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Emploi dans l’IT : une année 2023 sous tension et un ralentissement des recrutements

Par Philippe Guerrier | Le | Marque employeur

Le bilan sur le 2ème semestre 2023 des activités des membres de Numeum dans le secteur du numérique montre un certain tassement des recrutements. Alors que la croissance pour 2024 devrait tourner « au ralenti ».

Numeum : bilan emploi sur le 2ème semestre 2023, perspectives 2024 - © D.R.
Numeum : bilan emploi sur le 2ème semestre 2023, perspectives 2024 - © D.R.
  • « On observe une dynamique positive sur les emplois et les recrutements en 2023 mais dans des proportions moindres qu’en 2022 qualifiée d’année record » ;
  • « 85 % des entreprises du numérique ont des recrutements stables ou en hausse en 2023 » ;
  • « Elles continuent à attirer les jeunes diplômés et les alternants » ; 
  • « Une nouvelle tendance se dégage avec 1 entreprise sur 2 qui recrute davantage de profils seniors ou confirmés » ;
  • « Le marché de l’emploi reste sous tension, malgré un ralentissement des recrutements » ;
  • « Une vague forte d’internalisation des expertises dans les entreprises clientes entraîne une concurrence importante entre acteurs du numérique et une tension sur les salaires. »

Voici les principaux enseignements sur l’emploi IT dévoilés par Numeum le 13 décembre dans le cadre d’une présentation sur le bilan des activités des 2500 membres du syndicat professionnel de l’écosystème numérique en France sur le deuxième semestre 2023 et des perspectives sur 2024.

  • « Le secteur du numérique représente aujourd’hui plus de 660 000 emplois en France à forte valeur ajoutée avec 80 % de cadres et 95 % de CDI ;
  • La part de femmes est de 28 % », déclare Véronique Torner, présidente de Numeum

 Vers une « croissance ralentie » du marché numérique en 2024

La croissance globale des activités du marché du numérique, tous segments confondus (éditeurs et plateformes cloud, ESN, ICT), est de 6,5 % en 2023. Pour les perspectives sur 2024, elle sera réduite à 5,8 %.


Bilan 2023 Perspectives 2024
Global +6,5 % (66,2 Md€) +5,8 % (70,5 Md€)
Editeurs logiciels et plateformes +10,3 % (24,5 Md€) +9,5 % (26,9 Md€)
ESN +4,1 % (33,8 Md€) +3,3 % (34,9 Md€)
ICT +5,5 % (7,8 Md€) +4,6 % (8,2 Md€)

« Les indicateurs montrent un ralentissement de l’activité au second semestre 2023, qui sera davantage visible en 2024. Cela s’explique notamment par le report lié aux investissements réalisés par les fortes créations d’emplois de 2022 et en partie de 2023 », indique Numeum.

Numérique : un secteur toujours vecteur d’emploi

• Le secteur du numérique a créé 47 000 net emplois, ce qui représentait 1 nouvel emploi sur 6 en France (vs 34 000 en 2021).
• Le nombre consolidé d’emplois net créés en 2023 sera publié en janvier 2024.

Recrutement : tensions maintenues sur le deuxième semestre 2023

Numérique : un marché du travail sous tension (Numeum) - © D.R.
Numérique : un marché du travail sous tension (Numeum) - © D.R.

Les soucis de recrutement sont à englober dans une problématique plus globale de populations formées au numérique, surtout dans le segment des ingénieurs. 

C’est le principal frein cité pour développer la croissance sur des segments comme celui des ESN et des ICT (66 % des acteurs interrogés dans cette catégorie) mais aussi celui des éditeurs de logiciels et de plateformes dans une moindre mesure (52 %). Alors que les craintes de « turn-over élevé » s’éloignent un peu : 16 % dans le premier cas et 10 % dans le second. 

En effectuant une comparaison sur les raisons des départs dans les 2 univers , Charles Mauclair, administrateur et président du Collège ESN et ICT de Numeum, évoque une nuance. 

  • Côté ESN, la principale raison de départ d’un collaborateur est la volonté de devenir freelance à hauteur de 57 %.
  • Dans le monde de l’ingénierie, ce qui pousse au départ est d’abord la volonté de rejoindre un client pour travailler directement avec lui.

« Nous avons tout intérêt à garder les ressources, à augmenter les salaires, à les faire progresser chez nous et à leur garantir une carrière. On constate néanmoins qu’en fonction des cycles économiques, il existe des mouvements plus importants vers le freelancing. On a connu cela dans la période 2021 - 2022. Avec le ralentissement économique observé sur le deuxième semestre 2023, la tendance vers le freelancing s’atténue », indique Charles Mauclair.

  • « Ce n’est jamais une bonne nouvelle d’avoir des gens formés et expérimentés qui sortent de nos entreprises. Face à la pénurie de ressources, nous développons la croissance avec des jeunes diplômés et des alternants sous l’angle d’une montée en compétence pour le compte de nos clients.
  • Sous un autre angle, la baisse du turn-over dans notre secteur sur le deuxième semestre 2023 se révèle rassurante.
  • Les ingénieurs expérimentés aiment travailler sur des projets complexes. En étant seul en freelance, c’est plus difficile de se positionner sur des projets d’envergure qui nous sont confiés. Nous représentons en quelque sorte une assurance, une garantie et une responsabilisation vis-à-vis du client mandataire », indique Benoît Darde, administrateur en charge du contenu de Numeum

« Il est vrai que les clients ont tendance à demander des profils confirmés et expérimentés mais on a appris à gérer cette situation au fil du temps. Il demeure un gros problème : les compétences à la sortie des écoles, notamment sur les populations d’ingénieurs. Nous manquons toujours de ressources malgré le développement d’écoles de métiers du numérique », déclare Véronique Torner.