Paie

Suspension de la réforme de la retraite : une sortie de l’impasse politique mais une galère RH ?


La suspension de la réforme de la retraite, annoncée par le Premier ministre Sébastien Lecornu, pourrait redonner un nouveau souffle politique et une relance de discussion avec les partenaires sociaux. Un premier calendrier est esquissé.

Suspension de la réforme de la retraite : discours de politique générale de Sébastien Lecornu - © Info.gouv.fr (copie d’écran)
Suspension de la réforme de la retraite : discours de politique générale de Sébastien Lecornu - © Info.gouv.fr (copie d’écran)

La réforme de la retraite bat… en retraite. Du moins temporairement.

Le nouveau gouvernement semble avoir gagné un répit d’existence en donnant un signal fort lors du discours de politique générale du Premier ministre Sébastien Lecornu à l’Assemblée nationale le 14 octobre 2025.

  • « Je proposerai au Parlement, dès cet automne, que nous suspendions la réforme de 2023 sur les retraites jusqu’à l’élection présidentielle. Aucun relèvement de l’âge n’interviendra à partir de maintenant jusqu’en janvier 2028 […] ;
  • La durée d’assurance sera elle aussi suspendue et restera à 170 trimestres jusqu’en janvier 2028 (…) ;
  • la suspension de la réforme des retraites coûtera 400 millions d’euros en 2026 et 1,8 milliard en 2027 et devra être compensée par des économies. Elle ne pourra pas se faire au prix d’un déficit accru », a déclaré Sébastien Lecornu.

3,5 millions de personnes sont concernées par la suspension de la réforme. Ce qui correspond à cinq cohortes de générations dans la période 1964 - 1968 « avec deux paramètres figés jusqu’au 1er janvier 2028 à retenir : 62 ans et neuf mois pour partir à la retraite et 170 trimestres de durée de cotisations », a précisé Jean-Pierre Farandou, le nouveau ministre du Travail et des Solidarités (et ancien président du groupe SNCF), dans une première interview accordée au journal télévisé de 20H00 de France 2 le 14 octobre 2025 après le discours de politique générale du Premier ministre.

« Le mécanisme par lequel nous mettrons en musique la décision de suspendre la réforme de la retraite passera par une loi qui sera discutée au Parlement entre novembre et décembre 2025 », indique Jean-Pierre Farandou.

Le dispositif d’aménagement de la retraite, à effet quasi-immédiat, pourrait susciter une charge de travail supplémentaire aux organismes en charge de la protection sociale, aux DRH et aux éditeurs de solutions de gestion de la paie.

Vers l’organisation d’une conférence retraite-travail

Si le gouvernement Lecornu 2 parvient à esquiver les motions de censure déposées par l’opposition après l’exercice de discours de politique générale, il proposera aux partenaires sociaux une conférence sur les retraites et le travail qui n’aurait rien à voir avec le « conclave » organisé sur ce thème sous l’ancien gouvernement Bayrou, selon Jean-Pierre Farandou.

Elle devrait aborder les sujets suivants :

  • attractivité de certains métiers ;
  • pénibilité du travail,
  • usure au travail,
  • carrières longues.

« Nous dresserons un inventaire des sujets et travaillerons ensemble. Nous nous organiserons pour savoir comment préparer les discussions d’ici la fin de l’année et cela débordera début 2026. Je voudrais qu’on parle d’une conférence retraite-travail. J’y tiens absolument : c’est important d’intégrer la réflexion sur l’environnement de travail dans le débat sur la retraite », indique Jean-Pierre Farandou.

« Grâce à la suspension, cette conférence disposera du temps nécessaire pour se prononcer avant l’élection présidentielle. Si elle parvient à un accord, le gouvernement le traduira dans la loi et le Parlement en décidera. Dans le cas contraire, il appartiendra aux candidats à l’élection présidentielle de faire leurs propositions et aux Français de les trancher. Elle pourra rendre ses premières conclusions au printemps 2026 », a indiqué Sébastien Lecornu dans son discours.

Perspectives de dépasser le SMIC

Parmi les autres mesures annoncées, une amélioration concernant les retraites des femmes est déjà inscrite dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026.

  • « Des négociations par branches seront enclenchées dans le courant de l’automne afin de développer des parcours permettant aux salariés les moins qualifiés de devenir agents de maîtrise ou cadres ;
  • Le travail, le mérite et la volonté de progresser doivent être encouragés. Il n’est pas acceptable de rester durablement au SMIC, sans perspective de progression », selon le Premier ministre.

« Les Français doivent le comprendre : l’argent qui finance leurs retraites provient du travail. C’est le travail et la croissance qui nous permettront de financer le futur système de retraite. Parmi les paramètres dans le système par répartition figure l’âge de départ à la retraite. Ce sera difficile de ne pas travailler plus alors que la durée de vie augmente et que nous avons plus de retraités que d’actifs », a commenté Jean-Pierre Farandou dans son intervention télévisée.