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Annonces d’emploi : Google et Facebook sur le front

Le | Marque employeur

Il y a quelques semaines, Google lançait sa fonctionnalité d’agrégation d’offres d’emploi en France, un an après l’arrivée de Facebook Jobs. Si les deux approches sont totalement différentes, l’objectif semble le même : récupérer de la donnée. Les deux géants californiens vont-ils pour autant disrupter le marché de l’annonce d’emploi ? Éléments de réponses.

Il y a quelques semaines, Google lançait sa fonctionnalité d’agrégation d’offres d’emploi en France, un an après l’arrivée de Facebook Jobs. Si les deux approches sont totalement différentes, l’objectif semble le même : récupérer de la donnée. Les deux géants californiens vont-ils pour autant disrupter le marché de l’annonce d’emploi ? Éléments de réponses.

Le 7 juin dernier, Google lançait en France sa fonctionnalité d’agrégation d’offres d’emploi issues de sites tiers, comme Monster ou les portails des groupes Hellowork et Figaro Classifieds. Cela signifie qu’un employeur ne peut pas poster directement une annonce sur « Google for jobs » comme il pourrait le faire sur Indeed. Mais dès lors qu’elle est publiée sur un site partenaire, son annonce peut ressortir dans une nouvelle fenêtre dédiée, surgissant dans les résultats de recherche du candidat qui saisit une requête liée à l’emploi depuis Google. Pour avoir une chance de voir son offre apparaître en bonne place, toutes les balises requises par le moteur de recherche doivent être parfaitement renseignées, y compris la rémunération. Une évolution technique gérée par les jobboards, mais que le recruteur doit prendre en compte. « Ce qui intéresse Google, ce n’est pas l’emploi en tant que tel, c’est le potentiel d’une annonce à attirer les internautes. La donnée emploi est très riche. On peut déduire un salaire, une CSP… c’est puissant en termes de ciblage », analyse Laurent Cebarec, consultant dans le domaine du recrutement digital.

Une menace pour l’agrégateur Indeed ?

Du point de vue du candidat, le service apporté par Google est similaire à celui d’Indeed - ou presque : centraliser des annonces disparates. Mais Google ne gère pas l’acte de candidature, qui reste à la main des partenaires, au risque d’ailleurs de multiplier le nombre de clics et donc d’embuches (demande de création de compte, ajout d’un CV). Aux États-Unis, où la fonctionnalité Google for Jobs existe depuis 2017, Indeed restait le premier pourvoyeur candidatures en 2018 selon un rapport Silkroad. Google for Jobs est en revanche une aubaine pour les portails d’annonces d’emploi français, en quête d’audience. « Quand Indeed est arrivé, il a indexé gratuitement le trafic des jobboards : il leur a donné une bouffée d’oxygène, qui leur a repris ensuite. De la même façon, ils risquent de devenir dépendants de Google », relativise l’expert, ex-collaborateur de Monster et d’Indeed.

Facebook jobs : le marché des ‘petits boulots’

Au départ, sa fonctionnalité « jobs » lancée en France en mai 2018 « n’était qu’un onglet de la plateforme de petites annonces Marketplace. Elle fait désormais l’objet d’une rubrique distincte, portée par une équipé dédiée chez Facebook », explique Camille Cosnefroy, CEO de Work4. La preuve, donc, que le réseau social entend peser sur ce marché. Work4 a été le premier éditeur partenaire de Facebook Jobs pour automatiser la diffusion des offres et assurer le traitement des candidatures générées depuis Messenger. En 1 an, il assure avoir publié 300 000 offres en France et reçu environ 450 000 candidatures. Un taux de transformation encore relativement faible donc, mais qui serait en phase d’accélération selon l’éditeur. D’autres ATS permettent aussi de multi-diffuser sur Facebook Jobs, comme Smartrecruiters ou SAP-Successfactors. « Les premiers acteurs qui ont fait le pari de Facebook Jobs sont ceux pour qui le recrutement est au cœur du business model , comme l’intérim ou la garde d’enfants. Ça a pris du temps, mais les entreprises ne sont plus choquées quand on leur dit qu’elles peuvent recruter sur Facebook », indique Work4.

En somme, si les deux géants ont désormais chacun un pied sur le marché du recrutement, leurs approches sont plutôt complémentaires : Google capte l’intention des candidats grâce au « search » tandis que Facebook capte leur attention grâce au contenu.  Dans les deux cas, Facebook et Google s’appuient sur des intermédiaires pour nourrir leurs modèles. Peut-être deviendront-ils les sites emploi de référence demain… Pour l’heure, ils ne semblent pas se substituer aux acteurs spécialisés, qu’ils complètent ou sur lesquels ils s’appuient pour parfaire et nourrir leurs propres modèles publicitaires.

Gaëlle Fillion