Job board : vers une fin inéluctable de Monster.com en France ?
Le job board d’origine américaine Monster.com, qui s’était récemment rapproché d’un autre pionnier CareerBuilder, change de main après une procédure de redressement judiciaire aux États-Unis. La bascule semble fatale pour les activités en Europe et en France.

Plus de 25 ans après sa création, Monster.com traverse une période compliquée.
Pionnier dans les premières heures de la Net-économie, le site de recherche d’emploi, fondé aux États-Unis par Jeff Taylor en 1999 (déjà le fruit de la fusion entre The Online Career Center, lancé en 1992, et The Monster Board), est devenu une marque phare dans la catégorie des job boards.
Pendant 15 ans, il a conservé une certaine dynamique de pure player alors que la concurrence internationale s’élargissait face à des acteurs comme Indeed et LinkedIn sur fond de transformation digitale de pans entiers de secteurs d’activité dans la vie économique.
Mais Monster.com a connu des soubresauts dans son développement marqué par deux jalons importants :
- Août 2016 : Monster Worldwide, Inc est repris par le groupe néerlandais Randstad N.V, spécialisé dans la gestion du travail par intérim et fournisseur de services liés aux RH pour 429 millions de dollars. Le job board était rattaché à sa filiale américaine Randstad North America.
- Septembre 2024 : un rapprochement entre CareerBuilder (un autre site pionnier de recherche d’emploi, propriété du fonds Apollo Global Management) et Monster est réalisé, sous la direction de Jeff Furman, CEO du nouvel ensemble baptisé CareerBuilder + Monster.
CareerBuilder + Monster : changement de propriétaire
Le plus récent épisode est assurément le coup plus dur : la procédure de redressement judiciaire sous la protection de la législation américaine (Chapter 11) enclenchée en juin 2025 avec des actifs vendus séparément et repris par enchères.
Pour la partie job board de CareerBuilder + Monster, c’est Bold Holdings qui a remporté la mise.
Cette société, cofondée par des anciens collaborateurs de Monster.com (Doug Jackson et Jamie Freundlich), exploitent un bouquet de services RH comme Myperfectresume (création de CV), Flexjobs (marketplace pour freelancers et télétravailleurs), Zety (création d’un CV par IA) mais aussi Sonara (une application de recherche d’emploi par IA).
Bold Holdings compte reprendre les actifs du business de job boards de CareerBuilder + Monster, incluant 350 employés, pour 28,37 millions de dollars en cash, selon un dossier déposé devant une juridiction fédérale spécialisée dans le traitement des faillites du district du Delaware.
Monster France : une fin inévitable ?
En Europe, la situation s’avère plus difficile à gérer au-delà des Etats-Unis. Car l’offre de reprise par Bold ne concerne pas les actifs commerciaux de CareerBuilder + Monster à l’international.
La continuation d’activité en Europe et en France n’est plus assurée. Au point que Matteo Nicolo, secrétaire du CSE Monster France, évoque une « liquidation désormais inévitable ».
Plus de 200 salariés sont concernés en Europe par l’arrêt de l’activité, dont une trentaine dans l’Hexagone. Les actionnaires Apollo (51 %) et Randstad (49 %) et la direction de CareerBuilder + Monster ne font pas de commentaires à ce sujet.
La création juridique de la branche française de Monster Worldwide remontait à juin 2003.