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Intérim digital : les ambitions de Jobandtalent passent par la France

Par Olivier Morin | Le

D’origine espagnole, la plateforme Jobandtalent de mises en relation entre travailleurs intérimaires et entreprises a levé 88 millions d’euros. Le point sur le déploiement en France avec le manager local Antoine Delon.

Antoine Delon (Jobandtalent) : quelles ambitions en France ? - © D.R.
Antoine Delon (Jobandtalent) : quelles ambitions en France ? - © D.R.

« Nous sommes le futur de l’emploi intérim, nous offrons un service sur mesure et nous nous adaptons aux besoins de votre secteur, de votre entreprise et de vos employés ». Tel est le positionnement de Jobandtalent présenté dans sa déclinaison française.

Créée à Madrid en 2009 par Juan Urdiales et Felipe Navio, la société - à classer dans la catégorie HR Tech - a bouclé une quatrième levée de fonds de 88 millions d’euros auprès d’un pool de fonds d’investissement :

  • InfraVia Growth (France) ;
  • Atomico, Seek, DN Capital (Royaume-Uni) ;
  • Kibo Ventures (Espagne).

Au total, en plus de dix ans, Jobandtalent a levé environ 240 millions d’euros en pariant sur un modèle de plateforme de mise en relation entre travailleur intérimaire et entreprises. Initialement, elle avait parié sur un statut de job board classique.

« Cette levée de fonds doit servir à financer le développement des nouveaux marchés que nous venons de pénétrer, notamment la France, qui est le dernier pays dans lequel nous nous sommes implantés ou les États-Unis, qui représentent un marché stratégique », explique Antoine Delon, General Manager France de Jobandtalent, interviewé par notre média partenaire News Tank RH.

« La levée doit également soutenir la R&D, afin de garantir la performance de notre technologie et maximiser les ROI à nos clients. »

Selon TechCrunch, Jobandtalent revendique 80 000 travailleurs qui utilisent sa plateforme de travail intérimaire déclinée sur sept marchés entre l’Europe (Espagne, Allemagne, Royaume-Uni, Suède) et l’Amérique latine (Mexique, Colombie). Parmi les 750 employeurs, on retrouve des sociétés comme XPO, Ocado, Saint-Gobain, Santander, Bayer, Ceva Logistics et Carrefour.

Combiner l’intérim digital avec l’lA

« Nous avons développé un portail qui permet à l’entreprise à la fois de faire ses demandes en intérim avec un système de filtrage personnalisable (secteurs, durées, niveau de qualification, etc.) et de mesurer la qualité du dispositif, via un tableau de bord composé d’indicateurs de performance (nombre d’intérimaire, niveau d’absentéisme, niveau d’attrition, taux de réalisation, etc.), mis à jour en temps réel. Ces données sont alors envoyées aux responsables exécutifs, souvent aux profils DRH, pour leur donner une vision d’ensemble sur les dispositifs d’intérim déployés de manière locale, au niveau des sites », détaille Antoine Delon.

« Nous centralisons tous ces éléments pour fluidifier, automatiser et simplifier les process administratifs liés à l’intérim. En moyenne, nous faisons gagner 75 % de temps aux entreprises sur ces tâches », évoque-t-il.

 Jobandtalent : l’application mobile - © D.R.
Jobandtalent : l’application mobile - © D.R.

Côté utilisateur, l’application mobile Jobandtalent permet de :

  • consulter les offres ;
  • passer des entretiens vidéo en ligne ;-
  • signer le contrat directement sur le smartphone ;
  • recevoir et consulter les bulletins de paie ;
  • gérer ses activités et ses missions en cours (signature des contrats, déclaration de congés ou d’absence, etc.).

« Les données récoltées sur l’application pour les intérimaires permettent donc de pousser les bons profils aux entreprises, selon des attributs définis par elles. Notre algorithme auto-apprenant, alimenté par l’IA, permet de réaliser ce matching en temps réel », précise notre interlocuteur.

Renforcer l’ancrage en France

Pour assurer son développement en France, Antoine Delon assume le statut d’agence d’intérim pour Jobandtalent, ce qui risque de crisper les acteurs traditionnels qui regardent avec une certaine méfiance cette nouvelle concurrence par le biais du digital.

D’autres acteurs français dans le segment « intérim digital » comme Qapa, Iziwork ou Mistertemp ont pris position.

« Notre business model est le même que celui des agences classiques. La technologie est incluse dans notre service sans facturation supplémentaire, ce qui nous permet d’accéder à ce statut », précise le dirigeant.

Les priorités en France pour 2021 sont fixés. « Nous avons des bureaux à Paris et dans les principales villes (Lyon, Rennes, Marseille, Lille, etc.), avec la volonté d’intensifier ce maillage local pour notre développement. En 2021, nous comptons doubler notre nombre d’employés pour passer à une centaine en France », précise Antoine Delon.