IA et emploi : la cruelle différence de perception entre dirigeants et employés

Une récente étude de LHH est consacrée à l’impact de l’IA sur le marché de l’emploi et elle marque les esprits.

« Ce rapport met en lumière une réalité que nous observons chaque jour : l’IA ne transforme pas seulement les outils. Elle bouleverse les trajectoires », commente Michaël Chambon, Directeur de la business unit Transitions de Carrières Collectives et membre du Comex de LHH France, dans une contribution sur LinkedIn en date du 23 octobre 2025.

Au cœur de cette étude du cabinet conseil RH (stratégie, transition de carrière et mobilité, développement des talents…) rattaché à The Adecco Group, figure une différence flagrante de perception entre managers et employés :

• 46 % des dirigeants réduisent leurs effectifs à cause de l’IA,
• 12,4 % des personnes licenciées attribuent leur départ à l’IA.

Les personnes dont le licenciement est lié à l’IA rencontrent plus de difficultés à retrouver un emploi, ce qui peut aboutir à un processus de reconversion :

• 36,9 % d’entre elles décrochent un nouveau poste dans les trois mois, contre 46,2 % pour les autres candidats ;
• Elles présentent aussi 2 fois plus de risques de connaître une transition professionnelle supérieure à 12 mois ;
• 58 % des personnes en transition changent complètement de voie professionnelle, alors que 74 % recherchaient initialement un poste similaire.

« Les licenciements liés à l’IA sont plus difficiles à surmonter, rallongent les périodes de recherche d’emploi et accélèrent la nécessité de transformer son parcours professionnel. Au-delà de la recherche d’un nouvel emploi, c’est l’ensemble de la trajectoire de carrière et la manière de se projeter dans l’avenir qui sont repensés », indique Michaël Chambon.

« La Skills-Based Organization (SBO) incarne cette transition : un modèle où les talents sont pilotés par les compétences, non par les postes. Un cadre qui fluidifie les parcours, décloisonne les rôles, et permet aux équipes d’exploiter pleinement la puissance de l’IA », indique Michaël Chambon.

IA : le plus fort impact sur l’emploi dans la tech

Par domaine d’activité, c’est le secteur IT qui se retrouve le plus exposé. 23,3 % des licenciements dans l’édition de logiciels sont attribués à l’IA.

Dans le top 5, on retrouve :

• les services aux consommateurs (22,9 %),
• le matériel informatique (20,2 %),
• les transports (20,2 %),
• les assurances (15,6 %).

Impact IA & RH : alerte sur l’emploi aux États-Unis

Une série d’annonces de plans de suppressions de postes a récemment marqué les esprits, en lien avec l’essor de l’IA synonyme d’automatisation approfondie de tâches.

Ainsi, aux Etats-Unis :

• la méga-ESN Accenture aurait supprimé 11 000 postes entre juillet et septembre 2025, en réalisant un programme d’optimisation du business avec l’IA accompagné d’un volet de restructuration. La réduction de la main-d’œuvre doit se poursuivre jusqu’en novembre ;
• Microsoft a enclenché un plan de licenciements portant sur 15 000 postes (6000 en mai, jusqu’à 9000 salariés en juillet).

Le 28 octobre, Amazon a annoncé la suppression de 14 000 postes. Une mesure qui s’inscrit « dans la continuité des efforts pour devenir plus fort encore, en réduisant davantage la dimension administrative, en supprimant des niveaux hiérarchiques et en réaffectant des ressources », indique Beth Galetti, SVP, People eXperience and Technology chez Amazon, dans une contribution publiée sur le site corporate.

« Cela impliquera des réductions dans certains domaines et des recrutements dans d’autres, mais cela se traduira par une réduction globale d’environ 14 000 postes dans l’effectif des bureaux d’Amazon », précise-t-elle.

Quelques jours auparavant, le groupe numérique de Jeff Bezos annonçait le programme Future Ready 2030 correspondant à un engagement sur 2,5 milliards de dollars pour étendre l’accès à l’apprentissage et à la formation à l’IA pour accompagner 50 millions de personnes dans « l’avenir du travail » (« future of work »).