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Tension dans l’Intérim digital : Iziwork en redressement judiciaire

Par Philippe Guerrier | Le | Intérim

La société qui exploite la plateforme d’intérim digital Iziwork est placée en redressement judiciaire en raison de difficultés financières. Au moins 2 groupes du secteur regardent le dossier en vue d’une éventuelle reprise.

Iziwork en redressement judiciaire, source de tension dans l’intérim digital - © D.R.
Iziwork en redressement judiciaire, source de tension dans l’intérim digital - © D.R.

Sur le marché de l’intérim digital, le cas d'Iziwork en difficulté financière suscite une attention particulière. Le 12 septembre 2023, les trois sociétés opérant la plateforme d’intérim digital Iziwork ont été placées en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Nanterre.

Les repreneurs potentiels ont jusqu’au 25 septembre pour déposer un dossier de reprise auprès des administrateurs judiciaires mandatés.

Iziwork en redressement judiciaire : les actifs

L’annonce légale, diffusée le 9 septembre 2023, porte sur 3 sociétés en procédure :

  • Abeka (holding, fonction de siège),
  • Iziwork France (filiale d’Abeka, activité opérationnelle de travail temporaire),
  • Iziwork BTP (filiale d’Abeka, sans activité),

Les actifs de la plateforme d’intérim digital à reprendre portent sur :

  • les technologies et les applications,
  • le réseau de 300 agents commerciaux indépendants,
  • une base de 1,7 million d’intérimaires référencés,
  • 2000 clients dont 300 grands comptes,
  • titres de la filiale italienne.

L’effectif d’Iziwork est de 121 salariés « permanents » et de 6485 intérimaires actifs.

Le CA consolidé s’élève à 244 millions d’euros en 2022, dont 187 millions d’euros en France.

Financement régulier

Fondée en 2018 par Alexandre Dardy (CEO) et Mehdi Tahri (qui a quitté la société en juin 2022), Iziwork a levé 55 millions d’euros, dont la majeure partie obtenue en 3 levées de fonds :

  • 5 millions d’euros en 2018,
  • 12 millions d’euros en octobre 2019,
  • 35 millions d’euros en janvier 2021 avec des actionnaires de référence comme Bpifrance (via son fonds Large Venture) et Cathay Innovation.

La société, qui exploite la plateforme d’intérim digital, indique avoir atteint la rentabilité fin 2022 pour son activité française et en premier trimestre 2023 pour son activité italienne.

Néanmoins, Iziwork rencontre de sérieuses difficultés financières, au point de se rapprocher du Comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI, rattaché à la direction générale du Trésor) qui a étudié le dossier.

Reprise d’Iziwork : les acteurs intéressés

En l'état actuel, 2 groupes de travail intérimaire se sont manifestés : 

  • Adecco, qui a acquis QAPA (concurrent d’Iziwork) en 2022. « Le groupe continue de travailler en lien avec les pouvoirs publics à l'élaboration d’une offre de reprise d’Iziwork, s’appuyant sur son expertise en matière d’intérim digital et sa position de leader des ressources humaines », selon une source proche du dossier Adecco.
  • Proman, qui avait annoncé le 5 septembre un rapprochement direct avec Iziwork avant le déclenchement de la procédure de redressement judiciaire. Le projet initialement prévu tombe à l’eau. « C’est un tournant dans le dossier », déclare Roland Gomez, président de Proman, à News Tank. « Nous déposerons une offre de reprise dans le cadre de la procédure de redressement judiciaire. »