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Télétravail : OpenClassrooms poussé à sous-louer une partie de son siège social tout neuf

Par Philippe Guerrier | Le | Workspace

Avec le télétravail intensif, OpenClassrooms, qui propose des formations en ligne, met en sous-location une partie de son quartier général. La crise Covid-19 secoue la gestion de l’immobilier professionnel.

Pierre Dubuc, CEO d’OpenClassrooms : la gestion immobilière à évaluer avec le télétravail massif    - © CHOUKHRI DJE
Pierre Dubuc, CEO d’OpenClassrooms : la gestion immobilière à évaluer avec le télétravail massif - © CHOUKHRI DJE

OpenClassrooms : la sous-location enclenchée au siège social - © OpenClassrooms
OpenClassrooms : la sous-location enclenchée au siège social - © OpenClassrooms

La crise Covid-19 a des impacts par ricochet entre la gestion RH et l’immobilier professionnel. En raison du recours intense au télétravail, OpenClassrooms a décidé de sous-louer une partie de son nouveau siège social. Celui-ci a été inauguré en septembre en présence d’Alain Griset, ministre délégué chargé des Petites et Moyennes Entreprises, et de Mounir Mahjoubi, député de la 19ème circonscription de Paris.

Avec l’appui de Deskeo pour la promotion de l’offre et la détection de clients potentiels, la société technologique, spécialisée dans les formations en ligne, met à disposition un plateau avec 62 postes de travail (sur trois dans le bâtiment), soit environ 300 mètres carrés à privatiser à la découpe si nécessaire avec des espaces spacieux en commun avec l’équipe d’OpenClassrooms, notamment un jardin. Une sous-location qui représente environ un tiers de la superficie globale du siège social parisien de la société technologique ancrée dans le segment EdTech.

Les espaces concernés sont disponibles jusqu’à fin septembre 2021 avec « possibilité de renouvellement », précise l’annonce immobilière. « Nous avons reçu plusieurs marques d’intérêt pour les espaces mis en location. Nous n’avons pas de critères spécifiques pour les profils : associations, startups ou filiales de grands groupes », indique Pierre Dubuc, CEO et cofondateur d’OpenClassrooms

La Covid-19 laisse des traces dans la gestion immobilière 

Nous n’avions pas prévu que nos bureaux soient vides

Le bail professionnel des nouveaux locaux d’OpenClassrooms dans le XIXème arrondissement de Paris a été signé en février 2020. Jusqu’ici, tout allait bien…

« Initialement, nous avions prévu d’aménager dans les nouveaux locaux entre mars et avril 2020. Mais, avec la Covid-19, les travaux ont pris du retard et nos salariés étaient confinés. Au final, les bureaux n’ont vraiment ouvert qu’en septembre », explique Pierre Dubuc.

« Nous pensions avoir besoin de la superficie globale de notre siège pour développer nos activités. Mais force est de constater que l’usage du bureau s’est réduit avec la Covid-19. Sachant que nous avions une politique de télétravail qui était déjà assez ouverte avant la crise. Nous n’avions pas prévu que nos bureaux soient vides », explique notre interlocuteur.

« Nous sommes engagés avec ce bail et cherchons à optimiser la surface immobilière avec la sous-location. Nous présentons cela comme un bonus à notre business model. Tout dépend de l’évolution de la crise Covid-19, avec éventuellement un risque de troisième confinement et un marché immobilier en attente. »

Télétravail : le coworking sert aussi de relais

OpenClassrooms : espace commun au siège social - © D.R.
OpenClassrooms : espace commun au siège social - © D.R.

Depuis septembre, les salariés d’OpenClassrooms peuvent télétravailler de façon permanente s’ils le souhaitent. Que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis.

« Plusieurs dizaines de salariés ont littéralement déménagé à la mer, à la montagne ou à la campagne depuis le début de la crise. Ils ne sont plus à distance raisonnable de nos locaux », poursuit notre interlocuteur.  L’envie de changer de cadre de vie des personnes concernées avec une transition facilitée par l’employeur a accéléré cette tendance à se détacher de la région parisienne.

« Nous percevons aussi cette flexibilité comme un argument en termes de recrutement pour puiser dans des nouveaux pools de talents localisés hors de Paris », précise Pierre Dubuc.

Cet essor du travail à distance ne se concrétise pas uniquement sous le prisme du foyer connecté. Le recours à des tiers lieux comme les espaces de coworking à proximité des domiciles se développe également. Une pratique à intégrer également de manière durable dans la gestion des équipes et de l’organisation du travail. « Nous commençons à avoir plusieurs bureaux satellites temporaires en province, comme à Nantes. »

Malgré le contexte économique difficile, le recrutement s’est poursuivi avec 130 personnes intégrées chez OpenClassrooms courant 2020. La jauge de l’effectif se situe actuellement à 285 collaborateurs. Le mouvement devrait se prolonger l’an prochain avec 150 à 200 recrutements prévus, essentiellement en France.

Cadre du télétravail : une « politique » plutôt qu’un accord formel

• Le télétravail était déjà adopté avant la crise Covid-19 avec deux jours par semaine de télétravail autorisé pour tous les employés.
• Le premier confinement (17 mars - 11 mai 2020) est passé avec un effectif qui a basculé à 100 % en travail à distance.
• A la rentrée de septembre, les salariés ont pu choisir leur mode d’organisation de travail. « Nous avons dit à nos collaborateurs : ‘Vous n’êtes pas obligés de revenir au bureau’. Entre 20 et 40 personnes venaient chaque jour. Le niveau était assez faible : 10 % de l’effectif se déplaçait », évoque Pierre Dubuc.

Difficile d’évoquer du flex-office dans ce cas dans l’enceinte du siège social car l’espace de distanciation ne manque pas. « Nous avions plutôt des postes de travail réservés par collaborateur. Les personnes doivent réserver leur place pour venir travailler au siège social à travers l’application Robin. Le bureau devient un espace privilégié de coworking d’OpenClassrooms », commente le dirigeant.

• Avec le deuxième confinement qui a démarré le 29 octobre, les bureaux ont été fermés. « Nous sommes tous en télétravail pour des raisons de sécurité sanitaire. Mais, même lorsque le niveau d’alerte de la Covid-19 va régresser, les collaborateurs ne reviendront que quelques jours par semaine », précise Pierre Dubuc.

Celui-ci préfère parler de « politique de télétravail » que d’accord formel. « Nous formaliserons un accord probablement en 2021 mais ce n’est pas la priorité. Nous voulions attendre que l’accord national interprofessionnel [ANI] sur le télétravail soit bouclé pour mieux cerner le contexte juridico-règlementaire. » C’est fait depuis le 26 novembre.