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Valérie de Saint Père, école 2600 : « La cybersécurité est un métier d’engagement »

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Créée en 2021, l’école 2600 poursuit sa mission de former des profils en cybersécurité opérationnels grâce à l’alternance et à la pédagogie par projet. Rencontre avec Valérie de Saint Père, cofondatrice de l’École 2600.

Valérie de Saint Père, cofondatrice de l’École 2600 - © D.R.
Valérie de Saint Père, cofondatrice de l’École 2600 - © D.R.

Il fallait faire preuve d’une certaine motivation le 3 octobre prochain pour participer jusqu’au bout à la 5e édition de la « nuit d’intégration » des 135 étudiants des promotions 2028 et 2030 de l’école 2600 à la Base de Loisirs de Saint-Quentin-en-Yvelines.

Cofondée en 2021 par Valérie Poulain de Saint Père, Axel Dreyfus et Lionel Auroux, l’école 2600 forme des experts en cybersécurité. Elle délivre un titre reconnu par l’État (Bac + 5) et propose une formation en alternance sur trois ans avec un modèle de gratuité pour les étudiants et de financement par les opérateurs de compétences.

Signe particulier de cette « nuit d’intégration » : une expérience unique réalisée sous la supervision de David Corona, ex-négociateur en chef du GIGN, formateur expert en gestion de crise cyber de l’école 2600 et fondateur d’In Cognita (cabinet de conseil et institut de formation « qui gère les problématiques humaines complexes en entreprise »), et une équipe d’anciens instructeurs des forces spéciales françaises.

Une manière pour les « nouvelles recrues de l’école 2600 de vivre une expérience unique dès le début de leur formation, illustrée par les valeurs essentielles portées par l’École 2600 : cohésion, solidarité et esprit de corps », pouvait-on lire sur le carton d’invitation envoyée à la presse.

Il suffit de consulter la vidéo disponible sur YouTube réalisée en 2024 à l’occasion de la précédente édition du bootcamp de la promotion 2027 de l’école 2600 pour se rendre compte de l’intensité de la séquence d’intégration et d’immersion (voir en fin d’article).

En amont de cette soirée spéciale, Valérie de Saint Père, cofondatrice de l’École 2600, a rappelé des éléments contextuels dans une interview.

Quels métiers en tension ciblez-vous en priorité, et comment adaptez-vous vos formations aux besoins réels des entreprises ?

Nous ciblons les métiers cyber où la demande est la plus forte : analyse SOC, gestion de crise, forensic, cybersécurité industrielle, cloud, mais aussi des métiers hybrides associant cyber et renseignement.

Nos formations sont construites avec les entreprises partenaires et les ministères régaliens : leurs besoins réels définissent nos programmes. Cela nous permet d’être toujours en phase avec le marché et d’adapter rapidement nos parcours.

Nos diplômés Bachelor et Mastère rejoignent donc des postes cyber très recherchés, en tension sur le marché. La force de notre modèle, c’est de former des profils immédiatement opérationnels grâce à l’alternance et à la pédagogie par projet.

La cybersécurité est un métier d’engagement, qui demande autant de rigueur que de créativité. Nous sélectionnons des jeunes qui démontrent une vraie motivation et un goût pour le challenge, plutôt que de se limiter à un parcours académique “classique”.

Quels leviers mobilisez-vous pour attirer et convaincre des étudiants de rejoindre l’École 2600 ?

Nous mettons en avant 3 leviers :

  • la pédagogie : concrète, par projets et par la pratique ;
  • l’employabilité : avec 350 entreprises partenaires, nous garantissons une insertion professionnelle rapide ;
  • le sens : nous formons des experts mais aussi des citoyens, avec une mission de protection de la société et de la Nation.

Le recrutement se nourrit également d’une dynamique communautaire : une part significative de nos étudiants nous rejoignent par cooptation, sur la recommandation de camarades déjà en formation. C’est un signe fort de confiance et de satisfaction : nos étudiants sont nos meilleurs ambassadeurs.

Enfin, notre équipe de CTF (Capture The Flag) Phreaks 2600 joue un rôle de catalyseur. Constituée d’étudiants, elle s’est déjà distinguée dans plusieurs compétitions nationales et internationales.

Chaque victoire renforce la notoriété de l’école et attire de nouveaux talents qui veulent rejoindre cette dynamique.

L’inclusion et la parité sont des thématiques que vous mettez en avant : comment se traduisent-elles dans votre recrutement et vos parcours ?

Concrètement, il n’y a pas de sélection élitiste fermée. Nous accueillons des étudiants de tous horizons, qu’ils viennent de filières générales, technologiques ou professionnelles ou qu’ils soient en reconversion.

Nous avons mis en place des dispositifs de bourses et de soutien pour garantir l’égalité des chances.

La parité est un axe fort : nous cherchons les jeunes femmes dans les lycées, nous organisons des événements dédiés, et nous avons des étudiantes pour incarner des modèles dans un secteur encore trop masculin.

Dans un contexte de réforme de l’apprentissage, craignez-vous pour la pérennité de votre modèle ?

Une réduction brutale des financements serait évidemment un risque, mais elle irait à contre-courant des besoins du pays. La cybersécurité est un secteur où chaque poste non pourvu fragilise la souveraineté nationale et la sécurité de nos infrastructures critiques.

Nous plaidons pour une vision de long terme : investir dans l’apprentissage en cyber, c’est garantir des emplois durables, des carrières attractives et une réponse immédiate aux menaces numériques.

Nous travaillons déjà avec les pouvoirs publics pour sécuriser ce modèle.

Extrait d’une interview diffusée le 3 octobre sur News Tank RH, partenaire média de RH Matin (demande d’accès Découverte).

(Merci à notre envoyée spéciale Joséphine Azocar)