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La fertilité vue comme un avantage salarié : Apryl lève 4,1 millions d’euros et vise l’Europe

Par Philippe Guerrier | Le | Bien-être au travail

La start-up allemande Apryl exploite une plateforme d’assistance des employés rencontrant des soucis de parcours vers la parentalité. La France figure sur sa feuille de route, selon Victor Drault, directeur chez Breega, un fonds qui soutient Apryl.

Jenny Saft et Tobias Kaufhold, cofondateurs d’Apryl - © D.R.
Jenny Saft et Tobias Kaufhold, cofondateurs d’Apryl - © D.R.

Sous un prisme original « digital RH », la start-up allemande Apryl aborde un sujet sensible dans la vie de couple : la fertilité.

La problématique globale ne doit pas être sous-estimé : selon l’Organisation mondiale de la santé, 15 % de la population mondiale est confrontée à l’infertilité (féminine et masculine).

C’est un angle d’attaque méconnu dans l’écosystème des jeunes pousses HR Tech en France mais il devient pertinent dans certains pays européens et il prospère aux Etats-Unis.

Une première levée de fonds après un virage BtoB

Victor Drault, directeur chez Breega - © D.R.
Victor Drault, directeur chez Breega - © D.R.

L’ex-Oviavo, récemment rebaptisée Apryl, a été créée fin 2019 à Berlin par Jenny Saft et Tobias Kaufhold.

La start-up vient de boucler une première levée de fonds de 4,1 millions d’euros pour développer une plateforme européenne d’avantages salariés liés à la fertilité et à la formation de la famille.

A travers une plateforme sécurisée et confidentielle accessible dans le cloud (mode SaaS), Apryl a vocation à soutenir les entreprises qui souhaitent accompagner leurs employés rencontrant des difficultés dans leurs parcours vers la parentalité ou l’adoption d’enfants.

Afin d’assurer le bien-être de ses employés et de stimuler leur motivation professionnelle, certaines entreprises sont prêtes à délivrer cette nouvelle génération d’avantages sociaux inclusifs et à subventionner tout ou partie des démarches ou des traitements :

  • orientation des soins,
  • consultations d’experts,
  • accès aux cliniques et aux traitements comme la congélation d’ovules ou de sperme,
  • processus de fécondation in vitro (FIV),
  • accompagnement de couples de même sexe qui cherchent à fonder une famille…

« Initialement, l’ex-Oviavo a démarré son service sous un angle grand public. Depuis début 2021, la start-up a pris un virage BtoB en fournissant une solution d’avantages salariés et en s’adressant aux entreprises et aux employés. L’objectif est d’orienter les personnes vers les bons établissements : services publics, cliniques, agences d’adoption… », indique Victor Drault.

Le directeur chez le fonds d’investissement Breega, qui a investi dans Apryl, perçoit la question de la fertilité comme un prolongement à d’autres sujets RH et de qualité de vie comme les applications pour le bien-être mental des employés ou le coaching également en plein essor.

Nécessité de garantir l’anonymat

Concrètement, Apryl propose deux entrées distinctes sur sa plateforme SaaS :

  • l’entreprise dispose d’une console numérique d’administration pour superviser l’avantage salarié en lien avec la fécondité, les niveaux de subventionnements, les prestations retenues et les retombées d’usages par les employés sous forme de statistiques anonymisées,
  • l’employé dispose d’un accès pour trouver de l’information, suivre son parcours vers la parentalité avec un engagement de confidentialité garantie sur les informations transmises, échangées ou partagées avec les « care members » de l’équipe d’Apryl ou les services tiers recommandés.

Le modèle économique repose sur un abonnement annuel facturé à l’entreprise qui prend en compte l’effectif global (utilisateurs actifs ou non de la plateforme) et le nombre de pays à couvrir.

La France attend son tour 

Apryl a déployé ses activités dans 15 pays, 14 en Europe incluant le Royaume-Uni, plus Israël. Autant de cadres juridiques locaux distincts avec des évolutions réglementaires régulières à scruter.

Mais quelles sont ses ambitions pour la France ? « Apryl a l’intention de couvrir le marché français. Elle est déjà opérationnelle pour des entreprises clientes d’origine américaine, allemande et anglaise qui disposent de salariés français dans leurs effectifs », indique Victor Drault.

Actuellement, le déploiement international est piloté depuis Berlin. Un premier bureau va ouvrir prochainement à Londres. « Les priorités d’implémentation dépendent de la maturité des marchés. La France se retrouve sur la feuille de route d’Apryl pour 2023 », déclare le représentant du fonds Breega.

Levée de fonds : qui soutient Apryl ?

Le tour de table d’amorçage de 4,1 millions d’euros est mené par le fond français Breega avec l’appui de :
• Atlantic Labs (Allemagne),
• Crista Galli Ventures (Danemark),
• Myelin VC (Argentine),
• Alliance For Impact Ventures (un fonds Ventech, France),
• WestTech Ventures (Allemagne).

Apryl est également soutenue par des business angels experts dans le domaine de prédilection de la start-up berlinoise comme :
Kate Ryder, fondatrice et dirigeante de Maven Clinic présentée comme une clinique virtuelle et qui est devenue l’une des premières licornes aux Etats-Unis dédiée à la santé des femmes et des familles. D’autre start-ups suivent comme Carrot Fertility ou Progyny.
Martin Varsavsky, un entrepreneur du numérique que l’on retrouve derrière Prelude Fertility, Gameto et Overture Life et qui évolue dans le domaine des biotechnologies. Auparavant, il a investi d’autres secteurs d’activité comme les télécoms avec un réseau Wi-Fi mondial (Fon).

En Europe, il est également intéressant de suivre l’évolution d’Apricity présentée comme une clinique digitalisée soutenue par le fonds Kamet Ventures que l’on retrouve derrière Padoa (plateforme pour la santé au travail) en France.