Santé mentale : le récit de la DG du groupe Baudelet, qui « kiffe à nouveau sa vie de leader »
Après avoir « perdu l’énergie » et l’envie de travailler, Caroline Poissonnier, DG du groupe Baudelet, a remonté la pente et veut agir avec mouvement qu’elle a fondé : LeaderKiff. Elle a témoigné lors de la convention REF 2025.
C’est un témoignage poignant à titre individuel et professionnel apporté par Caroline Poissonnier, directrice générale du groupe Baudelet, dans le cadre de la session spéciale sur la santé mentale organisée le 28 août lors de La REF 2025, la convention du Medef de la rentrée.
Il faut un certain courage pour en parler librement. Sans tabou.
Le groupe Baudelet est une entreprise française, dont le siège social est localisé à Blaringhem (Hauts-de-France). Impliqué dans 4 secteurs (environnement, énergie, commerce et bien-être), il réalise un CA d’environ 200 millions d’euros et dispose d’un effectif de 700 collaborateurs.
Lors de cette session à La REF, Caroline Poissonnier s’est exprimée d’une période difficile qu’elle a traversée en 2020. À propos de ce qu’elle appelle « sa perte de joie et d’envie », en lien avec la dégradation de sa santé mentale.
« Quand on perd l’énergie, on perd tout. Et je me suis rendu compte que je ne devenais plus une bonne leader pour mon groupe », évoque Caroline Poissonnier.
La descente « quand on perd l’envie »
- « Quand l’équilibre n’est plus là, on parlait d’alcool, on parlait de santé, on parlait de sommeil. Quand la pression prend le dessus, on n’est pas bien.
- J’ai essayé de me tourner, de chercher ce qu’il se passait pour les dirigeants autour du bien-être. Je suis tombée dans un monde de retraite, de yoga, en mode végane et sans alcool aujourd’hui. Qu’est-ce qui se passe ? Ce n’était pas moi. Quand j’allais dans mes réseaux plutôt business, on n’en parlait pas. C’était un sujet un peu tabou.
- Je n’avais plus envie d’aller bosser. Je n’avais plus envie de résoudre les problèmes de mes collaborateurs. Cela s’est répercuté sur ma vie perso. Quand on perd l’envie, on perd le sel de la vie. C’est tout ce qui vous met en action. Cette joie et cette énergie, je l’avais perdu, je n’avais plus envie de faire de sport, je ne mangeais plus, mais je buvais plus, je suis rentrée dans une spirale où j’ai pris des kilos. »
« Comme j’étais déjà très ouverte sur les sujets de développement personnel, de connaissance de soi, j’ai tiré cette sonnette d’alarme. J’ai commencé par voir un psy, à mentir à tout le monde, à mettre des faux rendez-vous dans mon agenda. Parce que, comme tous les dirigeants, c’était un peu honteux de le dire il y a 5 ans. Je ne savais pas si j’avais envie de continuer à travailler dans mon entreprise familiale. »
LeaderKiff : pour libérer la parole, agir et rebondir
En guise d’antidote de son expérience malheureuse, Caroline Poissonnier a repris le contrôle de sa vie et d’apporter son soutien aux managers en perte de sens.
« J’ai décidé de m’engager publiquement aujourd’hui au service de la santé mentale, de la réconciliation, de l’ambition et de l’équilibre. Je pense que c’est possible de lier tout cela et de fédérer toutes les dirigeantes et tous les entrepreneurs. J’accompagne beaucoup de start-uppers dans ce sens qui bossent sans cesse. Alors, j’ai décidé de créer le mouvement LeaderKiff pour kiffer sa vie de leader. »
« Quand on ne kiffe plus sa vie, on n’est plus en capacité de prendre des bonnes décisions. On n’est plus en capacité de pivoter. Alors que je pense que le principal talent d’un dirigeant, c’est d’être agile, d’être capable de réagir et de se remettre en question. En me retrouvant dans une espèce de brouillard mental, ce qui était mon cas à un moment donné, on ne voit plus les choses. »
- « Le but avec LeaderKiff, c’est de favoriser la prévention : n’attendez pas le burn-out, n’attendez pas d’être malade, n’attendez pas qu’il se passe quelque chose dans votre vie. Prenez les choses, prenez-les devant.
- LeaderKiff est un mouvement qui sera lancé en janvier 2026. Je suis en train de construire tout cela pour fédérer et accompagner les leaders et les dirigeants à travers des soirées et des rencontres inspirationnelles avec des réseaux partout en France. Nous avons commencé à nous organiser à Lille. Le succès est assez incroyable. »
« Nous voulons poser les vraies questions (sommeil, alimentation, addictions, équilibre familial) et partager nos expériences. Ensuite, accompagner, à travers des programmes structurés autour de 4 piliers :
- la connaissance de soi (forces, besoins, valeurs),
- la vitalité (sommeil, alimentation, mouvement),
- le mindset (cultiver des pensées positives, développer la gratitude, savoir prendre du recul),
- la mise en action durable (créer des routines, avancer par petits pas, s’entourer des bonnes personnes).
Je crois profondément à l’effet cumulatif de ces petits changements, capables de transformer une vie. »
Parallèlement, à travers un fonds corporate, Caroline Poissonnier mène des activités de business angel. Elle fait partie du pool d’une quinzaine d’investisseurs qui a injecté 2,5 millions d’euros en 2025 dans la start-up Vipali qui développe l’application éponyme visant à généraliser la prévention santé en entreprise.