LumApps : « Bridgepoint devient l’actionnaire majoritaire pour accélérer le développement »
Par Philippe Guerrier | Le | Workspace
Avec le fonds de capital-investissement Bridgepoint en nouvel actionnaire majoritaire, comment LumApps change-t-il de dimension ? Sébastien Liagre, SVP Corporate Development de la société éditrice de la plateforme d’engagement des employés, explique les enjeux.
C’est le deal marquant dans le segment HR Tech de la French Tech sur le premier semestre 2024.
Fin mai, le fonds de capital-investissement Bridgepoint a annoncé « un investissement stratégique » dans LumApps en reprenant les parts des investisseurs actuels : Goldman Sachs, Eurazeo, Bpifrance et Iris Capital.
Montant de la transaction : 650 millions de dollars. La clôture de l’opération est prévue pour juillet 2024.
L’occasion pour LumApps de rafraîchir sa stratégie, en tant que « solution intranet sociale » dans le cloud.
Cette plateforme collaborative pour les employés s’intègre aux logiciels d’entreprise comme Google Workspace et Microsoft 365 mais aussi à d’autres applications RH comme Workday, ServiceNow, ou SAP SuccessFactors.
« En continuant à exploiter l’IA, nous voulons construire la première plateforme mondiale qui centralise la communication, la collaboration, et la formation pour tous les collaborateurs », évoque Sébastien Ricard, P-DG de LumApps, qui compte plus de 5 millions d’utilisateurs et 700 entreprises clientes.
Pour RH Matin, Sébastien Liagre, SVP Corporate Development de LumApps, évoque les implications de cette nouvelle étape dans le développement de l’éditeur HR Tech français qui vise le monde.
Cette nouvelle configuration actionnariale change quoi pour le développement de LumApps et pour vos clients ?
A travers Bridgepoint qui devient notre actionnaire majoritaire, nous avons trouvé un partenaire solide et puissant qui permet d’accélérer notre développement sur 3 sujets :
- développement de la croissance organique sur les plaques géographiques sur lesquelles nous sommes déjà présentes.
- Au-delà de la couverture de la zone EMEA, nous réalisons environ 40 % de notre business aux Etats-Unis à travers des partenariats forts avec Microsoft, Google, ou Workday.
- Nous sommes également présents en Asie-Pacifique, en particulier au Japon.
- l’innovation qui adresse l’expérience collaborateur étendue : communication, opération et apprentissage.
- la croissance externe. Nous avons réalisé 4 opérations dans ce sens-là pour enrichir notre plateforme.
Comment allez-vous poursuivre l’enrichissement de la plateforme LumApps ?
- Nous continuons à pousser l’initiative mobile qui se révèle importante. Nous avions déjà beaucoup investi dessus au cours des dernières années. Le récent rachat de Teach on Mars renforce cette perspective « mobile first ».
- Nous cherchons aussi à faciliter l’accès aux applications tierces utilisées par les salariés en entreprise et la recherche d’informations à partir de notre plateforme LumApps.
- Nous cherchons également à mieux valoriser l’exploitation des données des employés (« employee data layer ») à travers une plateforme de données clients (« customer data platform » ou CDP) pour communiquer de manière plus pertinente avec les collaborateurs. Ces données nous permettent d’alimenter notre propre moteur de recherche avec l’appui de l’IA.
Où en êtes-vous dans l’exploitation de l’IA générative ?
Pour avancer dans le cloud, nous travaillons à la fois avec Microsoft Azure et Google Cloud Platform, ce qui nous permet d’adresser la plus grande part du marché tout en étant intégré aux plus grandes plateformes collaboratives comme Google Workspace et Microsoft 365.
Nous avons adopté une démarche similaire en matière d’IA : les clients travaillent avec le moteur IA qu’ils préfèrent (Gemini avec Google, ChatGPT avec OpenAI et Microsoft) à travers des API.
Nous mettons en avant 3 business cases avec l’IA :
- l’IA générative est exploitée pour faciliter la création de contenu synthétiques au sein de LumApps.
- la recherche d’information par moteur IA va considérablement évoluer. Dans le « futur of search », les réponses par des requêtes moteur seront rédigées au lieu de proposer simplement des liens en hypertexte. Cela permettra également de réaliser des transactions directement depuis une application tierce.
- les recommandations générées par IA - une partie alimentée par les données des employées que nous allons récupérer - permettra de mieux réaliser les tâches ou de gérer une multitude d’événements et d’éléments dans notre « cockpit » LumApps.
Quelle proportion de clients de LumApps exploitent l’IA de manière opérationnelle ?
Le niveau de déploiement demeure limité à ce stade. Il s’agit surtout de phases de tests. Tous nos clients ont lancé une discussion avec nos customers success managers (CSM) sur le déploiement de l’IA. Ils cherchent à valider les use cases avant de déployer l’IA à grande échelle.
Avez-vous de nouvelles perspectives d’opérations de croissance externe en 2024 ?
Nous restons en veille. Sur les 3 dernières années, nous avons passé au radar 200 sociétés pour étudier les adjacences qui feraient sens avec LumApps.
Les idées d’innovation ne manquent pas avec notre force de frappe R&D interne basée en France. La moitié de l’effectif est dédiée à l’innovation.
LumApps : quatre opérations de croissance externe en trois ans
• Teach on Mars (micro-learning) en décembre 2023 ;
• Hey Axel (solution no-code d’automatisation de processus RH) en février 2022 ;
• Vizir (IA conversationnelle) en décembre 2022 ;
• Novarea (plateforme d’hébergement de vidéos) en juin 2021.
Votre concurrent Workplace from Meta va bientôt disparaître. Dans quelle mesure percevez-vous une opportunité de business ?
Nous scrutions Workplace from Meta sous l’angle des réseaux sociaux d’entreprise. Une partie de notre offre est exploitée sous cet angle.
Son arrêt ne nous a pas étonné au regard des récents plans de suppressions de postes observés chez Meta.
C’est une super opportunité pour LumApps comme alternative pour récupérer des comptes clients.