Firmin Zocchetto, PayFit : « Nous visons la digitalisation de la paie à portée des PME »
Par Philippe Guerrier | Le | Logiciels de paie
PayFit, qui développe une plateforme de gestion RH et de paie dans le cloud, a bouclé une levée de fonds de 254 millions d’euros. Le CEO de cette PME technologique aux ambitions européennes aborde les priorités.
« Nous avons réalisé une très belle année 2021, ce qui nous permet de réaliser cette levée de fonds de 254 millions d’euros et de nous élever au statut de licorne. »
Firmin Zocchetto, CEO et cofondateur de PayFit, se montre confiant à propos du développement de la plateforme de gestion RH et d’automatisation de la paie dans le cloud.
Ce nouveau financement, dévoilé le 5 janvier, a été bouclé auprès du fonds américain de capital-développement General Atlantic et les investisseurs historiques Eurazeo, Accel et Bpifrance via son fonds Large Venture. Ce qui lui permet d’atteindre une valorisation à 1,82 milliard d’euros.
PayFit dispose d’une base de 6500 PME clientes, dont 1000 en Allemagne, Espagne et Royaume-Uni.
« D’ici fin 2023, nous souhaitons parvenir à un niveau de 100 millions d’euros en revenus annuels. En 2021, nous avons affiché un taux de croissance supérieur à 70 % », évoque Firmin Zocchetto.
Avec le recrutement prévu 400 personnes en 2022 et avec des bureaux entre Paris, Berlin, Barcelone et Londres, PayFit devrait dépasser la barre du millier de collaborateurs d’ici début 2023.
Comment s’est déroulée cette levée de fonds de 254 M€ ?
Il a fallu trois mois pour boucler ce tour de table. Il faut trouver un équilibre pour se concentrer sur le développement de sa société et organiser la levée de fonds rapidement et sereinement. En tant qu’entrepreneurs, nous faisons tout pour que cette phase soit réalisée de manière la plus efficace possible. Notre mission principale est de monter un super produit et d’être au service de ses clients.
Aujourd’hui, il y a des fonds à investir sur les marchés privés et les valorisations sont au plus haut pour les sociétés comme PayFit qui ont une forte croissance et qui disposent d’immenses potentiels de business.
Nous ne sommes pas à l’affût du rachat de PayFit par un autre acteur. Au contraire, nous pourrions être amenés à acquérir d’autres start-ups dans le cadre de notre stratégie de développement.
Quelles sont les priorités de développement ?
Nous allons continuer à développer notre produit et faire de la paie une expérience incroyable
Nous allons continuer à développer notre produit et faire de la paie une expérience incroyable. Nous allons concevoir de nouvelles fonctionnalités comme l’automatisation de l’acompte sur salaire ou la déclaration sociale nominative, améliorer nos modules de gestion de notes de frais et de congés payés et notre service client.
Nous voulons développer une belle PME française et nous étendre en Europe. Sur nos 6500 clients, nous en avons un millier en Allemagne, en Espagne et au Royaume-Uni. Nous allons nous concentrer sur la croissance dans ces quatre pays. C’est notre priorité. Nous irons probablement plus loin après. Peut-être au-delà de l’Europe.
Estimez-vous que la crise Covid-19 a permis d’accélérer la digitalisation de la fonction RH ?
C’est plus compliqué. Je parlerais d’un double effet qui nous porte.
- D’un côté, les entrepreneurs et les responsables RH avaient besoin de réponses en temps réel, d’avoir des outils à distance pour le télétravail et de disposer d’outils flexibles pour s’adapter au contexte règlementaire (chômage partiel, décalage des cotisations Urssaf, les congés payés…).
- De l’’autre côté, il a fallu gérer des situations inédites qui s’ajoutent au quotidien comme le télétravail ou la gestion des cas Covid.
Jusqu’où développez-vous en interne votre périmètre de fonctionnalités ? Et à partir de quand déléguerez-vous de nouvelles fonctions un écosystème de start-ups partenaires ?
Ce sera une question constante dans les années à venir. Par exemple, le sujet du recrutement nous intéresse. Reste à savoir si nous le traitons en direct ou si nous comptons sur des acteurs déjà présents dans l’écosystème.
Il existe une part de fonctionnalités que nous avons envie de développer. Pour les autres, nous nous appuyons déjà sur des partenaires :
- Alan pour la gestion des mutuelles,
- Swile pour la gestion des titres-restaurants,
- Qonto pour la gestion de compte bancaire.
Il faut garder en tête que nous adressons à des TPE ou à des PME ou plus généralement à des entreprises qui ont moins de 100 employés. Pour ces profils, les briques basiques restent la gestion de la paie, les congés payés et les notes de frais. Après, nous pouvons nous étendre.
Qui sont principaux concurrents ?
Notre porte d’entrée dans les PME, c’est vraiment la digitalisation de la paie. Je considère des acteurs comme l’allemand Personio et l’espagnol Factorial davantage comme des partenaires que comme des concurrents car ils visent d’abord la gestion SIRH.
Par exemple, PayFit est intégré avec Personio au Royaume-Uni, tout comme avec BambooHR. En France, nous collaborons avec la solution RH de Lucca. Nous voulons convaincre les entreprises d’adopter PayFit.
Nous nous organisons ensuite pour servir les clients et répondre à leurs questions, notamment en cas de transition avec leurs anciens prestataires de paie. Du coup, nos vrais concurrents sont plutôt des éditeurs comme Cegid et Sage avec leurs gammes dédiées d’offres de gestion de paie pour les PME.
Un nouveau CTO chez PayFit avec 30 ans d’expérience dans la « tech »
Paul Onnen devient directeur des nouvelles technologies (CTO) de PayFit. Cet expert, qui est passé par Amazon ou Google, va prendre en main l’équipe d’ingénierie de PayFit. Jusqu’ici, elle était dirigée par un VP Engineering [Arnaud Lenoble]. Quant à Ghislain de Fontenay, cofondateur de PayFit et premier CTO, il s’occupe d’un lab d’innovation de PayFit depuis mi-2019.
« Nous allons bénéficier de l’expertise dépassant les 30 ans dans les technologies de Paul Onnen. Il avait déjà entendu parler de PayFit compte tenu de son développement en Europe. C’est rare d’attirer ce type de profil dans la French Tech mais c’est nécessaire si l’on veut grandir rapidement et sereinement », évoque Firmin Zocchetto.
D’origine américaine, Paul Onnen, qui vivait à Amsterdam, vient de déménager à Paris. « Nous allons conserver le langage de programmation spécifique que nous avions développé chez PayFit (JetLang). Avec Paul Onnen, nous allons le faire évoluer. C’est l’un de ses challenges et une belle découverte », précise Firmin Zocchetto.