Formation

Formation aux métiers de la cybersécurité : l’Ecole 2600 lève 6 millions d’euros

Par Philippe Guerrier | Le | Organisme de formation

D’ici 2030, l’École 2600 veut former 10 000 personnes sur 3 disciplines principales : cybersécurité, sécurité défensive / offensive, gouvernance. Le point avec la cofondatrice Valérie de Saint Père.

Cofondateurs de l’Ecole 2600 : Lionel Auroux, Valérie de Saint Père, Axel Dreyfus - © D.R.
Cofondateurs de l’Ecole 2600 : Lionel Auroux, Valérie de Saint Père, Axel Dreyfus - © D.R.

Il reste de la place sur le créneau des formations aux métiers de la cybersécurité. Selon la stratégie nationale d’accélération pour la cybersécurité présentée par le gouvernement le 16 février 2022, 

  • on recense en France 15 000 postes vacants dans le secteur de la cybersécurité.
  • La filière devrait créer 37 000 emplois supplémentaires d’ici 2025.

« Nous avons besoin de former massivement avec la qualité et l’expertise nécessaire dans la cybersécurité », indique Valérie de Saint Père, cofondatrice de l’Ecole 2600.

Créée en mars 2021 avec Lionel Auroux (ex-enseignant chercheur d’Epita) et Axel Dreyfus (entrepreneur du numérique), cet organisme de formation des métiers de la cybersécurité, certifié Qualiopi, vient de lever 6 millions d’euros.

« Le premier financement de l’Ecole 2600 va nous permettre :

  • de développer une plateforme pour se former ou d’approfondir ses connaissances en cybersécurité tout au long de la vie. Elle  permettra de toucher d’autres publics et sera exploitée en mode cloud ou sur site, à coté de nos cursus actuels d’apprentissage en alternance ;
  • de recruter 30 personnes pour accompagner nos projets : développeurs, chercheurs, chefs de projet… », indique Valérie de Saint Père.

Progression pour atteindre la vitesse de croisière

• Actuellement, l’Ecole 2600 dispose de 170 élèves.
• Elle compte passer à 400 à la prochaine rentrée.
• D’ici 2027, elle pourrait intégrer 900 à 1000 étudiants répartis sur les 3 années du cursus.
• D’ici 2030, l’École 2600 veut former 10.000 personnes aux métiers cyber.

Cursus cyber autour de 3 grands thèmes et 9 blocs de compétences

L’Ecole 2600, qui dispose d’un campus central d’apprentissage à Montigny-le-Bretonneux (Yvelines), délivre un titre RNCP de Niveau 7 (expert de la sécurité des données, des systèmes et des réseaux) à un niveau bac+5.

L’organisme de formation cyber articule son cursus sur 3 grandes disciplines :

  • cybersécurité,
  • sécurité défensive / offensive,
  • gouvernance.

et autour de 9 blocs de compétences cyber.

  • « Apporter son expertise SSI aux organes de direction,
  • Élaborer les stratégies de l’organisation dans le domaine de la SSI,
  • Concevoir des solutions informatiques de façon sécurisée,
  • Auditer la sécurité informatique,
  • Prévenir une crise en cybersécurité,
  • Capitaliser les retours d’incidents en mesure préventive et/ou corrective,
  • Créer une entreprise SSI innovante,
  • Apporter son expertise SSI aux organes de direction,
  • Réaliser une veille technologique des vulnérabilités, des menaces et des produits ».

Pour chaque étudiant, elle dispense un volume global de 2540 heures d’enseignement sur un cursus qui s’échelonne sur 3 ans en alternance et qui a adopté un rythme d’1 semaine en école et 4 semaines en entreprise.

L’équipe pédagogique de l’Ecole 2600 est constituée d’une dizaine de personnes, appuyée par un réseau de 35 intervenants extérieurs.

Le tarif de la formation par étudiant se situe à 9850 euros HT par an. La majorité des frais sont pris en charge par les OPCO (essentiellement Atlas et 2i) avec un « petit reste à charge » pour les entreprises qui accueillent les alternants.

« La gratuité des études est importante. Elle est possible parce que l’école a son propre titre RNCP. Après l’étape initiale de la création de l’école, nous voulons former plus rapidement avec une approche par les compétences évaluées tout au long de la vie. C’est un véritable changement de paradigme », évoque Valérie de Saint Père.

D’autres écoles cyber ont récemment surgi sur le marché français comme Oteria Cyber School et CSB.School.

Un écosystème dense de partenaires, y compris le ministère des Armées

L’Ecole 2600 a monté un réseau de partenaires en :

  • signant un partenariat de long terme avec Deloitte France & Afrique francophone
  • remportant un appel d‘offres pour des formations en cybersécurité de l’Internet des objets et des systèmes embarqués au nom de la Software République (GIE regroupant Renault, Atos, Dassault Systèmes, Orange, Thales et STMicroelectronics),
  • devenant partenaire du ministère des Armées pour intégrer des étudiants en alternance au sein des états-majors,
  • montant des alliances R&D avec notamment l’INRIA, l’IRT System X, le Laboratoire National de Métrologie et d’Essais (LNE) et Fortinet (fournisseur de solutions de sécurité de réseaux d’origine américaine),
  • se montrant actif dans l’écosystème cyber : actionnaire du Campus Cyber, membre de l’Alliance pour la Confiance Numérique (ACN), du Pôle d’Excellence Cyber (réseau associatif d’acteurs civils et militaires, publics et privés, académiques et industriels), de l’association Women4Cyber et de Systematic (pôle de compétitivité).

Qui soutient le financement de l’Ecole 2600 ?

• « Nous avons attendu d’être profitable avant d’initier ce premier tour de table. Le financement de 6 millions d’euros a été bouclé en un mois avec un closing survenu mi-mars. Il a été annoncé le 3 avril 2023, juste avant le démarrage du Forum International de la Cybersécurité (5-7 avril) », indique Valérie de Saint Père.
• La levée de fonds a été effectuée auprès d’une trentaine d’investisseurs : business angels ou family offices.
• Le pool intègre :
- Motier Ventures (qui gère le patrimoine de la famille Houzé, propriétaire des Galeries Lafayette),
- Thierry Petit (ex-CEO et cofondateur et de Showroomprivé),
- Christophe Bianco (fondateur et CEO d’Excellium Services),
- Clément Rabourdin (directeur général France et pays francophones de Qualys),
- Nicolas Bacca (VP Innovation et cofondateur de Ledger),
- Renaud Feil (CEO et cofondateur de Synacktiv).