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« 4 actions RH majeures pour le numérique » : Numeum s’implique dans la présidentielle 2022

Par Philippe Guerrier | Le | Gestion des talents

Soumia Malinbaum, présidente de la commission Emploi et Formation chez Numeum (ex-Syntec Numérique), aborde les propositions RH pour valoriser les métiers et les filières du digital. Les efforts de formations et de reconversions doivent être intensifiés.

Soumia Malinbaum, présidente de la commission Emploi - Formation de Numeum : débat RH dans l’IT - © D.R.
Soumia Malinbaum, présidente de la commission Emploi - Formation de Numeum : débat RH dans l’IT - © D.R.
  • Doper la reconversion professionnelle ;
  • Faire passer à l’échelle et sur tout le territoire des programmes de formation au numérique inclusifs ;
  • Développer des formations au numérique en alternance ;
  • Favoriser la diversification des talents dans les métiers du numérique.

Voici les principales orientations RH exposées par Numeum dans le cadre de la campagne présidentielle sous l’angle : « Mettre l’accent sur la formation aux métiers du futur ainsi que la numérisation des compétences existantes ».

Elles font partie d’une série de propositions plus larges avancées par le syndicat professionnel des acteurs du numérique (ESN, éditeurs logiciels et ICS) et intitulées « 20 actions majeures pour la présidentielle 2022 » (à télécharger en fichier PDF) et dévoilées le 14 janvier 2022.

Soumia Malinbaum, présidente de la commission Emploi et Formation chez Numeum (parallèlement VP Business Development de l’ESN Keyrus), et Neila Hadamache, déléguée à la Formation chez Numeum,  commentent ces propositions et reviennent sur :

  • le développement de Numeric’Emploi proche du dispositif TransCo,
  • l’importance des mathématiques au lycée pour inciter les jeunes à se tourner vers des filières scientifiques et technologiques,
  • sur l’évolution du programme P-Tech qui vient d’être remis à plat en janvier 2022.

Doper la reconversion professionnelle entre secteurs d’activité pour anticiper les mutations technologiques

Faire passer à l’échelle le dispositif Transitions Collectives (TransCo), resté confidentiel malgré son déploiement en 2021, en collaboration avec l’ensemble des branches professionnelles et leurs Opco. Il n’a pas pour objectif un reclassement en interne mais une reconversion en externe. 

« En 2014, Syntec Numérique [ndlr : ancien nom de Numeum] a lancé un dispositif similaire qui existe toujours : Numeric’Emploi, ancré dans les régions et à destination des demandeurs d’emploi. Le gouvernement Castex s’en est inspiré pour lancer Transitions Collectives en janvier 2021 mais le dispositif est destiné à une autre population : celle des salariés en activité », indique Soumia Malinbaum.

« Le programme Numeric’Emploi a été développé à travers une association dans la région Grand Est. Plus particulièrement dans deux villes avec des bassins importants de demandeurs d’emploi : Mulhouse (Haut-Rhin) et Strasbourg (Bas-Rhin). En six ans, nous avons replacé 1500 demandeurs d’emploi dans le secteur du numérique (ESN, éditeurs de logiciels, cabinets conseil). 80 % d’entre eux ont décroché un CDI. Nous ouvrirons prochainement le programme Numeric’Emploi en Occitanie. D’ici 2025, nous avons l’intention de couvrir toutes les régions. Nous avons la volonté d’avoir un maillage territorial pour aller au plus près des demandeurs d’emplois et des entreprises qui recrutent. »

« Dès le départ, les entreprises ont été parties prenantes dans la démarche de reconversion pour identifier les compétences et les savoir-faire. Cette dimension de co-constructions est importante pour la réussite de l’intégration. Il n’est pas nécessaire d’être adhérent à Numeum pour qu’une société du numérique intègre Numeric’Emploi. L’important, c’est de répondre à des besoins de recrutement sur des compétences numériques. Atlas, l’OPCO à laquelle nous sommes rattachées, couvre 15 branches professionnelles et des secteurs d’activité comme la banque et l’assurance. Dans les plans de transformation organisés par les acteurs de ces secteurs, il existe beaucoup de profils à reconvertir dans les personnels. » 

Neila Hadamache précise :«  Le gouvernement a lancé le dispositif TransCo, il y a un an. Son déploiement reste encore confidentiel. Nous avons soit des salariés en cours de formation soit des salariés qui sont motivés mais pas encore engagés dans des formations relatives à nos métiers. La principale difficulté est de rapprocher l’offre et la demande : comment des salariés motivés par des métiers porteurs comme les nôtres peuvent rencontrer les entreprises qui avancent sur des projets numériques et qui recrutent. »

« Nous réfléchissons à la création d’une plateforme avec notre Opco Atlas pour promouvoir le dispositif auprès des salariés et faciliter la rencontre entre les salariés à former à nos métiers et les entreprises qui recrutent. Nous ne sommes pas arrivés au stade de transformation en recrutement mais nous espérons que ce sera le cas en 2022. » 

Développer des formations au numérique en alternance pour tous types de publics

  • Financement des formations en alternance au numérique à plus grande échelle avec l’objectif de 100.000 personnes formées en 5 ans,

  • Versement d’une prime exceptionnelle aux TPE/PME pour leur permettre d’accueillir des apprentis formés au numérique,

  • Soutien financier apporté aux initiatives de formation à l’étranger pour les apprentis à l’image d’Erasmus + en facilitant l’accès aux dispositifs européens (Erasmus+ et futur dispositif ALMA).

