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Intérim : le plan digital de ManpowerGroup pour rebondir en France en 2021

Par Philippe Guerrier | Le | Intérim

Alain Roumilhac, Président de ManpowerGroup France, dresse le bilan de 2020, année noire en raison de la crise Covid-19. Le groupe de travail intérimaire compte rebondir sous le prisme du digital.

Alain Roumilhac, Président de ManpowerGroup France : le digital, priorité 2021 pour rebondir - © Edouard Ducos
Alain Roumilhac, Président de ManpowerGroup France : le digital, priorité 2021 pour rebondir - © Edouard Ducos

ManpowerGroup en France a souffert sur l’année 2020. C’est l’illustration d’un marché de l’intérim qui a été bousculé par la crise Covid-19 et qui laisse des traces.

  • Son chiffre d’affaires est en baisse de 28 % à 3,8 milliards d’euros, par rapport à 2019. 
  • Son résultat d’exploitation est de 131 millions d’euros, en baisse de 49 %. 
  • Par comparaison, le CA mondial de ManpowerGroup (75 marchés) s’établit en 2020 à 14,8 milliards d’euros, en baisse de 14 % par rapport à 2019. 

Dans un entretien*, Alain Roumilhac, président de ManpowerGroup France, détaille le bilan de l’année 2020 et le plan de relance du groupe d’intérim sur fond d’offensive dans le digital.

Quel plan d’actions est prévu pour la relance en 2021 de vos activités ? 

Nous pouvons souligner deux axes autour de la marque Manpower :

  • Nous allons insister sur des focus métiers et les segments des experts et des cadres. Nous sommes en train de créer une quarantaine d’agences dédiées aux compétences des cols blancs. Nous voulons doubler notre chiffre d’affaires rapidement sur cette activité.
  • Nous renforçons nos investissements dans le digital à des niveaux jamais réalisés au sein de l’entreprise : application mobile à destination des intérimaires, portail client pour fluidifier la relation, et systèmes internes.
    La crise Covid-19 a montré l’accélération des usages d’outils numériques et de la transformation digitale. Nous sommes dans une vague de recrutement d’un millier de collaborateurs pour nous aider à mettre en œuvre les projets confiés par nos clients.

Nous allons également nous appuyer sur deux autres marques : 

  • Experis dédié aux services numériques. Nous avons réalisé une belle performance à travers cette marque en 2020 (+5 % de croissance) malgré la crise.
  • Talent Solutions. Une initiative qui est à considérer comme un rassemblement de services intégrés dans Right Management (outplacement) ou ManpowerGroup Solutions à destination des DRH.
    Nous avons un certain nombre de projets qui arrivent en mode externalisation du recrutement, en particulier d’alternants par des grandes entreprises. Parallèlement, nous avons aussi une demande forte d’accompagnement des plans sociaux en entreprise (via notre branche d’outplacement Right Management). 

Comment définiriez-vous cette priorité d’investissement dans le digital ?

Nous croyons beaucoup à notre approche en mode omnicanal.

Il s’agit plus d’une refonte de nos offres. Nous basculons d’un modèle transactionnel en partant de la commande à un modèle plus collaboratif pour équilibrer les relations tri-partites entre ManpowerGroup et :

  • les candidat,
  • nos intérimaires,
  • nos entreprises clientes.

À destination de nos intérimaires et de nos CDI-intérimaires, nous développons des parcours d’acquisition de compétences à travers le programme MyPath pour se rapprocher des besoins de marché. 

Comment considérez-vous les start-ups au profil « d’agence d’intérim 100 % digital » ? 

Nous regardons ce qui se passe sur le marché avec beaucoup d’attention. Les plateformes digitales créent elles-aussi des agences physiques, une fois arrivées à une certaine taille. Nous allons dans le sens inverse mais nous nous retrouvons au même endroit à un moment donné.

ManpowerGroup en France a réalisé un chiffre d’affaires de 4,9 milliards d’euros en 2019. Ces start-ups sont-elles en mesure de devenir des concurrents majeurs et de changer d’échelle en dépassant la barre des 100 millions d’euros ?

Avec les start-ups, nous avons adopté une approche de partenariat plutôt que de rachat. Nous disposons d’une équipe qui scanne l’écosystème des start-ups pour voir les éventuelles complémentarités de services que nous pourrions proposer à nos clients.

Chaque année, nous en testons plusieurs et nous intégrons plusieurs services dans notre offre. Par exemple, nous travaillons bien avec Golden Bees sur le recrutement programmatique.

Plateformes pour travailleurs indépendants : une nouvelle forme de précariat ?

Avec une procédure judiciaire en cours (StaffMatch vs Brigad) et la publication du rapport Frouin, le débat se tend à propos des plateformes de mises en relation de travailleurs indépendants et les entreprises de travail temporaire.

« Nous n’irons pas sur ce genre de plateforme. Depuis 1969, nous nous battons pour un statut d’intérimaire. Nous avons 13 000 CDI-I et nous proposons des services complémentaires comme la mutuelle », commente Alain Roumilhac.

« La vraie question est de savoir quel modèle social nous voulons. À titre personnel, je pense que l’on crée une nouvelle forme de précariat avec ces plateformes », précise le président de ManpowerGroup France.

• « Nous ne pouvons pas laisser se développer un marché de travailleurs indépendants avec une couverture sociale limitée. C’est le chemin raisonnable que le gouvernement essaie de trouver. Mais il faut se méfier des modèles agressifs de concurrence qui peuvent sembler plus performants mais moins-disants sur le volet social. »

 

*Extrait de l’interview diffusée sur News Tank RH le 16 février 2021