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Ingénierie numérique : Adecco supervise la fusion de sa filiale française Modis avec AKKA

Par Philippe Guerrier | Le | Digital learning

But : créer le numéro 2 mondial de la R&D en ingénierie avec 50 000 experts du numérique. « C’est un tournant dans notre stratégie Future@Work », selon Alain Dehaze, CEO d’Adecco. Des programmes de formation ont été enclenchés des deux cotés.

The Adecco Group aux commandes pour réaliser la fusion entre Modis et AKKA - © D.R.
The Adecco Group aux commandes pour réaliser la fusion entre Modis et AKKA - © D.R.

The Adecco Group, spécialiste du travail intérimaire (850 agences dans son réseau en France), reprend l’offensive dans une activité connexe qui monte en puissance : le conseil en technologie et l’ingénierie numérique.

Il compte rapprocher sa filiale française Modis et AKKA, un acteur ICT selon la classification Numeum (ex-Syntec Numérique), dont le siège social se situe en Belgique (mais la société avait été créée dans les années 80 en France).

Montant de la transaction : deux milliards d’euros. L’opération sera bouclée en deux temps :

  • rachat des parts de la famille Ricci et Swilux S.A. (filiale de CNP), qui détiennent 60 % du capital d’AKKA, par The Adecco Group ;
  • lancement d’une offre publique d’acquisition obligatoire pour le reliquat de titres AKKA en Bourse sur Euronext Paris et Bruxelles.

L’objectif est de créer un nouvel ensemble « aux activités complémentaires », formant le numéro 2 du marché mondial de la R&D en ingénierie et intégrant 50 000 ingénieurs et experts numériques.

« Avec nos piliers mondiaux Workforce et Talent Solutions, nous créons un leader mondial du marché de la technologie et de l’ingénierie numérique », évoque Alain Dehaze, CEO du groupe Adecco.

« En combinant AKKA et Modis, nous marquons un tournant dans notre stratégie Future@Work. »

Jan Gupta, actuel président de Modis, prendra une fonction homologue de l’entité résultant du rapprochement qui devrait être bouclé d’ici la fin du premier semestre 2022.

AKKA et Modis vont se concentrer sur l’ingénierie numérique

La nouvelle entité issue d’AKKA et de Modis va évoluer sur un marché de l’ingénierie en mode R&D en plein essor :

• il devrait atteindre 2000 milliards de dollars d’ici 2023, selon Zinnov Research & Analysis (étude Enterprise ER&D Strategy & Focus, Mai 2021).

• Le segment de l’ingénierie numérique devrait atteindre 47 % des dépenses mondiales en ER&D en 2023, contre 36 % en 2020.

Les deux entités disposent de programmes de formations aux métiers du digital. 

Modis s’appuie sur sa Tech Academy

Fort de ses compétences en conseil et ingénierie numérique avec l’appui de 30 000 consultants dans 20 pays, Modis recense 10 000 clients dans 20 pays dans divers domaines : 

  • transformation numérique,
  • technologies cognitives,
  • cloud,
  • sécurité des données,
  • l’industrie 4.0.

En 2020, Modis a réalisé un chiffre d’affaires global de 2,1 milliards d’euros.

Son offre comporte 3 lignes de services :

  • Tech Consulting (consulting technologique) ;
  • Tech Talent Services (recrutement et mise à disposition intérimaire de profils IT et ingénierie) ;
  • Tech Academy (création de compétences IT et ingénierie).

C’est un centre de formation, de perfectionnement et de reconversion aux métiers du digital (data analyst, ingénieur en cybersécurité, développeur Salesforce…), présentée comme « une solution d’Adecco France ».

Le 7 juillet, un partenariat a été scellé avec OpenclassRooms dans la formation digitale autour de l’acquisition des compétences techniques pour les métiers du futur.

« En combinant le savoir-faire pédagogique d’OpenclassRooms avec notre expertise en évaluation, recrutement, suivi RH, mentoring  technique et innovation technologique, nous proposons au marché une offre clé en main », évoque Matthieu Barrin, Directeur de Modis Tech Academy France.

AKKA : programme de reskilling de grande ampleur

Fondé en 1984 en France par Mauro Ricci (qui occupe toujours la fonction de P-DG), AKKA est une importante société de conseil en ingénierie et des services de R&D qui a transféré son siège social à Bruxelles en 2018.

Coté sur Euronext Paris et Bruxelles, AKKA affiche un chiffre d’affaires de 1.5 Md€ en 2020, dont 32 % réalisé en France, et dispose de 20.000 collaborateurs dans 30 pays.

Ses principaux clients se trouvent dans les secteurs de l’automobile, de l’aéronautique et de l’industrie au sens large avec des références comme Airbus, Alstom, GE, Renault ou Safran.

En 2020, AKA a réalisé un chiffre d’affaires de 1,5 milliard d’euros et dispose d’un effectif de 21 080 collaborateurs avec une forte présence en France, en Allemagne et en Amérique du Nord.

En raison de la crise économique liée à la crise Covid-19, un PSE a été dévoilé par la direction d’AKKA en avril 2021. Il prévoit la suppressions de 441 postes en France, dont 360 en région Occitanie.

Le groupe AKKA doit aussi répondre à des problématiques de formation de ses équipes.

« AKKA a conçu une stratégie de formation complète pour mieux répondre aux besoins numériques de nos clients. Un programme de reskilling d’une ampleur unique a ainsi été créé, et près de 1.000 ingénieurs en France et en Allemagne ont déjà suivi ou sont en train de suivre ces programmes de formation approfondis. Notre ambition est de porter ce chiffre à 3000 en fin d’année 2022 », évoque Mauro Ricci, P-DG du Groupe AKKA, dans le rapport annuel 2020 de l’entreprise de conseil en technologies publié le 30 avril dernier.

En complément de l’usage de différentes plateformes d’apprentissage (AKKADEMIA, eAKKADEMY), AKKA a lancé en 2020 une « nouvelle feuille de route d’apprentissage conçue pour renforcer les compétences de nos collaborateurs », peut-on lire dans ce même rapport annuel.

Celle-ci s’articule autour de trois programmes principaux décrits ci-dessous :

 AKKA : Feuille de route pour l’apprentissag - © extrait rapport annuel 2020 d’AKKA (indicateurs extra-financiers)
AKKA : Feuille de route pour l’apprentissag - © extrait rapport annuel 2020 d’AKKA (indicateurs extra-financiers)

Premières perspectives esquissées de business et de marché

Dans la future configuration unifiée, AKKA et Modis comptent poursuivre leur développement en s’appuyant sur leurs ressources respectives. Dans les premières projections, la nouvelle entité compte réaliser :

• 50 % de son CA dans la région EMEA,
• 30 % en Amérique du Nord ,
• 20 % dans la région Asie-Pacifique (Japon et Australie en particulier).

« La mobilité devrait être le secteur le plus important de l’entreprise, représentant environ 40 % des revenus, tandis que les logiciels et les services technologiques seront le deuxième secteur le plus important avec environ 15 % des revenus », selon les deux parties.