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Clarisse Pamiès, Open Mind Innovation : « Les soft skills en entreprise développées par neurosciences »

Par Philippe Guerrier | Le | Gestion des talents

La dirigeante d’Open Mind Innovation aborde les enjeux RH et les contours de la « plateforme de neurotechnologies pour le développement humain » qui a bénéficié de 5 ans de R&D.

VivaTech 2022 : Clarisse Pamiès, CEO Open Mind Innovation (au centre), avec son équipe - © D.R.
VivaTech 2022 : Clarisse Pamiès, CEO Open Mind Innovation (au centre), avec son équipe - © D.R.

Développer les soft skills par le biais des neurotechnologies et l’exploitation des données. Tel est le crédo d’Open Mind Innovation.

Cette société technologique a été créée près de Caen en 2016 par Guillaume Victor-Thomas. Cet ancien militaire « ayant servi en opération » s’est reconverti en entrepreneur du numérique. Il a supervisé l’essentiel des travaux en R&D, ce qui a abouti à la solution Open Mind Neurotechnologies commercialisée depuis 2020.

Une période au cours de laquelle Clarisse Pamiès succède à Guillaume Victor-Thomas aux commandes opérationnelles de la société technologique normande qui exploite la « plateforme de neurotechnologies pour le développement humain » et qui explore plus particulièrement le potentiel des compétences transversales.

Lors de l’édition 2022 de VivaTech organisée en juin à Paris, The Adecco Group a accueilli sur son espace d’exposition son partenaire Open Mind Innovation qui a proposé sur place un jeu en réalité virtuelle pour évaluer sa résilience et son agilité au travail.

Rencontre spécial « travail dans le futur » avec la CEO Clarisse Pamiès.

Par quel prisme technologique avez-vous pris position sur les soft skills ?

Clarisse Pamiès, CEO Open Mind Innovation - © D.R.
Clarisse Pamiès, CEO Open Mind Innovation - © D.R.

Nous nous appuyons sur une méthode scientifique pour développer les soft skills en entreprise de manière accélérée grâce aux neurosciences et à la technologie.

Depuis 2016, nous avons réalisé 5 ans de R&D dans ce domaine avec des laboratoires académiques et l’institut de recherche biomédicale des Armées.

Nous avons pris comme référentiel scientifique celui retenu par l’OMS. Notre méthode est basée sur 12 soft skills du Future of Work regroupées en 3 familles de compétences :

  • émotionnelles,
  • cognitives,
  • sociales.

En s’adressant aux entreprises, nous voulons clarifier et simplifier l’approche scientifique et proposer une suite de solutions d’évaluation des soft skills à utiliser en fonction de plusieurs cas d’usages : prise de poste, montée en maturité sur la posture managériale…

Cela se traduit par la mise à disposition de micro-jeux en ligne ou en réalité virtuelle accessibles par casques VR dans des situations hors du travail mais qui reproduisent des contextes d’adaptation pour évaluer la gestion du stress et les capacités de flexibilité.

Nous disposons d’une dizaine de modules d’évaluation avec des séances en réalité virtuelle ou par application mobile pour réaliser les exercices à distance en toute autonomie.

Ce qui est différent dans notre approche, c’est le double effet de l’expérience et de la prise de conscience :

  • l’expérience est innovante et fun,
  • la prise de conscience profonde sur ses modes de fonctionnement est permise par des capteurs qui mesurent les comportements et les réactions physiologiques pendant les mises en situation.

Ainsi, sur les 12 soft skills, nous sommes en mesure d’en entraîner 70 % directement à travers nos solutions et 30 % indirectement en agissant sur son environnement, par exemple par le biais de la concentration.

Comment adressez-vous votre marché ?

Nous avons 3 modes de fonctionnements pour notre « go to market » :

  • mise à disposition de nos outils à travers un réseau de distribution de 150 professionnels (coaches, formateurs en soft skills, prestataires pour des bilans de compétences…) certifiés ou en cours de certification par nos soins,
  • recours à de l’ingénierie sur mesure pour des clients grands comptes comme The Adecco Group (deux projets en cours) ou des prestataires de Pôle emploi comme Tingari,
  • des programmes qui suivent notre méthode en quatre étapes que nous apportons aux entreprises. Nous travaillons avec 40 entreprises clientes comme Accenture, BearingPoint, Arkema ou Naturalia pour alimenter leurs programmes L&D, des universités des jeunes managers ou leurs LMS. Nous pouvons leur proposer soit l’approche de jeux à distance soit les tests par réalité virtuelle sur site.

Pour l’expansion géographique, quelles sont les prochaines étapes ?

Nos activités se concentrent actuellement sur la France mais nous commençons à avoir des professionnels certifiés en Belgique et en Suisse.

Compte tenu du profil de nos clients comme Accenture, nous déployons déjà des programmes à l’international, comme en Espagne, Afrique du Nord et Benelux. Et nous regardons actuellement les opportunités à l’international comme les Etats-Unis.

Parmi les cas d’usages, la technologie d’Open Mind peut-elle servir à détecter le meilleur manager en fonction des qualités à un poste à pourvoir ?

Si la démarche respecte notre charte éthique [accessible en version PDF sur le site Internet d’Open Mind Innovation] que nous venons de réactualiser, c’est possible mais sous la forme d’une synthèse édulcorée intégrant des résultats sur quelques compétences clés.

Avec Open Mind, nous préférons mettre l’accent sur l’approche d’évaluation à dépasser dans le sens du développement des compétences pour viser des postes à plus hautes responsabilités.

  • Les données sont anonymisées dans le respect du cadre RGPD.
  • Nous avons aussi fixé des limites. Par exemple, nous ne partageons jamais les données d’un rapport d’un groupe en dessous de 7 personnes.

En termes de soft skills, les entreprises viennent-elles vous voir pour accompagner les managers dans la gestion du travail à distance des collaborateurs ?

Oui, surtout pour soutenir les jeunes managers ou jeunes recrues pour aiguiser leurs antennes émotionnelles ou d’empathie. Les entreprises perçoivent l’impact de la crise Covid-19 sur le mode de management.

Comment exploitez-vous les données à travers l’intelligence artificielle ?

L’exploitation du machine learning fait partie des développements d’Open Mind. Nous effectuons déjà des traitements de données complexes en multi-modal et en temps réel avec des signaux qui viennent de différentes sources : physiologies, comportements, questionnaires…

A travers un projet R&D dédié, nous explorons les recommandations en y intégrant une dimension prédictive : pour un profil de personne, quel serait l’entraînement aux soft skills le plus adéquat ? Nous avons trois data scientists qui travaillent sur le sujet. Nous devrions sortir un algorithme d’ici fin 2022.

Une levée de fonds en cours

« • En 2018, nous avons levé 2,6 millions d’euros auprès de family offices et de business angels.
• Nous clôturons actuellement une levée de fonds.
• Le financement de projets DeepTech demeure compliqué en France, malgré une certaine volonté politique. C’est un vrai défi car les cases pour ce type de financement sont très normées »
, indique Clarisse Pamiès.