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Yaëlle Leben, Salesforce France : quel impact RH avec l’investissement de 3,5 milliards de dollars ?

Par Philippe Guerrier | Le | Bien-être au travail

Extension des locaux, travail en mode « flex », sources diversifiées de recrutement…La DRH Europe du Sud de Salesforce précise les engagements RH pris par l'éditeur de solutions CRM dans le cloud dans le nouveau plan d’investissement sur 5 ans dédié au marché français.

Yaëlle Leben, DRH Europe du Sud de Salesforce - © D.R.
Yaëlle Leben, DRH Europe du Sud de Salesforce - © D.R.

« Salesforce est ravi de développer sa présence en France, d’accroître son investissement sur de nouveaux talents, et d’orienter l’entreprise et ses parties prenantes sur la voie de la réussite », déclare Émilie Sidiqian, Vice-présidente exécutive et Directrice générale de Salesforce France 

Le 30 mars 2022, elle a annoncé un plan de développement en France de Salesforce de 3,5 milliards de dollars sur 5 ans.

Yaëlle Leben, DRH de la zone Europe du Sud de Salesforce, détaille les engagements RH pris par l’éditeur de solutions de gestion de la relation client dans le cloud pour approfondir son ancrage en France.

Quel périmètre géographique et d’effectif représente la zone Europe du Sud de Salesforce ?

La zone Europe du Sud de Salesforce comporte la France, l’Italie, l’Espagne, le Portugal, Israël, le Moyen Orient, le Maroc et l’Afrique du Sud. Nous avons des entités dans les cinq premiers pays.

Nous disposons de 12.000 collaborateurs en Europe, dont plusieurs milliers pour couvrir cette zone Sud, dont 1.500 collaborateurs en France.

Nous avons aussi des collaborateurs qui travaillent pour la zone Europe du Sud depuis un hub localisé à Dublin (Irlande).

Pourquoi évoquez-vous « une extension considérable de surface de bureaux » pour Salesforce France ?

Nous avons une croissance forte en France. Nous allons donc doubler notre surface à Paris dans le VIIème arrondissement près de la Tour Eiffel mais aussi agrandir nos installations en province : Lyon, Nantes et Grenoble où se trouve un important pôle R&D.

Pour les travaux qui ont démarré à Paris, l’objectif est d’agrandir nos locaux en intégrant un bâtiment qui jouxte le nôtre. Nous allons l’aménager en vue de fusionner les bâtiments et gagner de la surface et de l’espace pour nos collaborateurs. L’intégralité des travaux devrait être achevée d’ici début 2023.

Pourquoi avez-vous besoin d’espaces supplémentaires ?

Le travail à domicile n’a pas impacté le travail et nos résultats.

Notre objectif est de donner envie aux collaborateurs de venir au bureau pour travailler en groupe ou recevoir ses clients et partenaires, et non pour du travail individuel.

Nous laissons à nos collaborateurs la possibilité de travailler en mode « flex ». Lorsqu’ils se rendent à notre siège high-tech parisien, nous voulons que ce soit pour de bonnes raisons : meetings, réunions clients avec des démos, projets collaboratifs, brainstormings…

Nous voulons revisiter l’expérience collaborateur. Cela passera par des approches innovantes d’un point de vue mobilier en installant différents types d’espaces :

  • « Library » pour travailler dans le calme,
  • « Social Lounge » pour discuter et faire du baby-foot,
  • « Collaboration » avec de grandes tables pour mener des projets d’équipes,
  • « Executive Lounge », un espace cozy pour privilégier des entretiens en one to one,
  • des salles de réunions plus classiques qui permettent d’interagir avec des personnes à distance.

Nous nous inspirons de l’environnement de travail de notre siège californien [NDLR : Tour Salesforce, un gratte-ciel de 326 mètres dans le centre-ville de San Francisco].

Pour développer le mode « flex » d’organisation du travail, avez-vous signé un accord de télétravail en France ?

Jusqu’ici, nous ne disposions pas d’accord de télétravail. Il a été signé fin 2021 avec les organisations syndicales.

Tous les collaborateurs étaient déjà libres pour choisir son lieu de travail et le nombre de jours en télétravail mais il a fallu adopter ces pratiques à la législation française.

L’accord télétravail définit les gens qui sont : 

  • « full remote » c’est-à-dire qui travaillent à temps plein à distance,
  • «  flex » c’est-à-dire qui sont rattachés à un bureau Salesforce mais ils décident eux-mêmes de la fréquence de présence sur site chaque semaine en accord avec leur management.
    Selon des études internes lors de l’élaboration de l’accord télétravail et sur fond de périodes de confinements, nous avons constaté que 5 % des collaborateurs souhaitaient disposer du « remote », 5 % voulait venir au bureau et 90 % préféraient le mode « flex ».

Quel est le niveau de recrutement pour Salesforce France sur les 5 prochaines années en lien avec le plan d’investissement annoncé ?

Selon le cabinet d’études IDC, Salesforce et son écosystème de clients et partenaires en France devraient générer plus de 53,64 milliards d’euros de revenus à travers leurs activités, et créer 211 300 nouveaux emplois directs ou indirects d’ici 2026 dans tous les métiers techniques et non techniques autour de la vente, du service client, du marketing digital et du e-commerce.

Le fait que nous ayons nos propres ressources ne suffit pas. Il faut intégrer nos partenaires dans cette dimension RH pour qu’ils disposent des bonnes compétences. Or nous nous trouvons en situation de pénurie importante de main d’œuvre.

Nous voulons démontrer que les reconversions sont possibles. Nous ne sommes plus obligés d’avoir des profils de geek pour faire de la tech. C’est un enjeu majeur : nous travaillons sur des chemins de recrutements variés pour trouver des nouveaux collaborateurs. 

Les profils recherchés sont différents sur l’intégralité de nos fonctions : essentiellement sales mais aussi customer success, support et R&D pour étoffer notre pôle important à Grenoble mais aussi à Paris en lien avec la compétence reconnue des ingénieurs français.

Quels leviers avez-vous mis en place pour diversifier vos sources de recrutement ?

Le « modèle 1-1-1 » perdure

Chez Salesforce, nous appliquons le « modèle 1-1-1 » initié il y a 20 ans par notre CEO Marc Benioff :
• 1 % des capitaux,
• 1 % des produits,
• 1 % du temps de travail sont consacrés à des projets philanthropiques.

A ce titre, des equality groups ont émergé chez Salesforce France :

  • le Women’s Network pour l’égalité femmes-hommes,
  • Outforce pour la communauté LGBT,
  • Earthforce qui promeut le développement durable,
  • Ability Force pour soutenir l’inclusion des personnes handicapées.

Nous menons aussi des actions avec :

  • le magazine Têtu (LGBT+),
  • Social Builder pour les femmes en reconversion,
  • l’association Sport dans la ville sur le sujet de la formation et de l’emploi de jeunes sans diplôme. Salesforce a fait don de 270.000 euros à cette association.
  • une école P-Tech lancée avec IBM dans le cadre du programme P-Tech pour permettre à des jeunes de la seconde jusqu'à bac+2 d’être formés au numérique.

Une montée en puissance pour financer l’activité de Salesforce France

• Ce projet de financement de 3,5 milliards de dollars sur 5 ans en France succède à celui présenté en avril 2018 d’un montant de 2,2 milliards de dollars sur 5 ans.

• Au-delà du volet RH inclus dans la stratégie Success from Anywhere de Salesforce visant permettre aux collaborateurs de travailler librement, l’éditeur de solutions de gestion de la relation client dans le cloud veut aussi investir dans son offre d’infrastructures numériques en France et en Europe.