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Vente de Monster : l'échec du modèle des jobboards classiques ?

Le | Site emploi généraliste

La vente de Monster, annoncée le mois dernier, signifie-t-elle la fin du modèle des jobboards tels que nous les connaissons ? Les réseaux sociaux sont-ils l’avenir du recrutement en ligne ? Réponses croisées entre Valérie Vaillant, directrice générale de StepStone et Olivier Fécherolle, directeur général de Viadeo

Des raisons internes

Plus que l'échec d’un modèle, ce sont des raisons internes qui seraient à l’origine de la vente de Monster selon les deux interlocuteurs. « Cette vente est révélatrice d’un problème de management depuis quelques années. Quand je regarde les évolutions du trafic et du chiffre d’affaires, elles ne suivent pas les tendances générales sur le marché des jobboards », observe Valérie Vaillant. Pour Olivier Fécherolle, il faut aussi regarder du côté du comportement des actionnaires : « aux Etats-Unis, les réseaux sociaux apparaissent comme étant plus concurrentiels aux sites emploi généralistes. Les actionnaires de Monster ont commencé à se poser la question des perspectives de croissance ». Il faut dire que les réseaux sociaux sont très attendus sur les marchés boursiers. L’entrée en bourse de LinkedIn en mai 2011 avait été accueillie triomphalement par les investisseurs (la valeur du titre avait plus que doublé au cours de la journée).

L’avenir des jobboards

Mais la vente de Monster est-elle représentative d’une menace planant sur les jobboards ? « Pas du tout. Ce sont vraiment les piliers du recrutement sur Internet. Nous en avons des preuves tous les jours quels que soient les pays », plaide Valérie Vaillant. Même son de cloche chez Olivier Fécherolle : « le modèle a révolutionné le recrutement. Avant, les processus étaient beaucoup plus chers, longs et laborieux ». Si le jobboard a encore toute sa place, il devra aussi évoluer en fonction de l’attente des recruteurs et des candidats (accessibilité mobile, simplification des outils). Tout comme il devra revenir à ses logiques de branding initiales selon le directeur général de Viadeo, consistant à acheter de la publicité dans les médias pour générer du trafic sur les sites.

Stratégies complémentaires

Et qu’en est-il de la concurrence des réseaux sociaux sur le marché du recrutement en ligne ? Elle serait caduque dans la mesure où les Viadeo, LinkedIn et Facebook sont complémentaires des jobboards. « Notre coeur de cible n’est pas tout à fait le même », fait remarquer Olivier Fécherolle. Les réseaux sociaux se sont rapidement et naturellement placés comme un outil efficace dans le recrutement de personnes qui ne sont pas forcément à la recherche d’un emploi quand les jobboards attirent des candidats en recherche active. Dès lors, des partenariats pourraient voir le jour entre les deux entités. Viadeo en avait fait l’expérience en 2010 en concluant un accord avec l’Apec. Du côté de StepStone, cela fait partie des réflexions en cours. « Il faut que chacun voit ce dans quoi il excelle pour apporter davantage de services aux clients », souligne Valérie Vaillant.

Aurélie Le Caignec

Droit de réponse de Monster :


«  Monster Worldwide Inc est le leader mondial du recrutement en ligne et à ce titre, son activité influe positivement sur le marché. Le paysage du recrutement en ligne est en mutation depuis l’arrivée de nouveaux acteurs et de nouvelles pratiques des utilisateurs. Les acteurs historiques du marché du recrutement en ligne doivent effectivement faire évoluer leurs outils afin de répondre aux nouveaux besoins des recruteurs, pour cibler les candidats où ils se trouvent (jobboard, réseaux sociaux). Pour initier l’évolution du marché, Monster a lancé en octobre 2010 la technologie de recherche intelligente  6Sense, ainsi que  BeKnown en juin 2011, une solution de recrutement via Facebook permettant de gérer indépendamment son réseau professionnel de son réseau personnel sur Facebook. Avec l’intégration récente de BeKnown à son site internet, Monster franchit une nouvelle étape  en amenant le réseautage professionnel au cœur du recrutement en ligne. » répond Gilles Cavallari, directeur général de Monster France."