« Le nombre de contrats en alternance dans le secteur du numérique a augmenté de 40 % de 2019 à 2020. Pour l’année 2021, rien que sur les neuf premiers mois, nous avions déjà atteint le niveau de 2020. Quant à l’augmentation du nombre de contrats en apprentissage, elle est plus élevée : + 46 % en 2020 », explique Soumia Malinbaum.

« L’effet incitatif des primes mis en place par le gouvernement a facilité les formations en alternance et l’engagement des entreprises. La fin de ce bon dispositif d’aide exceptionnelle approche au printemps 2022. Nous pouvons nous poser la question sur la suite à donner à cette impulsion donnée à l’alternance et l’apprentissage. Comment maintenir des niveaux de prises en charge cohérentes et correctes ? » 

Favoriser la diversification des talents dans les métiers du numérique

  • Donner plus de moyens à la Grande école du numérique qui œuvre pour l’insertion professionnelle des publics les plus éloignés de l’emploi (jeunes décrocheurs et chômeurs de longue durée),

  • Lancer une campagne de communication nationale sur les enjeux de la diversité dans les métiers du numérique,

  • Accueillir des stagiaires de troisième dans les entreprises du numérique, avec un objectif de 50 % de jeunes filles.

« Nous sommes engagés dans la diversification de nos recrutements. Historiquement, il est vrai que nous recrutions des diplômés issus des grandes écoles d’ingénieurs. Depuis longtemps, Numeum a lancé le programme Numérique Responsable et nous avons participé en 2015 à la création de la Grande Ecole du Numérique qui permet de ‘raccrocher des décrocheurs’. Il faudrait élargir le réseau d’écoles intégrées dans la GEN. Il faut continuer de développer ces formations en alternance. Numeum travaille sur la manière de recruter autrement mais avec cette obligation de passer par des sas de formation et d’apprentissage avant d’arriver dans des cursus de BTS, licence ou master. Il y a nécessité de travailler sur le rattrapage de compétences lorsque l’on s’adresse à ces jeunes en situation de décrochage », indique Soumia Malinbaum.

Faire passer à l’échelle et sur tout le territoire plusieurs programmes inclusifs de formation au numérique 

  • Déploiement des programmes de préparation aux métiers de demain et d’égalité des chances, comme P-TECH, avec le ministère de l’Education nationale, avec un objectif de 10.000 élèves dans 5 ans.

« Sur la formation initiale et l’écosystème à mettre en place à l’école, il faut redonner la place au numérique, aux mathématiques et à l’environnement scientifique. L’Education nationale doit rehausser le niveau général au lycée et travailler sur l’attractivité des enseignements numériques et informatiques, notamment vis-à-vis des jeunes femmes. Les mathématiques sont partout dans la vie professionnelle, comme les langues étrangères. Elle doivent revenir dans le tronc commun des matières en première et en terminale. Nous appelons aussi à la création d’un véritable bac pro dédié aux services numériques et au développement de campus sur les compétences et les métiers du numérique », déclare Soumia Malinbaum.

« Avec l’association Talents du numérique qui regroupe 80 établissements de formation au numérique, nous nous inscrivons déjà dans une démarche de recherche et d’action. Il faut créer un environnement favorable au numérique et à l’émergence de soft skills. Et considérer que les formations technologiques se déroulent tout au long de son parcours professionnel. »

Classes P-Tech : un nouvel accord en janvier 2022

Un nouvel accord-cadre a été signé le 24 janvier 2022 entre le ministère de l’Education nationale et 15 partenaires (avec des sociétés technologiques comme IBM à l’origine du concept aux Etats-Unis, le groupe télécoms Orange, des groupes industriels et financiers et Numeum) pour définir « leurs engagements respectifs relatifs au développement, au soutien et au fonctionnement de classes P-TECH en France ».
Cet accord annule et remplace l’accord-cadre précédant du 13 mai 2019 sur l’établissement d’un partenariat pour le développement et le soutien de classes P-TECH .
La mission de chaque classe P-TECH est d’accompagner la formation de jeunes volontaires au long de leur scolarité au lycée vers l’obtention d’un baccalauréat professionnel puis, le cas échéant, vers l’obtention d’un diplôme de brevet de technicien supérieur (bac +2). « Le BTS Systèmes numériques option informatique et réseaux est celui le plus en lien avec les métiers de notre secteur », précise Neila Hadamache. 
• Pour l’élève, P-TECH est accessible à son entrée dans un lycée professionnel. Le parcours propre au programme P-TECH en lycée pourra être suivi dans le cadre des deux voies de formation initiale, scolaire ou apprentissage.
• Le projet P-TECH s’appuie sur des expériences professionnelles proposées par les partenaires pour renforcer la préparation des élèves à une insertion « durable » sur le marché du travail, notamment dans le secteur des nouvelles technologies.
• Les « classes P-TECH » sont ouvertes à tous les jeunes, l’ambition du programme étant de renforcer l’égalité des chances. Il pourra notamment comprendre des activités proposées par des partenaires telles que du mentorat de projet ou de carrière, et une immersion en entreprise (visites de sites, découverte de l’entreprise, stage, apprentissage…).

« Aujourd’hui, nous avons 9 lycées qui ont déployé des classes P-TECH. Notre volonté et celle du ministère de l’Education nationale est de déployer ce programme dans le plus grand nombre d’académies possibles pour faire monter en compétences des jeunes qui n’auraient pas forcément le profil naturel pour intégrer le secteur du numérique », indique Neila Hadamache.

Bonus vidéo : retrouvez le grand débat organisé par Numeum le 15 février 2022 sur la situation en matière de formation au numérique disponible sur YouTube.