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« J’ai choisi tous mes postes en fonction de l’opportunité qu’ils offraient de pouvoir travailler avec d’autres pays », Laurianne Le Chalony, DRH Amérique Latine, Groupe Bull

Le | Core rh

À tout juste 29 ans, Laurianne Le Chalony vient de poser ses valises au Brésil pour succéder au Directeur des Ressources Humaines de l’Amérique Latine du Groupe Bull. Son prédécesseur est parti à la retraite, après 42 ans au sein de l’entreprise informatique. Un défi qui ne semble pas impressionner cette jeune DRH à l’âme voyageuse

« J’ai choisi tous mes postes en fonction de l’opportunité qu’ils offraient de pouvoir travailler ave - © D.R.
« J’ai choisi tous mes postes en fonction de l’opportunité qu’ils offraient de pouvoir travailler ave - © D.R.

Elle est trilingue - français, anglais, allemand -, débutante en chinois et espagnol, et apprend le portugais. Un bac allemand et français en poche. Un an en Nouvelle-Zélande pour son Master RH International. L’appétence de Laurianne Le Chalony pour l’étranger a toujours été présente. « Depuis le début de mes études, mon objectif est de travailler à l’international. J’ai d’ailleurs fait le choix de me spécialiser sur la partie rémunération parce que ce sont des compétences plus facilement exportables. Par la suite, j’ai choisi tous mes postes en fonction de l’opportunité qu’ils offraient de pouvoir travailler avec d’autres pays. D’ailleurs, quand je suis arrivée chez Bull, je leur ai dit que mon but était de m’expatrier dans les 3 ans !  »

« J’aime les RH mais j’ai besoin d’une partie objective »

C’est par un hasard très « fashion » que Laurianne Le Chalony a trouvé sa vocation. « Après le bac, j’hésitais entre le droit franco-allemand ou une école de commerce… entre autres ! Je voulais un peu tout faire tout en ne sachant pas trop où aller, j’ai donc fait plusieurs stages pour découvrir et tester différents domaines. » Le hasard s’est produit lors d’un stage au service marketing chez Hermès pour le lancement de la nouvelle collection. « Un jour, j’ai passé une heure à attendre au service RH. Je les ai observés travailler et je me suis tout de suite sentie bien. Il y avait une bonne ambiance, l’esprit collaboratif m’a beaucoup plu. En discutant avec la DRH, j’ai retrouvé le même type de profil que moi, le goût à la fois pour le droit, la gestion d’entreprise et le social. »

Petite déception cependant lors de son premier véritable stage dans les RH. Laurianne Le Chalony découvre le recrutement chez Manpower et par la même occasion que les chiffres lui manquent. « J’aime les RH mais j’ai besoin d’une partie objective. J’ai un penchant pour la logique et les chiffres, ce qui explique aussi mon choix pour la partie Rémunération et avantages. »

Par la suite, Laurianne Le Chalony a très vite brulé les étapes. Elle est devenue responsable des rémunérations chez Bull, alors qu’elle n’avait rejoint le groupe que depuis 4 mois et ce, à 25 ans. C’est plus tard que la gestion du SIRH lui sera confiée.

Prix Coup de cœur lors des Trophées SIRH

Laurianne Le Chalony a été récompensée par un prix Coup de cœur lors des Trophées SIRH pour son projet de mise en place d’une solution de développement RH, harmonisée et multilingue, pour l’ensemble des filiales du Groupe Bull. Avec 9800 collaborateurs à travers le monde, la mise en place du SIRH était donc un projet de grande envergure qui s’est étalé sur trois ans. « Nous avons préparé le projet très en amont et véritablement accompagné le changement. Nous avons beaucoup communiqué et organisé des agoras pour présenter le projet aux collaborateurs. Il s’agissait aussi d’un changement de culture RH. Nous avons joué la transparence même sur ce qui ne fonctionnait pas encore très bien afin de l’améliorer ensemble. Les RH deviennent plus collaboratives et plus technologiques. »

« Il faut être capable de globaliser à bon escient »

En arrivant à Sao Paulo, Laurianne Le Chalony a été accompagnée pendant plusieurs mois pour cette passation de pouvoir afin de prendre ses marques. «  Lorsque l’on travaille à l’étranger, le challenge n’est pas que professionnel, il faut aussi savoir s’adapter aux différentes cultures. Quand j’arrive au bureau ici, par exemple, mes collègues peuvent me faire une sorte de petit câlin pour me dire bonjour. Remettre en question ses pratiques et ses habitudes est essentiel.  »

Les problématiques de « glocalisation » passionnent forcément une DRH internationale. « Les RH ont évolué de manière assez incroyable, la fonction s’est internationalisée, ce qui me correspond très bien ! Les problématiques locales et globales ont un impact très fort. Lorsque je travaillais chez Nissan, par exemple, nous concevions des politiques groupes, qui pouvaient se heurter parfois aux lois et cultures locales, c’est pourquoi nous étudiions leur mise en oeuvre afin de s’adapter à l’environnement local. C’est là que la globalisation devient intéressante. Il faut savoir prendre en compte les différences locales, être capable de globaliser à bon escient et admettre qu’il y certaines choses que l’on ne peut pas faire à certains endroits. Un bon RH doit être capable de différencier les processus groupes et les processus locaux, et ne pas internationaliser pour internationaliser. Les RH deviennent de plus en plus des business partner. Alors, comment l’être si l’on ne comprend pas le business local.  »

Magali Morel