Société Générale, coach professionnel, et mentor, membre du CLUSIF et du CESIN.

« Les RSSI devraient être davantage présents dans des boards et davantage communiquer avec le CEO. C’est une tendance que l’on voit dans les grandes entreprises. La communication passe désormais avec des interlocuteurs au-delà de ceux issus de la filière de formations numériques. Il faut savoir influencer les autres et avoir du leadership au niveau de l’entreprise et des propres équipes », selon Gérard Le Comte.

« Autre sujet à suivre : comment attirer les personnes dans la cyber ? Le leadership, incluant un volet de personal branding, est important pour donner envie aux personnes de venir travailler avec vous. Cela fait partie des soft skills. »

« La dimension self-awareness - ‘Bien se connaître soi-même’ - est fondamentale. Il est important de voir comment nous apparaissons vis-à-vis des autres pour faciliter les interactions. C’est une question d’intelligence émotionnelle. Il est important de bien capter la communication non verbale. »

« Pour l’amélioration des soft skills, il existe plusieurs voies :

  • La formation,
  • Le coaching sous diverses formes :
    - du manager coaching,
    - du coaching en mode codéveloppement des pratiques professionnelles avec la création d’un groupe de 10 personnes qui s’apportent du conseil entre elles. Cette approche s’est beaucoup développée dans les DRH. Cela s’apparente davantage à du mentorat qu’à du coaching,
    - du peer coaching qui se rapproche davantage du mentorat entre RSSI juniors ou seniors hors de votre secteur de prédilection pour disposer d’une certaine liberté de parole. Cette pratique est adoptée par le CESIN auquel j’ai adhéré également à côté du CLUSIF. »

RSSI_Soft_Skills_PNL - © D.R.
RSSI_Soft_Skills_PNL - © D.R.

« Sortir de ma zone de confort » (Nicolas Vielliard)

« L’empathie est une soft skill importante. En effet, les collaborateurs ne sont pas malveillants. Ils ont juste besoin d’appui pour réaliser leurs propres enjeux opérationnels dans le sens de la pédagogie et de la compréhension », dit Nicolas Vielliard, Cybersecurity Operations Director, Danone, membre du CLUSIF et du CESIN.

« Dans les années 2000, le RSSI était un job de cadre mais il était rare d’atteindre le niveau de cadre supérieur. Aujourd’hui, il est possible d’accéder à des postes de direction non pas grâce à nos connaissances techniques mais à nos soft skills », indique Nicolas Vielliard.

« L’un des principaux objectifs dans ma vie de RSSI a été de me tourner vers les gens que je croise dans les ascenseurs, de sortir de ma zone de confort en parlant à des humains plutôt qu’à des ordinateurs. Ce sont des petites choses qui permettent d’atteindre le niveau supérieur. »

(Adaptation d’un article de News Tank RH publié le 14/10/2022. Accédez à l’offre Découverte.)