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« Pas question de dire à une entreprise de jeter son SIRH ! »

Le | Gestion des talents

Spécialiste européen des logiciels de gestion du capital humain, Talentsoft se fixe pour objectif premier de favoriser l’engagement des salariés. Pour y parvenir, l’éditeur français capitalise sur l’innovation de ses partenaires et sur l’apport de l’intelligence artificielle. Les explications de Joël Bentolila, Chief Technology Officer de Talentsoft

« Pas question de dire à une entreprise de jeter son SIRH ! » - © D.R.
« Pas question de dire à une entreprise de jeter son SIRH ! » - © D.R.

Quel bilan tirez-vous de 2018 ?

En 2018, Talentsoft a réalisé 65 millions d’euros de chiffre d’affaires, en croissance de 33 % par rapport à 2017. Nous visons les 90 millions d’euros de revenus en 2019 pour atteindre notre objectif de 100 millions d’euros en 2020. En l’espace de trois ans, Talentsoft a doublé son nombre d’utilisateurs, qui s‘élève désormais à 9 millions. Nous dénombrons 2000 clients, dont plus de 200 nouveaux en 2018 parmi les groupes mondiaux et les entreprises du middle market de dimension internationale. Notre levée de fonds de 45 millions d’euros, clôturée en janvier 2019, va permettre d’accélérer l’internationalisation de Talentsoft. Présent dans 130 pays, le groupe réalise 40 % de son chiffre d’affaires à international, où la croissance est plus rapide. La moitié des utilisateurs est d’ailleurs située en dehors de la France. Sur nos 600 collaborateurs, 200 sont à l’étranger.

Quelle est votre stratégie en matière d’urbanisation RH ?

Talentsoft s’appuie sur sa propre capacité d’innovation, avec ses 200 développeurs, mais aussi sur celle de ses partenaires. Ces derniers enrichissent notre plateforme en la dotant d’outils complémentaires comme la signature électronique, la planification des formations ou l’entretien de recrutement vidéo. Dans cette optique, plus de 50 partenaires ont déjà intégré leurs solutions à notre plateforme et le mouvement va s’accélérer. Talentsoft propose une approche hybride : la plateforme peut être maîtresse sur certaines données, esclave sur d’autres. Cette flexibilité permet d’accélérer les projets d’urbanisation et de composer avec l’existant. Il est n’est donc pas question de dire à une entreprise qui a investi dans des solutions RH de tout jeter. A un client qui gère un SIRH hétérogène, nous lui proposons de remplacer les modules qui ne remplissent pas leur mission et d’aller chercher l’information sur les systèmes existants qui remplissent correctement leur office.

Comment se traduisent les investissements que vous réalisez dans l’intelligence artificielle ?

Certains de nos clients ont mis en œuvre un chatbot pour les candidats sur leur site de recrutement. A la question « Je suis ingénieur Java, avez-vous des offres correspondantes à mon profil ? », un agent conversationnel peut répondre. Nous souhaitons toutefois aller plus loin. Nous travaillons actuellement sur des algorithmes de matching intelligent capable de rapprocher des offres d’emploi et des profils de candidats. En interne, un bot peut en effet décharger le personnel RH des questions récurrentes des collaborateurs. Pour favoriser la mobilité, il peut aussi faire le lien entre les souhaits des collaborateurs et les postes proposés en interne ou les projets actuellement menés. Nous travaillons également sur une intelligence artificielle capable de faire des recommandations de formations en fonction du profil du collaborateur, de ses compétences et de ses aspirations.

Comment abordez-vous le sujet de la sécurité des données ?

Nous faisions du RGPD avant la lettre ! La nouvelle réglementation est en grande partie la déclinaison de la loi en Allemagne, où nous sommes présents depuis des années. Maintenant que le RGPD est entré en vigueur, nous avons une cellule de veille qui regarde ses évolutions. Il faudra deux ans pour que la jurisprudence se construise. Talentsoft, qui est certifié ISO 27001, a travaillé sur tous les axes de protection des données personnelles, dans le choix des datacenters, l’organisation interne, la sensibilisation en continue des développeurs sur le sujet. Nos clients nous auditent trois fois par mois. Ce qui se traduit notamment par des tests d’intrusion. Il y a des craintes ancestrales autour du cloud. En tant qu’éditeur SaaS, nous avons toujours dû travailler sur la sécurité pour convaincre. C’est le jeu du chat et de la souris avec les hackers. C’est une préoccupation et un investissement continus. 

Xavier Biseul